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L’administration Trump II va propulser le bitcoin, ou pas

François Remy|Publié à 13h43 | Mis à jour à 17h06

L’administration Trump II va propulser le bitcoin, ou pas

(Photo:123RF)

EXPERT INVITÉ. Et si le 47e président des États-Unis qui sortira des urnes ce mardi n’avait pas l’impact escompté sur l’écosystème des cryptomonnaies? Et si, peu importe le résultat de Donald ou de Kamala, une fois le bruit médiatique retombé, l’évolution bénéfique du Web3 se poursuivait lentement mais sûrement? Alex Tapscott, figure de proue des technologies émergentes, croit le savoir.

Un appel à la modération. «À court terme, une victoire de Trump pourrait être un événement du type “acheter la rumeur, vendre la nouvelle”, étant donné que les prix (du bitcoin) sont proches de leurs plus hauts historiques, tandis qu’une victoire de Harris pourrait entraîner une réaction instinctive, car certains traders supposent simplement qu’elle sera pire pour la classe d’actifs» décortique dans un éditorial pour CoinDesk l’auteur et conférencier Alex Tapscott. Autrement formulée, quel que soit le président élu demain, l’adoption du Web3, le web décentralisé via les chaînes de bloc et la tokenisation, se poursuivra.

Malgré la vocation tardive pour la crypto du candidat républicain et l’absence de prise de position franche sur le sujet par son opposante démocrate, nous aurions la fâcheuse tendance d’exagérer l’impact que pourrait avoir la nouvelle personnalité occupant la Maison Blanche sur l’univers du bitcoin.

Évidemment, Alex Tapscott, co-auteur de Révolution Blockchain, ne nie pas l’influence des gouvernements américains sur les nouvelles industries et les nouveaux marchés. Et la nouvelle administration, Harris I ou Trump II, pourrait mener d’imposants chantiers. À l’instar d’encourager le Congrès à adopter une législation favorable, avec par exemple un projet de loi sur les cryptomonnaies dites stables (stablecoins) ; pacifier les relations entre le gendarme des marchés financiers, la SEC, et l’industrie crypto ; ou encore ouvrir les marchés de l’énergie pour encourager les mineurs de bitcoin à déplacer leurs opérations.

Bitcoin insensible aux gouvernements

«Une grande partie de tout cela est raisonnable et aurait dû être adopté depuis longtemps», insiste Tapscott, «sceptique quant à la capacité de Donald Trump à être le porte-étendard de progrès réels et positifs dans ce domaine. Il a toujours manqué de patience ou même d’un intérêt soutenu pour mener à bien de nombreuses priorités et il est connu pour changer d’avis lorsque cela ne lui sert plus à rien sur le plan politique.»

D’ailleurs, le programme économique de l’ancien président pourrait se retourner contre de nombreux secteurs, y compris celui des cryptomonnaies. Les dirigeants d’entreprise peuvent se réjouir d’une réduction d’impôt de 21% à 15%, mais des effets secondaires seraient à prévoir au niveau du déficit, aggravé, et de l’inflation, repartant en flèche.

Le cynisme de la situation serait que le prix du bitcoin pourrait profiter de cet environnement pour continuer son ascension. Ce qui expliquerait le soutien à Trump de nombre de capital-risqueurs et autres acteurs proéminents de la tech selon l’analyse du milliardaire Mark Cuban.

De nombreuses voix, même dans les rangs de son propre parti, estiment que l’intérêt de Trump pour les cryptos ne repose que sur la possibilité de gagner de l’argent. Son projet de finance décentralisée (DeFi), World Liberty Financial, en serait un parfait exemple.

Dans l’intérêt de la (crypto) nation?

«La position de Trump sur les cryptomonnaies est une version moderne du vieil adage “Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l’Amérique”. Remplacez “General Motors” par “Trump, Inc.” et vous n’êtes pas loin de sa vision du rôle du gouvernement», décrypte Alex Tapscott.

Ajoutons que, dans le camp démocrate, après des mois de tergiversations autour du sujet des actifs numériques, la campagne de Kamala Harris a lancé mi-octobre un programme explicitement pro-crypto, dans le cadre très ciblé d’une plateforme ciblant les électeurs noirs.

L’actuelle vice-présidente s’engage, si elle est élue, à soutenir un cadre réglementaire «afin que les hommes noirs qui investissent dans ces actifs et les possèdent soient protégés». Dans le document accompagnant ses promesses, la candidate Harris réaffirme son attachement à «la manière dont les nouvelles technologies peuvent élargir l’accès aux services bancaires et financiers».

Des déclarations qui peuvent sembler anecdotiques, mais qui constituent la prise de position la plus claire en faveur des cryptoactifs jamais tenue par Kamala Harris, dont on disait jusqu’alors qu’elle courtisait secrètement certains donateurs en évoquant des projets encourageant les technologies, notamment les «actifs numériques».

Bref, toutes ces supputations sur l’impact crypto de la prochaine administration, qu’elle soit Harris ou Trump, ne se dissiperont pas dès demain au sortir des urnes. En revanche, le verdict sonnera directement l’accroissement de richesse (ou non) de certains spéculateurs comme ce trader français qui a misé près de 30 millions de dollars sur une victoire de Trump via Polymarket, la plateforme de paris en ligne blockchainisée.