La boutique Apple du centre-ville de Montréal. (Photo: Denis Lalonde)
En 2007, Apple révolutionne le monde de la «tech» avec son iPhone bourré d’applications mobiles, des «apps» devenues aujourd’hui incontournables. Douze ans plus tard, «l’App Store» est critiqué de toutes parts: applications intrusives, monopole…
Alors qu’Apple se présente comme le héraut de la protection de la vie privée et veut se renforcer dans les «services» -dont fait partie l’App Store-, ces critiques tombent particulièrement mal pour la firme à la pomme, qui devrait plaider sa cause lundi à l’occasion de sa conférence annuelle des développeurs, à San Jose, en Californie.
Les développeurs conçoivent les applications qui, si Apple les valide, se retrouvent sur l’App Store, seul endroit où les utilisateurs d’iPhone ou d’iPad peuvent les télécharger, d’où certaines accusations de monopole contre la boutique en ligne de la marque.
Cette semaine, le Washington Post et le Wall Street Journal (WSJ) ont mis en lumière le fait que nombre d’applications disponibles sur l’App Store, y compris certaines destinées aux enfants, étaient équipées de «traceurs».
Ces petits modules discrets analysent, parfois à un rythme effréné, l’activité de l’usager et envoient des données à des firmes d’analyse de données et de marketing sans que l’utilisateur en soit toujours clairement informé. Ils servent par exemple à améliorer l’application ou à cibler la publicité.
«Bravo, vous avez acheté un iPhone! Vous avez pris une excellente décision en matière de vie privée… jusqu’à ce que vous téléchargiez une ‘app’ depuis l’App Store», ironise la journaliste spécialisée Joanna Stern dans sa chronique.
D’après le WSJ, Apple pourrait d’ailleurs annoncer lundi une limitation du «traçage» par les applications pour enfants.
Si les «traceurs» sont monnaie courante dans l’univers des «apps», l’envoi via un appareil Apple de données telles qu’adresse e-mail ou géolocalisation à des entreprises tierces peut sembler quelque peu contradictoire avec le récent slogan publicitaire de l’entreprise: « Ce qui se passe dans votre iPhone reste dans votre iPhone ».
Sentant le vent du boulet, Apple est monté au créneau cette semaine avec une nouvelle page sur son site, consacrée à la défense de l’App Store.
Responsabilité
«Nous avons créé l’App Store avec deux objectifs: que ce soit un endroit sûr et de confiance pour les clients» et «une formidable opportunité (financière) pour les développeurs», écrit Apple.
«C’est notre ‘store’. Et nous en assumons la responsabilité», fait aussi valoir la firme, qui assure vérifier 100 000 applications par semaine et en valider 60%.
Le reste est rejeté d’abord en raison de «petits bugs», puis en raison d’«inquiétudes sur la (protection) de la vie privée», dit aussi le géant américain.
De façon générale, Apple affirme que toutes les données personnelles situées dans ses appareils (empreintes digitales, reconnaissance faciale par exemple), notamment lorsqu’elles passent via ses applications maison, y restent et ne sont partagées avec personne.
Quant aux «traceurs» dont sont équipées les applications externes, la firme renvoie la balle aux développeurs.
«Pour les données et les services que les ‘apps’ créent de leur côté, (Apple) exige des développeurs qu’ils publient clairement leur politique de confidentialité et demandent aux usagers leur autorisation pour la collecte de données», sous peine de se voir exclus de l’App Store, indique une porte-parole interrogée par l’AFP.
Quant aux accusations de monopole, Apple insiste sur le fait que les développeurs ont le choix de diffuser leurs produits via l’App Store ou une boutique concurrente, à savoir essentiellement celle de Google, le Play Store.
Mais difficile pour les développeurs et diverses entreprises de se passer de l’App Store et du milliard de clients Apple dans le monde.
Le Suédois Spotify a déposé en mars une plainte auprès de la Commission européenne contre Apple, qui a sa propre plateforme Apple Music, pour abus de position dominante sur le marché de la musique en ligne.
Il lui reproche notamment de prélever une redevance de 30% (la première année, 15% ensuite) sur les abonnements souscrits directement via l’App Store, renchérissant d’autant le coût pour les utilisateurs.
La Cour suprême des États-Unis a autorisé en mai les consommateurs à poursuivre Apple pour sa gestion de l’App Store.
Selon la presse, Apple devrait annoncer lundi l’arrivée de l’App Store dans ses montres connectées. Avis aux nostalgiques, Apple devrait aussi annoncer la fin de son logiciel iTunes, sacrifié sur l’autel d’Apple Music.