La présidente de l’AMF, Marie-Anne Barbat-Layani, en attend davantage tant en création d’emplois qu’en contribution au financement de l’économie et des entreprises, notamment sur le segment de la transition écologique. (Photo: 123RF)
La présidente de l’Autorité des marchés financiers (AMF) en France Marie-Anne Barbat-Layani a durci le ton lundi face aux acteurs du secteur des cryptoactifs en ajoutant à la dimension réglementaire un appel à un meilleur impact économique et social.
«L’univers crypto est (…) désormais attendu sur sa capacité à respecter la règlementation et j’y ajouterai sa capacité à démontrer son utilité économique et sociale», a déclaré Mme Barbat-Layani à l’occasion du troisième forum Fintech, une journée d’échanges organisée dans les locaux de la Banque de France par l’AMF et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
La présidente de l’AMF en attend davantage tant en création d’emplois qu’en contribution au financement de l’économie et des entreprises, notamment sur le segment de la transition écologique.
La protection des investisseurs reste au centre des préoccupations de l’AMF, d’autant que les cryptoactifs sont «devenus le premier sujet sur lequel notre service qui reçoit les plaintes des épargnants est saisi», a précisé Mme Barbat-Layani.
Par leur voix et celle du gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, l’ACPR (gendarme des banques et des assurances) et l’AMF ont cependant réaffirmé leur soutien à l’innovation et au potentiel de la blockchain («chaîne de bloc»), un registre virtuel décentralisé, pour le monde de la finance.
Ils appellent en parallèle à une nouvelle étape du règlement européen en la matière.
Baptisé MiCa 2, il aura pour mission d’encadrer davantage les «conglomérats cryptos (…) regroupant des services normalement ségrégués dans la finance traditionnelle», pas exempts de risques de conflits d’intérêts voire de défaillance et de perte des avoirs des clients, en écho à la faillite retentissante l’an dernier de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies FTX, a précisé la patronne de l’AMF.
L’AMF a également annoncé le lancement d’un groupe de travail avec l’ACPR sur la finance désintermédiée (terme préféré par la Banque de France à «décentralisée»), ou DeFi, qui se développe en parallèle du système financier traditionnel.
Elle regarde aussi de près le développement l’intelligence artificielle, utilisée dans ses outils de surveillance des marchés, mais qui «peut présenter des risques potentiels» en matière par exemple de cybersécurité et de protection des données personnelles.
Le forum Fintech se tient dans un contexte morose, les jeunes pousses de la finance ayant le plus grand mal à lever de l’argent. En guise d’illustration, le «guichet» de l’ACPR ouvert aux porteurs de projets n’a été sollicité que 63 fois entre janvier à août, contre une centaine sur la même période en 2022.