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Le Nobel de physique remis au pionnier de l’intelligence artificielle Geoffrey Hinton

La Presse Canadienne|Publié à 12h19 | Mis à jour à 12h28

Le Nobel de physique remis au pionnier de l’intelligence artificielle Geoffrey Hinton

Les lauréats du prix Nobel de physique Geoffrey Hinton (à gauche) et John J. Hopfield assistent à une conférence du prix Nobel de physique à l'Université de Stockholm, en Suède. (Photo: La Presse Canadienne/Pontus Lundahl/TT News Agency via ASSOCIATED PRESS)

Le pionnier de l’intelligence artificielle Geoffrey Hinton et son colauréat John Hopfield ont reçu le prix Nobel de physique lors d’une cérémonie à Stockholm.

La distinction a été décernée mardi aux deux informaticiens par le roi Carl XVI Gustaf de Suède après une présentation de la présidente du comité Nobel de physique Ellen Moons.

Ellen Moon a déclaré au public réuni à la maison des concerts de Stockholm que leur travail est considéré comme fondamental pour l’apprentissage automatique et a qualifié Geoffrey Hinton de «figure de proue dans le développement d’algorithmes d’apprentissage efficaces».

«Il a été le pionnier des efforts visant à établir des réseaux neuronaux profonds et denses. De tels réseaux sont efficaces pour trier et interpréter de grandes quantités de données et s’auto-améliorer en fonction de la précision du résultat», a fait valoir la présidente du comité.

«Aujourd’hui, les réseaux neuronaux artificiels sont des outils puissants dans les domaines de la recherche couvrant la physique, la chimie et la médecine, ainsi que dans la vie quotidienne», a-t-elle ajouté.

Geoffrey Hinton, professeur émérite britanno canadien à l’Université de Toronto, et John Hopfield, professeur émérite à l’Université de Princeton, ont reçu le Nobel parce que leur utilisation de la physique a permis de développer certains des fondements de l’apprentissage automatique, une branche de l’informatique qui permet à l’intelligence artificielle d’imiter la façon dont les humains apprennent. 

Les travaux qui ont valu le Nobel à Geoffrey Hinton, surnommé le parrain de l’IA, ont été achevés dans les années 1980, à une époque où l’IA était loin d’être la technologie à la mode qu’elle est aujourd’hui. 

«C’était très amusant de faire ces recherches, mais c’était un peu frustrant de voir beaucoup de gens — en fait, la plupart des gens dans le domaine de l’IA — dire que les réseaux neuronaux ne fonctionneraient jamais», s’est souvenu Geoffrey Hinton lors d’une conférence de presse en octobre, le jour où il a été nommé lauréat du prix Nobel. 

«Ils étaient convaincus que ces choses n’étaient qu’une perte de temps et que nous ne serions jamais capables d’apprendre des choses compliquées comme, par exemple, comprendre le langage naturel à l’aide de réseaux neuronaux — et ils avaient tort.» 

Pourtant, Geoffrey Hinton a persévéré et a fini par créer la machine Boltzmann, qui apprend à partir d’exemples plutôt que d’instructions et qui, une fois entraînée, peut reconnaître des caractéristiques familières dans l’information, même si elle n’a jamais vu ces données auparavant. 

Des décennies plus tard, elle a attiré l’attention du comité Nobel, ce qui lui a valu l’honneur qu’il a reçu mardi. 

Le prix est accompagné de 11 millions de couronnes suédoises — environ 1,4 million de dollars — provenant d’un legs laissé par le créateur du prix, l’inventeur suédois Alfred Nobel. 

Geoffrey Hinton et John Hopfield se partageront l’argent, une partie de la somme de M. Hinton allant à Water First, une organisation ontarienne qui œuvre pour améliorer l’accès des Autochtones à l’eau, et à une autre organisation caritative anonyme qui soutient les jeunes adultes neurodivers. 

Être conscient des dangers de l’IA

Geoffrey Hinton, aujourd’hui âgé de 77 ans après avoir fêté son anniversaire la semaine dernière, a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de faire beaucoup plus de «recherches de pointe». 

L’année dernière, Geoffrey Hinton a quitté un poste qu’il occupait chez Google pour parler plus librement des dangers de l’IA, qui incluent, selon lui, les préjugés et la discrimination, les fausses nouvelles, le chômage, les armes autonomes mortelles et même la fin de l’humanité. 

Lors d’une conférence de presse à Stockholm en fin de semaine, il a affirmé qu’il ne regrettait pas le travail qu’il a effectué pour jeter les bases de l’intelligence artificielle, mais qu’il aurait aimé penser à la sécurité plus tôt. 

«Dans les mêmes circonstances, je referais la même chose», a-t-il déclaré.

Par Tara Deschamps