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Jack Ma s’apprête à tourner définitivement la page Alibaba

AFP|Publié le 09 septembre 2019

Jack Ma s’apprête à tourner définitivement la page Alibaba

(Photo archives)

Le multimilliardaire chinois Jack Ma doit quitter la semaine prochaine la présidence du Conseil d’administration d’Alibaba mais le géant du commerce en ligne qu’il a fondé en 1999 devrait continuer à prospérer grâce à une forte culture de l’innovation.

L’ex-professeur d’anglais, qui en véritable autodidacte a bâti un empire coté à la Bourse de New York comptant quelque 103.000 employés, a une fortune estimée à 41 milliards de dollars US.

Jack Ma, également connu pour son excentricité et des selfies pris avec des dirigeants étrangers, doit se mettre officiellement en retrait d’Alibaba mardi, à l’occasion de son 55e anniversaire.

L’homme d’affaires, qui est considéré comme l’une des personnalités les plus riches de Chine, envisage de mettre sa fortune au service de son premier amour, l’éducation, et suivre les pas de son modèle: le fondateur de Microsoft Bill Gates, retiré des affaires pour devenir l’un des plus généreux philanthropes du globe.

Le départ des fondateurs charismatiques des grandes entreprises de technologie provoque généralement des remous à la Bourse. Mais pas pour Alibaba.

«Norme d’excellence»

Les rênes opérationnelles de l’entreprise sont depuis quelques années entre les mains d’une équipe de dirigeants respectés qui ont réussi à la maintenir à la pointe du commerce en ligne. Dès 2013, Jack Ma a abandonné son poste de directeur général pour ne garder qu’une fonction de « président exécutif » chargé de la stratégie.

Le passage de flambeau avec Daniel Zhang, discret numéro deux d’Alibaba, et Joseph Tsai, cofondateur et vice-président exécutif du conseil d’administration – annoncée il y a exactement un an – pourrait s’avérer être la «norme d’excellence» en matière de succession d’entreprises technologiques, estime Jeffrey Towson, investisseur et professeur à l’Université de Pékin.

Jack Ma «a réussi ce que Steve Jobs, Bill Gates et Jerry Yang (cofondateur de Yahoo) n’ont pas réussi à faire», juge l’auteur de plusieurs livres sur les grandes entreprises chinoises. «Il a construit une culture très solide à Alibaba et ils continuent d’innover comme des fous.»

Les médias chinois rappellent volontiers l’enfance défavorisée et les débuts modestes de Jack Ma, qui avait quitté l’enseignement pour créer en 1999 Alibaba depuis son appartement de Hangzhou (est), en empruntant 60 000 dollars à des amis.

Rejeté à l’époque par des investisseurs américains, il avait pris une revanche retentissante en réalisant en 2014 à Wall Street la plus grosse entrée en Bourse de l’histoire, levant 25 milliards de dollars.

Alibaba, qui revendique plus de 750 millions d’utilisateurs actifs par mois, a contribué à l’immense essor de la consommation en Chine grâce à ses plateformes Taobao et Tmall et à tout un écosystème d’entreprises.

«Un parrain»

Jack Ma «a été le moteur du développement de l’économie numérique en Chine. C’est le parrain de l’esprit d’entreprise (de la Chine)», estime Cheng Huaibao, un fabricant de meubles. A 30 ans, il est l’un des millions de petits hommes d’affaires chinois à s’être lancés dans le commerce grâce à Alibaba.

M. Cheng a commencé en 2010 à fabriquer des lits superposés avec 10 employés dans la province du Jiangsu (est). Aujourd’hui, son entreprise florissante compte 100 employés.

La solide santé du géant du e-commerce tranche avec le ralentissement économique en cours en Chine, dans un contexte de guerre commerciale sans merci entre Washington et Pékin.

Alibaba a investi ces dernières années le secteur de l’informatique en nuage, le divertissement et un nouveau concept de vente au détail, combinant commandes en ligne et magasins physiques, tandis que sa branche financière Alipay a été la pionnière des paiements numériques sans espèces en Chine.

En dépit de sa réussite, le mastodonte du commerce en ligne est accusé par ses détracteurs d’encourager le mercantilisme et le matérialisme, ainsi que la vente de produits contrefaits.