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Le Canada est sur un pied d’alerte contre la désinformation russe

La Presse Canadienne|Publié le 14 avril 2022

Le Canada est sur un pied d’alerte contre la désinformation russe

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, estime que dénoncer des mensonges — y compris l’affirmation de M. Poutine selon laquelle l’invasion de l’Ukraine avait pour but de dénazifier le pays — est une première étape cruciale pour diminuer l’impact de la désinformation. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, affirme que le Canada est sur un pied d’alerte à l’égard de campagnes de désinformation russes conçues pour semer la confusion et tromper les gens.

M. Mendicino dit que le Canada utilise tous les outils à sa disposition pour détecter la tromperie en ligne de la Russie et pour affaiblir son impact.

Dans une entrevue, il a déclaré que la Russie est un acteur belliqueux et hostile lorsqu’il s’agit de répandre des faussetés dans le cyberespace, mais il est convaincu que le Canada, en étroite collaboration avec ses alliés, maîtrise la situation. 

M. Mendicino a averti que son gouvernement se préparait à des représailles envers la Russie dans le cyberespace pour que le Canada puisse soutenir la lutte de l’Ukraine contre les agressions des forces militaires de Vladimir Poutine.

«Le Canada et tous ses alliés restent en état d’alerte face aux représailles russes sous forme de désinformation et d’ingérence étrangère», a déclaré le ministre.

Mercredi, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a publié sur Twitter une mise à jour sur la désinformation appuyée par la Russie, qu’elle surveille.

Le Centre de la sécurité des communications a déclaré que le Kremlin utilise des plateformes contenant du matériel antisémite, anti-LGBTQ, anti-immigrant et antimondialiste pour manipuler le grand public.

L’agence de surveillance, qui surveille et décode les activités de renseignement sur les transmissions, y compris les activités en ligne, a révélé que la Russie répandait des mensonges sur l’implication du Canada dans le conflit ukrainien en utilisant les médias qu’elle contrôle.

Les faux récits du Kremlin comprennent des images trafiquées de membres des Forces armées canadiennes en Ukraine et de fausses allégations selon lesquelles des soldats canadiens commettent des crimes de guerre.

M. Mendicino a déclaré que le Canada est un chef de file mondial dans la lutte contre ces menaces et, avec ses alliés, utilise tous les outils dont il dispose pour détecter la fraude en ligne de la Russie et pour minimiser son impact.

Ses propos interviennent après que le gouvernement a affecté 28 millions de dollars pour lutter contre la désinformation parrainée par l’État, non seulement de la Russie, mais aussi de la Chine, de l’Iran et d’autres acteurs étrangers.

Le ministre estime que dénoncer des mensonges — y compris l’affirmation de M. Poutine selon laquelle l’invasion de l’Ukraine avait pour but de dénazifier le pays — est une première étape cruciale pour diminuer l’impact de la désinformation.

Il a ajouté que le Canada travaillait «en très étroite collaboration» avec les partenaires du G7 et les «Five Eyes» — une alliance du renseignement entre le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis — pour lutter contre la désinformation, qui, selon M. Mendicino, était utilisée pour affaiblir les démocraties dans le monde entier. 

Plus de 13 millions de dollars du budget seront utilisés pour renouveler et étendre le mécanisme de réponse rapide du G7 conçu pour détecter et identifier les ingérences étrangères et la désinformation financée par l’État.

Les fonds permettront également de lutter contre les tentatives visant à éroder la confiance dans le gouvernement à l’intérieur du Canada et à contrer les groupes suprémacistes blancs et les détracteurs qui répandent des mensonges et de la haine contre les juifs, les musulmans et d’autres groupes minoritaires. 

La somme de 10 millions de dollars servira à «coordonner, élaborer et mettre en œuvre des mesures pangouvernementales conçues pour lutter contre la désinformation et protéger notre démocratie».

M. Mendicino a averti que la désinformation est utilisée par des groupes extrémistes, y compris des suprémacistes blancs, pour affaiblir la confiance envers le gouvernement canadien.

Les détracteurs attisent la haine en répandant des mensonges sur les juifs, les musulmans et d’autres groupes minoritaires, a-t-il dit, visant souvent des personnes qui vivent d’autres injustices.

«L’un des aspects les plus pernicieux de la désinformation est la façon dont elle peut attirer des personnes qui peuvent très bien être fatiguées et frustrées par une variété de choses et les entraîner dans un objectif beaucoup plus néfaste et extrémiste», soulève-t-il.

M. Mendicino dit que des tactiques visant à tromper délibérément les gens et à déformer la vérité ont été employées par des leaders du soi-disant «convoi de la liberté» qui a occupé les rues du centre-ville d’Ottawa pendant trois semaines.

Il a déclaré que les leçons à tirer du blocus incluent «comment la désinformation a été utilisée comme tactique pour semer la confusion dans l’esprit des gens et diminuer leur confiance dans la démocratie».

Il a indiqué que la désinformation, en augmentation depuis des années, «divise et polarise», même si certains mensonges qui circulent «semblent parfois absurdes».

L’idée que le Canada est devenu une dictature est aussi éloignée que possible de la réalité, «mais ces choses sont arrivées», dit-il. 

M. Mendicino a déclaré que la pandémie a créé un terrain fertile pour la désinformation, ce qu’il a qualifié «d’une campagne très délibérée pour répandre des choses à propos des vaccins».

Le ministre a déclaré que non seulement les mensonges devraient être dénoncés, mais que le gouvernement doit éduquer les gens afin qu’ils puissent repérer les contenus conçus pour les induire en erreur. Selon lui, les plateformes de médias sociaux ont un rôle clé à jouer dans la désinformation.