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Le bitcoin démarre 2022 comme un actif à risque

AFP|Publié le 28 janvier 2022

Le bitcoin démarre 2022 comme un actif à risque

Ce qui semblait être une parade à l’inflation ne l’est plus à l’heure où le bitcoin boit la tasse. (Photo: Unsplash)

Le bitcoin a vu son cours plonger début 2022 dans le sillage de grands groupes technologiques, mettant à mal l’idée d’une cryptomonnaie devenue une sorte « d’or numérique », refuge contre l’inflation comme les métaux précieux.

Alors que les indices boursiers trébuchent en janvier, le bitcoin, lui, dégringole: à 37 000 $US vendredi, sa valeur a diminué de près de 20% depuis le début de l’année et de plus de 45% depuis son plus haut historique, il y a à peine trois mois.

Pourtant, «sur le papier, l’absence de fondamentaux liés à l’économie réelle pourrait faire du bitcoin une valeur refuge parfaite en temps de secousses», souligne Vincent Boy, analyste chez IG, dans une note.

La cryptomonnaie fonctionne en effet sur un réseau décentralisé: même son créateur, caché derrière le pseudonyme Satoshi Nakamoto et qui n’a pas donné signe de vie depuis des années, ne pourrait pas changer la règle qui fixe un plafond au nombre de bitcoins.

Pour certains fans de crypto, c’est justement ce qui permet au bitcoin de s’opposer aux monnaies traditionnelles, dont la masse monétaire est contrôlée par des banques centrales, qui ont inondé les marchés de liquidités face à la crise de 2007 et au choc du Covid-19.

Et l’idée se propage avec l’enflée du marché du bitcoin depuis fin 2020 : les analystes de JPMorgan voient dans la cryptomonnaie un «futur or numérique».

Tout comme les investisseurs achetaient traditionnellement de l’or pour se prémunir dans les périodes où l’inflation rongeait la valeur des placements financiers et leurs rendements, les nouvelles générations verront peut-être dans les bitcoins un autre placement refuge, suggèrent-ils. 

Ils montrent ainsi que les flux sortants du marché aurifère correspondent presque à ceux entrant dans les produits financiers liés à la cryptomonnaie, et envisagent que l’argent placé dans l’or a été transvasé dans le bitcoin. 

De fait, alors que l’inflation grimpe en 2021, le prix de l’or, valeur traditionnelle pour faire face à l’inflation, recule, quand celui du bitcoin atteint des sommets en novembre.

Mais ce qui semblait être une parade à l’inflation ne l’est plus à l’heure où le bitcoin boit la tasse.

 

Réponse de l’or

«Si vous êtes intéressé par un actif pour investir à court terme, pour profiter de la spéculation et que c’est comme ça que vous voyez l’or, alors vous allez être tenté par la crypto», s’enflamme John Mulligan, porte-parole du Conseil mondial de l’or (CMO).

«Mais je pense que les investisseurs aurifères», qui recherchent une protection contre l’inflation, «ont un profil très différent», explique-t-il à l’AFP.

Et l’idée du bitcoin valeur refuge ne fait pas l’unanimité: «Nous ne pensons pas que les investisseurs doivent s’exposer (aux cryptomonnaies) dans le cadre d’un portefeuille financier», tranchent les analystes de la banque UBS, qui jugent le bitcoin trop volatil pour représenter un moyen de se protéger.

Depuis le début de l’année, le bitcoin accompagne dans leurs chutes les actions de grands groupes technologiques américains, et pâtit du manque d’appétit pour le risque.

Même du côté des partisans de la première des cryptomonnaies, la théorie du bitcoin comme or numérique a pris du plomb dans l’aile. Le fonds britannique Ruffer, connu pour sa prudence, avait annoncé en novembre 2020 investir dans le bitcoin, mais s’il s’est retiré du marché dès juin 2021.

«La montée du bitcoin a eu plus à voir avec ses aspects technologiques qu’avec l’idée de lutter contre l’inflation, je ne pense pas que ce soit controversé de le dire», affirme désormais Duncan MacInnes, directeur des investissements de Rufer, dans une conférence en ligne sur le sujet.

Il reste cependant optimiste sur le futur du bitcoin, et estime que la cryptomonnaie va peu à peu se détacher du reste du marché.