L’attrait de Facebook chute, méfiance accrue des médias sociaux
Dominique Talbot|Publié le 07 Décembre 2023La cote d’amour envers les réseaux sociaux, elle, n’est peut-être pas en baisse, mais pour reprendre une ancienne expression consacrée de Facebook à propos des relations amoureuses, c’est compliqué. (Photo: 123RF)
Près des yeux, mais de plus en plus loin du cœur. La popularité de Facebook auprès des utilisateurs canadiens de réseaux sociaux ne cesse de diminuer, selon la toute dernière étude DGTL de Léger sur les comportements en ligne, publiée jeudi matin. Et même si les plateformes numériques continuent d’avoir la cote auprès des entreprises pour se faire connaître, la méfiance envers elles ne cesse d’augmenter.
«On avait le pressentiment que cela allait arriver. Mais c’est toujours intéressant de le voir en chiffres. Facebook perd des plumes et ce n’est pas une nouvelle qui est anodine. Et elle perd des plumes au niveau de la population générale», exprime Sarah Mottet, directrice générale, Léger DGTL.
Ainsi, même si 82% des 3046 répondants au Canada possèdent un compte Facebook, ils ne seraient que 21% à le garder s’ils ne devaient conserver qu’une seule plateforme numérique. L’année dernière, cette proportion était de 26%.
Mais surtout, parmi ces 21%, 73% ont plus de 45 ans. En bas de cet âge, c’est plutôt Instagram, aussi propriété de Meta, maison mère de Facebook, qui arrive au premier rang.
«Ce qui est encore plus intéressant, si on regarde les jeunes de 16 à 24 ans, Facebook n’est pas du tout nommée dans les applications préférées au niveau du top 5. […] Pour nous, c’est un indicateur de ce qui va se passer demain, en 2024, en 2025. Facebook reste important dans la vie des gens, ils ont un compte, mais le taux d’activité va dégringoler au cours des prochaines années», dit Sarah Mottet.
«Pour nous, c’est comme un désaveu d’amour. Facebook n’est plus vraiment aimé. La cote d’amour s’envole. […] Il y a un désintérêt profond envers la plateforme», poursuit- elle.
«Contenu toxique» sur X
La cote d’amour envers les réseaux sociaux, elle, n’est peut-être pas en baisse, mais pour reprendre une ancienne expression consacrée de Facebook à propos des relations amoureuses, c’est compliqué.
«Ce qui me frappe le plus, c’est à quel point les médias sociaux sont une source de fatigue et d’anxiété. Le quart de la population, 23%, se dit stressé par le monde numérique», exprime Boris Ung, directeur, stratégie et développement des affaires, Léger DGTL.
Mais il y a plus. 60% des répondants se disent «très méfiants» lorsqu’ils consultent une plateforme. Une hausse de 4% par rapport aux 56% l’année dernière. Aussi, 49% des personnes sondées « trouvent difficile de discerner le vrai du faux sur les plateformes numériques ». Encore ici, on observe une hausse de 4% par rapport à l’année dernière.
«Beaucoup d’utilisateurs ont quitté les réseaux sociaux. Et dans une proportion de 26%, c’est en raison du contenu toxique. […] Je pense que les gens sont plus conscients, plus matures avec les réseaux sociaux», ajoute Boris Ung.
«Pour les marques, je pense que c’est un élément qu’elles doivent avoir en tête. Comment faire en sorte que les contenus et les interactions que les organisations proposent à leurs abonnés soient plaisants et non une source de stress additionnelle.»
«On sent que les utilisateurs ont besoin de retourner à la base des médias sociaux. Et cette base, c’est: « Est-ce que je peux communiquer avec mes amis, ou au sein d’un petit groupe, de manière simple et authentique »?», analyse-t-il.
De toutes les personnes qui ont quitté une ou des plateformes de réseaux sociaux, la principale raison demeure le manque d’intérêt envers celles-ci. Mais dans le cas de X (anciennement Twitter), le contenu toxique est dénoncé. «À 49%, dit Sarah Mottet, le contenu toxique est arrivé deuxième pour les raisons qui ont poussé à quitter.» Le climat d’agressivité, les insultes et les fausses nouvelles continuent de nuire à l’entreprise achetée à fort prix l’année dernière par Elon Musk.
Pour les marques, le défi demeure encore et toujours de savoir naviguer à travers les bons et les moins bons côtés des réseaux sociaux pour, au minimum, ne pas nuire à leur réputation.
«Les marques peuvent avoir encore beaucoup de succès dans les médias sociaux. Faut seulement trouver le bon angle», rappelle Boris Ung.
«L’éventail de plateformes est large. Il faut prendre le temps de regarder comment bien utiliser ces outils. On parle beaucoup de Facebook et de Meta, mais il ne faut pas oublier que ça reste quand même la plateforme numéro un en termes de comptes au Canada.»
«Mais si ton organisation souhaite renouveler son audience, commençons à regarder vers d’autres plateformes, peut-être plus émergentes. Car il ne faut pas se tromper, l’engagement est là, insiste-t-il. Tous les indices sont là. Mais il n’y a pas de stratégie uniforme. Il faut penser à personnaliser notre approche.»
L’étude en quelques chiffres
75%: Proportion des immigrants de première génération qui possède Whatsapp. S’ils ne pouvaient garder qu’une seule plateforme numérique, celle-ci serait priorisée dans 38% des cas. Cette proportion est de 15% pour l’ensemble des répondants.
6,1: Nombre moyen de comptes de réseaux sociaux que possèdent les Canadiens.
35%: Proportion des Canadiens qui suivent des influenceurs. Mais ici, la réalité des deux solitudes opère à son plein potentiel. 57% des Québécois jugent que le contenu de ces personnalités du web est crédible, alors que dans le reste du Canada, la confiance grimpe à 71%.
60%: Proportion des 16-24 ans qui possède un compte Tik Tok. Chez les 25-44 ans, c’est plutôt 45%.