L'arche à l'entrée du Consumer Electronics Show 2020. (Photo: CES)
BLOGUE. D’une année à l’autre, quelques dizaines d’entreprises canadiennes exposent au Consumer Electronics Show de Las Vegas. Cette année ne fait pas exception. Le Québec non plus. En fait, la présence québécoise lors de l’édition qui s’est terminée vendredi dernier était particulièrement imposante, pas nécessairement en nombre de kiosques, mais certainement en chiffres absolus.
Mercredi soir dernier, une bonne partie des dirigeants de ces entreprises s’est réunie dans le lobby d’un petit musée d’art d’un des chics hôtels de la Strip, l’iconique boulevard du centre de la ville, afin de venir entendre, puis saluer le ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon. Celui-ci en était à sa deuxième visite au CES en tant que ministre, et à sa douzième, en tout.
M. Fitzgibbon n’était surtout pas à Las Vegas pour jouer aux machines. Ni même pour venir voir ce qui se fait de nouveau dans le marché des téléviseurs 8K et des écouteurs sans fil. Ou, en tout cas, pas officiellement. Car s’il y a un thème dominant à retenir de son passage au CES en particulier, puis dans l’ouest américain en général, c’est plutôt celui du transport. Électrique, autonome, volant, alouette!
«On a une expertise au Québec qui pourrait attirer des entreprises de cette industrie, pas nécessairement pour venir construire des automobiles, mais pour fabriquer des composants technologiques avancés, ou pour développer les véhicules commerciaux», a-t-il expliqué, en entrevue. «On a aussi ce qu’il faut pour développer le marché des batteries.»
La mobilité du futur… québécoise?
C’est vrai que le Québec ne manque pas de ressources pour se positionner de façon avantageuse dans le créneau émergent du transport électrique et autonome, voire de la mobilité du futur. Tant en raison de son bassin de chercheurs en intelligence artificielle que de fabricants de composants électroniques pour la conduite autonome, entre autres. La présence de lithium et d’autres métaux pouvant entrer dans la composition de batteries est aussi perçu comme un atout. Mais ce créneau tarde à prendre l’élan qu’on lui souhaite depuis quelques années, déjà. Il faudra donc être patient.
En fait, vu l’actualité des derniers mois dans l’industrie du transport au Québec, on a l’impression que ce ne sont pas tant des entreprises québécoises qui vont éclore, puis devenir dominantes dans ce secteur, que des entreprises étrangères qui vont venir cueillir les PME et les jeunes pousses d’ici qui se démarquent dans leur spécialité.
Le préparateur lavallois Nordresa, qui transforme des petits camions commerciaux Isuzu en camions électriques, a fait l’objet d’une telle acquisition par le géant américain Dana, à la fin de l’année dernière. De l’aveu même des dirigeants de Nordresa, ça leur procure tout un tremplin pour exporter leur expertise dans différents marchés sur la planète, mais ça se fait au prix de la perte d’une entreprise québécoise.
Cela dit, les rumeurs veulent que Dana serait prêt à investir massivement au Québec, d’un mois à l’autre. L’entreprise de l’Ohio aura certainement droit à toute l’attention du ministre Fitzgibbon. Et elle ne sera pas la seule, si d’autres sociétés démontrent le même intérêt envers la province.
Vers une «French Tech» québécoise?
Quand on parcourt les allées des nombreuses salles d’exposition du CES (il y en a au moins une dizaine…), ce sont pas moins de 4500 enseignes, logos, et noms d’entreprise qu’on voit accrochés un peu partout au plafond. C’est beaucoup.
On voit aussi certains regroupements de plus petites entreprises, que ce soit des distributeurs cherchant à faire front commun pour attirer plus de partenaires potentiels, des regroupements issus des mêmes centres de recherche universitaire, ou des délégations nationales de divers pays.
Dans ce dernier cas, la délégation la plus facile à repérer est la French Tech. Il s’agit d’un regroupement d’entreprises françaises qui occupaient, cette année, un gigantesque espace dans la zone dévouée aux start-up, appelée Eureka Park. Israël, la Grande-Bretagne, la Corée, et d’autres pays encore avaient aussi réservé un espace pour leurs exposants aux budgets plus serrés.
Cette approche intrigue Québec, a par ailleurs avoué Pierre Fitzgibbon, qui ne s’oppose pas à l’idée de voir une telle délégation s’organiser autour de start-up québécoises. «C’est une idée intéressante», a-t-il admis.
Voilà qui réjouira les divers organismes qui tentent de réunir et d’harmoniser l’offre technologique québécoise. Les accélérateurs, les investisseurs, les entrepreneurs, les mentors, et qui encore, l’écosystème québécois est diversifié, comme partout ailleurs, mais peut-être un peu trop éclaté pour les gens de l’extérieur qui aimeraient avoir un portrait d’ensemble et un accès rapide à l’industrie.
Sans doute qu’une French Tech québécoise, qui assurerait une présence forte dans les événements internationaux comme le CES, serait une avenue à considérer… On verra bien l’an prochain si cette idée aura fait du chemin.
Et on soupçonne qu’on pourra probablement en rediscuter à Las Vegas avec le ministre de l’Économie, qui compte bien retourner au CES une troisième (ou est-ce une treizième?) fois.
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