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San Francisco — «Nous allons devoir faire plus avec moins de ressources», a déclaré mercredi le patron de Meta, Mark Zuckerberg, après que le géant des réseaux sociaux a vu son chiffre d’affaires trimestriel diminuer pour la première fois de son histoire.
Les revenus de Meta (Facebook, Instagram) ont baissé de 1% sur un an au deuxième trimestre, à 28,8 milliards de dollars, et son bénéfice net a chuté de 36% à 6,7 milliards de dollars (G$).
Le groupe californien subit la concurrence d’autres plateformes comme TikTok et les coupes budgétaires des annonceurs dues à la mauvaise conjoncture économique.
«Nous allons ralentir le rythme des investissements et repousser à plus tard certaines dépenses», a mentionné Mark Zuckerberg lors d’une conférence téléphonique aux analystes.
«Nous allons réduire la croissance du personnel pendant l’année à venir», a-t-il ajouté. Meta compte près de 84 000 employés dans le monde, 32% de plus qu’il y a un an.
À Wall Street, l’action de la société a perdu plus de 4% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse, avant de se stabiliser autour de -2%.
Du côté de l’audience, Facebook compte environ 1,97 milliard d’utilisateurs actifs au quotidien, soit 8 millions de plus qu’au trimestre dernier, et 2,934 milliards d’utilisateurs actifs mensuels, soit 2 millions de moins que fin mars.
En tout, au 30 juin, 3,65 milliards de personnes dans le monde fréquentaient tous les mois au moins l’un des quatre réseaux et messageries du groupe — Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger.
Meta est surveillé comme du lait sur le feu par le marché depuis le début de l’année, quand le groupe avait annoncé pour la première fois avoir perdu des utilisateurs sur son réseau social d’origine, Facebook.
«Jamais été aussi inquiète»
Environ un million d’utilisateurs quotidiens actifs ont quitté la plateforme pendant les trois derniers mois de 2021 (1,929 milliard fin décembre).
Depuis début février, le prix de l’action a été divisé par deux et plus de 400 milliards de dollars de capitalisation boursière sont partis en fumée.
«Je couvre Meta depuis des années et je n’ai jamais été aussi inquiète pour l’avenir de la société», a remarqué Debra Aho Williamson, analyste chez Insider Intelligence.
Le numéro deux mondial de la publicité numérique tire sa puissance de sa capacité à cibler avec précision des centaines de millions d’utilisateurs, dans un environnement où ils passent du temps au quotidien, à socialiser ou à se divertir.
«Mais Meta est en train de perdre son emprise sur son immense audience», a constaté l’experte.
«Sa base d’utilisateurs américains de Facebook croît à peine, et même si Instagram aide à faire avancer la barque, on commence à observer un ralentissement du côté des ados et jeunes adultes», a-t-elle détaillé.
L’application de photos et vidéos a été chahutée cette semaine, quand les célébrités Kim Kardashian et Kylie Jenner l’ont appelée à «redevenir Instagram» et à «cesser d’essayer d’être TikTok», un message largement applaudi et relayé par des usagers.
Meta, comme Google sur YouTube, a en effet copié le format de vidéos courtes et captivantes de TikTok, publiées par des créateurs et recommandées aux usagers grâce à un algorithme très performant.
Et Mark Zuckerberg a confirmé cette orientation. Il a indiqué qu’actuellement, environ 15% des contenus vus par les usagers de Facebook et Instagram viennent de recommandations de l’algorithme.
«Ces chiffres devraient au moins doubler d’ici la fin de l’année», a-t-il précisé.
Métavers sur pause
Les grandes plateformes souffrent en outre de la conjoncture économique, qui force les annonceurs à couper dans leur budget marketing.
Les changements d’Apple sur la confidentialité des données ont de plus réduit leur marge de manœuvre en matière de personnalisation des publicités.
La semaine dernière, Snap a plongé de 40% au lendemain de performances financières jugées décevantes, malgré une hausse notable du nombre d’utilisateurs de Snapchat.
Et Google a enregistré mardi le plus faible taux de croissance de ses revenus sur un an depuis le deuxième trimestre de 2020, quand les annonceurs avaient brutalement fermé les vannes au début de la pandémie.
Les deux sociétés, comme de nombreuses autres entreprises technologiques, vont substantiellement ralentir le rythme des embauches.
À l’automne dernier, Facebook s’est rebaptisé Meta pour signaler un pivotement vers le «métavers», un univers parallèle accessible en réalité augmentée et virtuelle (AR et VR) et présenté comme l’avenir d’internet.
«Mais comme l’entreprise est obligée de se re-concentrer sur ses fondamentaux, ses initiatives dans le métavers ont perdu de l’élan», a noté Debra Williamson.