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Le lobby de la crypto s’achète le nouveau président des États-Unis

François Remy|Publié le 14 octobre 2024

Le lobby de la crypto s’achète le nouveau président des États-Unis

(Photo: AdobeStock)

LES CLÉS DE LA CRYPTO. À défaut de changer le monde, l’industrie du bitcoin forge l’issue des prochaines élections. Indifférenciée, la générosité financière des acteurs de la cryptomonnaie soutient quiconque ne veut pas faire d’ombre à leurs affaires.   

«L’argent fait bouger l’aiguille». Entendons par-là d’une boussole morale. Ou peut-être est-il question d’aiguillage politique. En tout cas, «pour le meilleur ou pour le pire, c’est ainsi que notre système fonctionne.» Ce constat froid posé par le grand patron de la plateforme crypto Coinbase n’a pas pris une ride. Par contre, le modèle de pensée et d’action que cette citation reflète s’est encore durci en un an à peine.

Le plus grand argentier indépendant de ces élections est le Super PAC FairShake. Pour mémoire, les Super Political Action Committees (Super PAC) sont des entités pouvant lever et dépenser des sommes illimitées afin de soutenir l’activisme politique en période électorale. Sur le cycle actuel, la structure pro-crypto a récolté quelque 203 millions $, indique l’organisme de surveillance du financement des campagnes Open Secrets.

Entre loterie de l’influence…

L’écosystème industriel du bitcoin est l’un des principaux bailleurs de fonds politiques puisque qu’il pèse pour près de la moitié des financements versés par des entreprises, ajoute l’organisme indépendant Public Citizen. «Je n’ai jamais rien vu de tel dans le passé, où ils disent simplement: nous allons avoir une tonne d’argent qui vous attend», a déclaré le directeur de la recherche. «C’est une préoccupation pour nous, car tout autre secteur ayant un intérêt à influencer les élections suit probablement ce modèle de “Big Crypto”. C’est quelque chose que nous pourrions voir se répéter lors des prochaines élections par d’autres sociétés», relate le site Slate qui s’inquiète de «la menace fantôme» de tout cet argent.

… et chantage politique

Fairshake n’a même pas à signer de gros chèques pour influencer le cours des choses, le Super PAC peut se contenter de menacer certains candidats de dépenser contre eux. Une tactique déjà éprouvée lors des courses au Sénat dans certains états et autres primaires. Jusqu’à présent, ces tactiques ont été largement couronnées de succès. Dans 85% des primaires où les Super PAC en faveur de la crypto sont intervenus, le secteur du bitcoin a remporté son résultat préféré, insiste l’organisation Public Citizen.

Or Fairshake n’a pas encore dépensé la moitié de ses fonds de campagne, une montagne d’argent qui constitue en soi une arme de dissuasion politique. «Une telle somme incitera les législateurs vulnérables du monde entier à réfléchir à deux fois avant de critiquer le secteur des actifs numériques», estime le média spécialisé en politique Punchbowl.

Et il s’agit -là des voies légales. Car abus et dérives restent une indécrottable marque de fabrique de l’industrie de la crypto. Ne parlons même pas du généreux et vantard «bienfaiteur» Sam Bankman-Fried qui, il y a seulement deux ans, arrosait sans compter les sphères décisionnelles. Avant, bien sûr, que la faillite frauduleuse de sa plateforme FTX ne contrecarre ses ambitions.

Bref, les technologies popularisées par Bitcoin portent la promesse d’un nouveau monde plus transparent, où régnerait la confiance désormais mathématiquement établie entre les parti(e)s. Mais aussi prometteurs soient ces outils, ils demeurent entre les mains imparfaites d’humains… Apprenons à mieux nous en servir.