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La quantité de déchets électroniques a plus que triplé en 20 ans

La Presse Canadienne|Publié le 08 mai 2023

La quantité de déchets électroniques a plus que triplé en 20 ans

Les déchets électroniques se composent de produits électroniques mis au rebut, notamment des ordinateurs, des téléviseurs, des téléphones portables, des biens de consommation tels que des jouets électroniques et l’éclairage domestique. (Photo: La Presse Canadienne)

La quantité de déchets électroniques a plus que triplé au Canada au cours des deux dernières décennies et devrait continuer d’augmenter, selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Waterloo, en Ontario.

Leurs conclusions préconisent une meilleure gestion des déchets électroniques pour réduire les dommages environnementaux et même tirer des avantages économiques.

Les chercheurs ont mené ce qu’ils ont appelé une estimation complète des déchets électroniques au Canada afin de mieux comprendre le cycle de vie des articles électroniques, du point de vente à l’élimination. L’étude, publiée dans le Journal of Hazardous Materials, a examiné les données sur les déchets électroniques remontant à 1971. 

Les déchets électroniques se composent de produits électroniques mis au rebut, notamment des ordinateurs, des téléviseurs, des téléphones portables, des biens de consommation tels que des jouets électroniques et l’éclairage domestique, ainsi que de gros appareils électroménagers tels que des réfrigérateurs ou des machines à laver.

La recherche indique que la génération de déchets électroniques par personne est passée de 8,3 kilogrammes en 2000 à 25,3 kilogrammes en 2020. Les Canadiens ont produit près d’un million de tonnes de déchets électroniques en 2020, et cela devrait atteindre 1,2 million de tonnes par an d’ici 2030, selon l’étude.

La chercheuse principale Komal Habib, professeure à l’École d’environnement, d’entreprise et de développement de l’Université de Waterloo, croit que l’augmentation de la consommation de produits électroniques peut être attribuée au rythme accéléré des développements technologiques depuis le tournant du millénaire, à la durée de vie plus courte des appareils et aux habitudes de consommation.

« Du point de vue du consommateur, nous avons tendance à mettre à niveau notre configuration technologique en faveur de la toute dernière technologie disponible. Le téléphone que je tiens en ce moment a cinq ans, mais peu de Canadiens sont comme moi, n’est−ce pas ? Ils ont tendance à mettre à jour leur appareil chaque année », selon le professeur Habib.

L’étude a également révélé que la croissance estimée des déchets électroniques reflète la population croissante du Canada.

Au sein de tous ces déchets électriques se trouve, d’après l’étude, “une mine urbaine de minéraux précieux et de nombreux autres types de ressources”. Selon Komal Habib, ces déchets pourraient aider à créer une chaîne d’approvisionnement secondaire de minéraux critiques et à réduire les perturbations potentielles de l’approvisionnement, si elle est gérée correctement.

De plus, une manipulation inefficace des déchets électroniques peut entraîner la libération de matières toxiques dans l’environnement, causant des problèmes environnementaux et de santé humaine, selon l’étude. 

La professeure Habib précise que l’infrastructure de recyclage des déchets électroniques du Canada ne s’est pas développée au rythme du développement de l’électronique. Les gouvernements peuvent faire face à l’augmentation des déchets électroniques en offrant davantage d’incitatifs aux recycleurs pour qu’ils suivent le rythme des déchets, à son avis. Les concepteurs de produits devraient également accorder plus d’attention à la manière dont les métaux et les minéraux peuvent être récupérés plus facilement.

«C’est quelque chose qui manque: un pont entre ces deux secteurs aux deux extrémités d’un produit, au niveau du concepteur et du fabricant, ainsi qu’au niveau de la fin de vie», explique-t-elle. Mme Habib soutient que la gestion des déchets électroniques est une responsabilité partagée et que les consommateurs jouent également un rôle. 

«Il est de notre responsabilité d’être conscients de nos habitudes de consommation. Nous n’avons vraiment pas besoin de mettre à jour notre produit tous les ans ou tous les deux ans s’il est entièrement fonctionnel et fournit le service pour lequel nous l’avons acheté.»

Ses recherches appellent à accorder plus d’attention à l’amélioration des opportunités de réparation, de remise à neuf et de prolongation de la durée de vie des produits plutôt que de se concentrer uniquement sur le recyclage et la récupération des matériaux.

«La réparation est quelque chose que nous avons oublié dans les sociétés à revenu élevé, d’observer la professeure Habib, mais nous devrions vraiment promouvoir ce qu’il est possible de réparer avant de jeter.»