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Jeux vidéo au Québec: bientôt le milliard de retombées

Pascal Forget|Publié le 16 septembre 2019

Jeux vidéo au Québec: bientôt le milliard de retombées

Nadine Gelly (Photo: Courtoisie)

L’industrie du jeu vidéo a un impact économique qui approche du milliard au Québec (contre 827 millions en 2017 et 741 millions en 2014. On y compte 231 studios actifs, une hausse de 66% depuis 2015, ce qui représente plus de 10 000 emplois dont le salaire moyen est de 67 000$ par année.

Les données sont un avant-goût d’un portrait complet de l’industrie qui sera dévoilé le 19 novembre prochain lors de l’événement Mega+Migs 2019.

Le Canada occupe le 8e rang des pays pour les revenus liés aux jeux vidéo, avec 3,7 G$, dans un marché global évalué à 137,9 G$. 46% des emplois en jeu vidéo sont au Québec.

«L’industrie du jeu va bien, mais il y a des enjeux. C’est à Montréal qu’il y a la plus grande concentration de studios étrangers au monde, principalement en raison de la qualité de la main d’œuvre. Mais il est difficile retenir les employés qualifiés, particulièrement les créateurs et les postes ‘seniors’», explique Nadine Gelly, directrice générale de l’Alliance numérique, une association de studios de jeux vidéo comptant plus de 100 membres actifs.

«Il y a aussi énormément de travail à faire dans le domaine des ressources humaines dans notre industrie, ce qu’il y a au-delà de la création de jeux vidéo. Les jeunes entrepreneurs qui ont leur studio ne sont pas nécessairement spécialisés en développement des affaires ou en communication marketing. Nous sommes bons pour créer, moins bons pour nous vendre» explique Mme Gelly.

Formation et immigration

«Une force qu’on a ici, c’est la qualité des jeux qu’on produit et notre écosystème fort, c’est ce qui nous aide à retenir notre main d’œuvre. Mais les studios étrangers viennent aussi recruter ici.» Pour contrer la pénurie de main d’œuvre dans le secteur, Mme Gelly propose trois pistes de solution: la formation des jeunes, la formation continue pour que les employés gagnent en expérience plus rapidement, et l’immigration.

Pour faciliter l’embauche des meilleurs candidats dans un milieu où les employés sont très mobiles, elle aimerait que le processus d’immigration soit simplifié. «Aller chercher des gens à l’étranger est très long. C’est difficile pour un grand studio, c’est encore plus difficile pour un petit studio.»

Premier pôle mondial en jeux vidéo

La croissance du secteur ne serait pas sur le point de s’essouffler. «Nous sommes au début de quelque chose de très gros. On connaît l’aspect divertissement des jeux; je suis convaincu qu’on les utilisera dans des domaines insoupçonnés, dans la santé, l’éducation, pour aider les personnes âgées, et même dans des secteurs qui n’existent pas encore», explique Jean-Martin Aussant, directeur général de la coop La Guilde.

L’organisme à but non lucratif La Guilde, avec ses 180 membres, est une formule qui n’aurait pu voir le jour ailleurs qu’ici, selon M. Aussant. «Au Québec, nous avons toujours été forts en économie sociale. Des studios qui pourraient se voir comme des concurrents se sont rassemblés pour s’offrir des services mutualisés à faible coût. Certains se prêtent même du personnel».

Il reçoit des appels de l’étranger, pour démarrer des guildes ailleurs. «On voit tout ce que ça apporte de positif pour la pérennité des studios déjà actifs et l’émergence de nouveaux studios».

Malgré les enjeux, M. Aussant est convaincu que le Québec va bien tirer son épingle du jeu. «On a tout le potentiel pour devenir le premier pôle mondial des jeux vidéo. Si les talents sont mobiles, il faut faire en sorte qu’ils circulent d’ailleurs à ici, là où ça se passe.»