Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

La mère des banques centrales veut qu’elles utilisent plus l’IA

AFP|25 juin 2024

La mère des banques centrales veut qu’elles utilisent plus l’IA

Hyun Song Shin, conseiller économique et directeur de la recherche de la BRI (Photo: Getty Images)

Bâle, Suisse — Les banques centrales doivent s’emparer de l’intelligence artificielle (IA) pour «affiner leurs propres outils d’analyses», notamment pour mieux prédire l’inflation, recommande la Banque des règlements internationaux (BRI) dans un communiqué publié mardi.

L’institution, considérée comme la mère des banques centrales, appelle ses 63 membres à ne pas rester «passifs» et à «former une communauté de pratiques» pour s’approprier cette technologie et comprendre ses effets sur l’économie mondiale.

Car l’IA permettra aux entreprises «d’ajuster rapidement leurs prix aux fluctuations macroéconomiques», un changement «d’une importance capitale pour les banques centrales», estime l’organisation basée à Bâle, qui a dédié un chapitre de son rapport annuel à l’IA.

Et cette technologie approfondit le traitement de données, ce qui a deux avantages majeurs pour les banques centrales: améliorer la prévision d’indicateurs économiques clés comme l’inflation, estimables en temps réel (le nowcasting), et mieux préserver les institutions financières des risques.

«L’IA est très efficace pour les tâches répétitives et réduire les coûts, sans vraiment introduire de nouveaux risques», a ajouté lundi en conférence de presse Hyun Song Shin, conseiller économique et directeur de la recherche de la BRI.

Économies possibles

Détection des fraudes, service aux clients, évaluation des risques, «compliance» (conformité des banques avec les règlements)… Des économies seraient ainsi possibles dans plusieurs activités bancaires grâce à l’IA.

Par exemple, l’IA permettrait de redynamiser la correspondance bancaire, une prestation qui permet aux banques d’ouvrir un compte dans un autre établissement à l’étranger, aujourd’hui synonyme de contrôles règlementaires trop lourds et de faible rendement pour le secteur.

«En réduisant les coûts et les risques grâce à une plus grande rapidité et à l’automatisation, l’IA promet d’inverser le déclin de la correspondance bancaire», affirme le rapport.

Mais un regard humain reste nécessaire dans l’application de cette technologie, ont tempéré les responsables de la BRI pendant la conférence.

«L’IA peut être très utile pour les décisionnaires, mais je ne vois pas un monde dans lequel elle fixe les taux [directeurs des banques centrales]», a déclaré Cecilia Skingsley, directrice du pôle d’innovation de la BRI.

Elle peut même comporter des risques pour les institutions financières, notamment si les données utilisées comportent des biais ou si son utilisation est détournée par des pirates, d’après le rapport.

La Banque de France utilise déjà l’IA « pour faciliter la détection des fraudes dans les opérations avec le Trésor français », avait déclaré son gouverneur François Villeroy de Galhau en mai.