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Les cofondateurs des masques Bien Aller se lancent dans l’IA

Karl Moore|Publié le 20 janvier 2021

Les cofondateurs des masques Bien Aller se lancent dans l’IA

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Pour certaines entreprises, la pandémie de la COVID-19 a porté un coup fatal à leurs affaires. Pour d’autres, elle a été synonyme d’une croissance et d’une innovation immenses. Il est évident que Jordan Owen et ses trois cofondateurs, qui ont lancé non pas une, mais deux entreprises au cours des dix derniers mois, entrent dans cette dernière catégorie.

Après avoir fondé une entreprise de masques réutilisables basée à Montréal au début de la pandémie, Jordan Owen, son frère Mark et leurs deux collaborateurs, Sean Tasse et Benoit Thibault, ont décidé de s’orienter vers un tout nouveau projet. Squarefeet.ai, leur nouvelle entreprise, est une méthode de calcul des prix de biens immobiliers résidentiels alimentée par un système d’intelligence artificielle.

Le désir d’allier l’immobilier et l’informatique — le domaine d’expertise des quatre co-fondateurs — fait partie de ce qui les a poussés à créer une deuxième entreprise seulement quelques mois après le lancement de Bien Aller. En créant cette dernière, les quatre co-fondateurs estimaient qu’ils devaient agir rapidement pour répondre à un besoin au sein de leur communauté. Avec leur dernier projet, ils peuvent maintenant investir leur temps et leur énergie dans un domaine qui les passionne et qu’ils connaissent bien.

Les connaissances interdisciplinaires qu’ils apportent au projet sont la clé de son succès. Trois des co-fondateurs sont des professionnels de l’immobilier et leur quatrième partenaire a une formation en informatique.

« Le développement de solutions technologiques exige une grande expérience professionnelle et le partenariat entre les fondateurs experts en technologie et en entrepreneuriat est l’ingrédient secret d’un nouveau produit qui marche», raisonne-t-il. 

Jordan Owen et son frère, Mark, rêvaient depuis des années de créer une entreprise dans leur secteur, mais ils n’ont jamais trouvé l’argent ou le temps de s’engager pleinement dans un tel projet. En cette année inhabituelle le moment opportun s’est enfin présenté : il a reporté ses études au Massachussetts Institute of Technology (MIT) et l’équipe a accès aux revenus de Bien Aller pour financer leur nouvelle entreprise.

Pour établir le prix de biens immobiliers résidentiels, Squarefeet.ai doit d’abord recueillir des données pour informer les décisions que prend leur système d’intelligence artificielle. L’équipe recueille notamment des données de recensement public, des annonces publiques et des images. L’intelligence artificielle se met ensuite au travail pour quantifier les différents attributs qu’un bien peut avoir en termes d’emplacement et d’architecture. Les attributs architecturaux comprennent entre autres la taille de la terrasse, le volume inutilisable s’il existe et la qualité de la vue, tandis que les attributs de localisation comprennent la proximité des transports en commun ou des épiceries et la répartition des revenus dans l’immeuble ou le quartier. Au total, la tarification représente 200 attributs différents, qui affectent chacun le prix du bien.

Enfin, la plateforme surveille les ventes de logements dans un même bâtiment en temps réel et ajuste le prix en fonction des groupes d’attributs qui se vendent le plus rapidement. Si les logements avec une vue spécifique se vendent plus rapidement, par exemple, l’intelligence artificielle augmentera le prix de tous les logements avec la même vue.

Jordan Owen et ses co-fondateurs se sont inspirés des mécanismes de tarification en vigueur dans le secteur du transport aérien et de l’hôtellerie. Les compagnies aériennes et les hôtels du monde entier utilisent l’apprentissage machine pour gérer leurs tarifs en fonction de la demande, ce qui leur permet d’optimiser leurs revenus dans la foulée. Dans le secteur immobilier, un grand nombre de promoteurs et d’autres professionnels du secteur surveillent la vitesse de leurs ventes à l’aide d’un tableur avec des options de systématisation et d’optimisation limitées. L’originalité de Squarefeet.ai est donc un atout important pour les jeunes entrepreneurs.

« Le monde de l’immobilier ne voit pas beaucoup d’innovation, mais les gens recherchent une efficacité accrue. Ils en ont besoin», dit le cofondateur de l’entreprise.

L’expérience client des produits de Squarefeet.ai est conçue pour être aussi accessible que possible. Les co-fondateurs ont décidé de créer un logiciel qui imite l’apparence du tableur de Microsoft afin que leurs clients soient à l’aise avec leur nouvel outil dès qu’ils commencent à l’utiliser.

« Notre produit est conçu pour être convivial afin d’être facile à utiliser pour le promoteur. L’interface ressemble à Excel, mais le logiciel est bien plus puissant, car il est géré par des algorithmes », illustre-t-il

La simplicité de Squarefeet.ai leur a valu des clients dans tout le Canada, même si beaucoup sont concentrés à Montréal et dans les autres métropoles de la côte est, à Toronto et à Ottawa. Toutefois, Jordan est convaincu que l’offre pourrait facilement être étendue aux marchés en dehors du Canada.

« Ce qui est formidable avec notre produit, c’est qu’il est puissant sur n’importe quel marché, car nous créons un environnement fermé pour des projets individuels, en modélisant les courbes de l’offre et de la demande pour des biens spécifiques ou des groupes d’unités similaires», explique Jordan. 

Une chose est sûre, Jordan et ses collaborateurs ne sont pas encore prêts à se séparer de leur entreprise et de l’idée ingénieuse derrière celle-ci. Les jeunes co-fondateurs ont reçu un déluge d’attention de la part d’investisseurs après que la Montreal Gazette ait couvert leur entreprise en septembre, mais ils ont l’intention de profiter de leur jeunesse pour aller de l’avant eux-mêmes le plus longtemps possible.

Karl Moore et Marie Labrosse. Karl est professeur associé à la Faculté de gestion Desautels et Marie est étudiante en maîtrise de littérature anglaise, tous deux à l’Université McGill.