La moitié des Canadiens soutiennent l’interdiction de TikTok
La Presse Canadienne|Publié le 29 mars 2024Les Canadiens plus jeunes, qui sont également plus susceptibles d’utiliser TikTok, sont moins favorables à une interdiction que leurs homologues plus âgés. (Photo: La Presse Canadienne)
Un nouveau sondage révèle que 51% des Canadiens soutiendraient une interdiction de l’application TikTok au pays, similaire à celle qui pourrait être imposée aux États−Unis après l’adoption, par la Chambre des représentants, d’un projet de loi visant à aller en ce sens.
Le Canada a ordonné son propre examen de la sécurité nationale au sujet du réseau social TikTok, ce que le gouvernement libéral a révélé après l’adoption du projet de loi américain, plus tôt ce mois−ci.
Si 51% des répondants ont indiqué qu’ils soutiendraient une interdiction, un peu moins du tiers d’entre eux, soit 28%, ont déclaré qu’ils s’opposeraient à une interdiction, selon le sondage Léger mené auprès de 1605 Canadiens du 23 au 25 mars.
Au Québec, 56% des répondants qui ont participé au sondage soutiendraient une interdiction de TikTok au Canada, soit le plus haut pourcentage parmi les régions présentées dans le coup de sonde. À l’inverse, 24% des participants du Québec s’opposeraient à une interdiction.
Les sondages en ligne ne peuvent pas se voir attribuer une marge d’erreur, car ils n’échantillonnent pas la population de manière aléatoire.
Les Canadiens plus jeunes, qui sont également plus susceptibles d’utiliser TikTok, sont moins favorables à une interdiction que leurs homologues plus âgés. Près de la moitié des personnes âgées de 18 à 34 ans ont déclaré être sur TikTok, contre 12% des personnes interrogées de plus de 55 ans.
«En ce qui concerne ceux qui soutiennent l’interdiction et ceux qui ont des inquiétudes particulières concernant TikTok, ce sont surtout les Canadiens plus âgés qui n’utilisent pas TikTok», expose le vice−président exécutif de Léger, Christian Bourque.
Parmi les jeunes Canadiens, 42% sont en faveur d’une interdiction, contre 59% des 55 ans et plus.
Selon M. Bourque, les messages provenant depuis les États−Unis par les politiciens qui soutiennent le projet de loi visant à interdire l’application pourraient influencer les opinions au nord de la frontière.
«Le fait que TikTok soit détenu en dehors des États−Unis, et plus particulièrement en Chine, est ce qui alimente de nombreuses inquiétudes au sud de la frontière», explique-t-il.
«Il semble en tout cas que cela se répercute au Canada», dit M. Bourque.
TikTok est une filiale en propriété exclusive de la société technologique chinoise ByteDance.
La préoccupation derrière le projet de loi américain est que le gouvernement chinois pourrait exiger l’accès aux données des consommateurs américains de TikTok en raison des lois sur la sécurité nationale qui obligent les organisations chinoises à contribuer à la collecte de renseignements.
Le projet de loi, qui doit encore être adopté par le Sénat américain, interdirait TikTok à moins que ByteDance ne vende sa participation dans l’entreprise.
L’examen de la sécurité nationale du Canada n’est pas lié au projet de loi américain et a été lancé sans être divulgué publiquement en septembre. Le gouvernement a indiqué que TikTok serait soumis à un «examen approfondi» grâce à une nouvelle politique sur les investissements étrangers dans le secteur des médias numériques interactifs.
Dans le sondage Léger, 56% des répondants canadiens ont déclaré avoir entendu parler de préoccupations en matière de sécurité nationale impliquant TikTok dans différents pays.
Près des trois quarts de ceux qui étaient au courant de ces rapports se sont dits préoccupés, mais la plupart, 56%, n’ont pas modifié leur façon d’utiliser TikTok.
Alors que 21% ont réduit le temps qu’ils passent sur l’application, seuls 7% ont complètement abandonné TikTok. M. Bourque souligne que cela représente moins de 1% des Canadiens.
Au total, 26% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient sur TikTok, tandis que 33% de celles qui ont des enfants ont soutenu qu’elles autorisaient leurs enfants à utiliser l’application.
Au Canada, l’application semble être nettement moins populaire que les plateformes de médias sociaux comme Facebook et Instagram, qui sont utilisées respectivement par 83 et 58% des personnes interrogées.
Mais lorsqu’il s’agit de protection de leurs données personnelles, les utilisateurs des réseaux sociaux sont également plus sceptiques à l’égard de ces applications les plus populaires. Plus des trois quarts des utilisateurs de Facebook et 70% des utilisateurs d’Instagram se disent préoccupés par la protection des données. Cela se compare à 66% de ceux sur TikTok.
«Il semble que les Canadiens, dans leur ensemble, soient préoccupés par les médias sociaux, mentionne M. Bourque. Cela semble être quelque chose qui va peut−être au−delà de ce qu’ils ont vu ou entendu de spécifique à TikTok.»
Anja Karadeglija, La Presse Canadienne