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Le site d’infos Buzzfeed News va fermer

AFP|Publié le 20 avril 2023

Le site d’infos Buzzfeed News va fermer

Lancé en 2006, BuzzFeed est considéré comme la référence de la nouvelle génération de sites d’information gratuits noyés de pop culture et construits sur les réseaux sociaux, dont le modèle économique était quasiment entièrement appuyé sur la publicité. (Photo: 123RF)

BuzzFeed News, le site d’infos de Buzz Feed, va fermer dans le cadre d’un plan d’économies, a annoncé jeudi la direction du groupe, scellant l’échec d’une figure de proue de l’information gratuite en ligne.

«Nous réduisons nos effectifs d’environ 15% aujourd’hui… et nous entamons le processus de fermeture de BuzzFeed News», la déclinaison pour les infos du site de divertissement BuzzFeed.com a écrit le co-fondateur et directeur général de BuzzFeed, Jonah Peretti, dans un mémo adressé au personnel, dont l’AFP a eu connaissance.

«Des licenciements ont lieu dans presque toutes les divisions» et «nous avons déterminé que l’entreprise ne peut plus continuer à financer BuzzFeed News en tant qu’organisation autonome», a-t-il ajouté.

15% des effectifs représentent environ 180 employés pour BuzzFeed, qui en compte quelque 1 200. L’action BuzzFeed perdait environ 20% jeudi à la Bourse de New York après l’annonce.

Selon la direction du groupe, «un certain nombre de postes» seront ouverts au sein de BuzzFeed.com et du «HuffPost», concurrent direct racheté par BuzzFeed en 2020.

«À l’avenir, nous aurons une seule marque d’information, HuffPost, qui est rentable et dont l’audience directe sur la page d’accueil est fidèle», a ajouté Jonah Peretti.

 

Prix Pulitzer

Lancé en 2006, BuzzFeed est considéré comme la référence de la nouvelle génération de sites d’information gratuits noyés de pop culture et construits sur les réseaux sociaux, dont le modèle économique était quasiment entièrement appuyé sur la publicité.

BuzzFeed News, une déclinaison consacrée seulement à l’information et à l’investigation, avait pris son envol dans un second temps et comptait environ une soixantaine d’employés.

Elle a remporté en 2021 son premier prix Pulitzer, la récompense la plus prestigieuse du journalisme, dans la catégorie international, pour une série d’articles sur les camps de détenus de musulmans dans la région chinoise du Xinjiang, des enquêtes utilisant des images satellites.

L’annonce de la fermeture a lieu dans un contexte tendu pour les médias après des années de croissance, sur fond de baisse des investissements publicitaires notamment.

En parallèle des plans de licenciements massifs chez les géants des nouvelles technologies, des suppressions d’emplois sont également intervenues chez CNN, NBC ou dans les rédactions du groupe Vox Media, propriétaire des sites Vox, The Verge, ou du New York Magazine.

Selon Chris Roush, professeur de journalisme et doyen de l’école de communication de l’université Quinnipiac, «BuzzFeed est devenu trop agressif et a perdu son objectif».

«Il a remporté un prix Pulitzer. Mais il a tout simplement cessé de faire ce qui avait fait son succès», ce qui lui avait permis de devenir «une lecture incontournable pour les jeunes de 20 ans», a-t-il expliqué à l’AFP.

«C’est une mise en garde pour les start-up du secteur des médias: ne perdez pas de vue ce qui a fait votre succès», a ajouté Chris Roush.

Jonah Peretti a évoqué «le nombre incalculable de défis» auxquels sa société a été confrontée, notamment la pandémie, mais aussi «une récession technologique, une économie difficile, un marché boursier en baisse, un freinage du marché de la publicité numérique et des changements constants en termes d’audience et de plateformes».

Il a aussi pointé un marché des Spac, ces véhicules financiers cotés pour fusionner avec des sociétés souhaitant entrer en Bourse, «en perte de vitesse qui a généré moins de capitaux». BuzzFeed était entré en Bourse de cette manière fin 2021, mais avait levé beaucoup moins de fonds que prévu.

Mais Jonah Peretti a reconnu qu’il aurait pu «mieux gérer» ces changements et «mis du temps à accepter que les grandes plateformes ne fourniraient pas la distribution ou le soutien financier nécessaires pour soutenir un journalisme de qualité, gratuit et conçu pour les réseaux sociaux».