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Les cryptos envahissent notre quotidien financier

François Remy|Édition de la mi‑mars 2021

Les cryptos envahissent notre quotidien financier

Réagissant à l’effervescence autour du bitcoin, Les Affaires accueille un «journaliste crypto» sur son site web. Voici en quoi consiste notre nouvelle couverture médiatique.


Chaque semaine qui s’écoule semble désormais charrier son lot d’annonces retentissantes. Pour n’en citer qu’une, l’effet de surchauffe provoqué par le bitcoin sur les cartes de crédit a convaincu le géant des paiements Mastercard d’introduire cette année les cryptomonnaies directement sur son réseau. «Nous ne sommes pas là pour recommander de commencer à les utiliser, mais pour permettre aux clients, commerçants et entreprises de déplacer la valeur numérique», a expliqué Raj Dhamodharan, vice-président directeur des produits liés aux actifs numériques, à Mastercard. Simultanément, les «premières planétaires» semblent se succéder au Canada. Le premier fonds négocié en Bourse (FNB) adossé «physiquement»à du bitcoin a vu le jour à Toronto et les investisseurs y ont déjà accumulé plus de 10 215 BTC, d’une valeur globale de 600 millions de dollars. Un autre FNB, le premier au monde investi en ether, le jeton numérique issu de la chaîne de blocs Ethereum, pourrait suivre sous peu, la firme émettrice ayant déposé un prospectus préliminaire.

Ajoutons à cela que l’idée fait son chemin dans les directions d’entreprises de suivre la «méthode Tesla» en détenant du bitcoin. Près de 5% des responsables financiers interrogés par la firme-conseil Gartner prévoient d’acheter de la cryptomonnaie en 2021. «Il y a beaucoup de problèmes non résolus en ce qui concerne l’utilisation du bitcoin en tant qu’actif d’entreprise», relativise Alexander Bant, chef de la recherche pour Gartner Finance. La volatilité reste de loin la principale préoccupation, mais citons également l’aversion au risque du conseil d’administration, la lenteur de l’adoption comme mode de paiement, les préoccupations réglementaires et le manque d’expertise.

Quoiqu’il en soit, toutes ces incursions des actifs numériques dans la finance de tous les jours n’ont rien d’anecdotique. On sent le vent tourner, à en croire Fred Pye, PDG du fonds d’investissement torontois 3iQ. Ce dernier a expliqué lors du Digital Assets Symposium 2021, organisé par Canaccord Genuity, que son fonds commençait même à susciter un intérêt croissant de la part des conseillers en investissement au Canada. C’est dire. Même la Banque du Canada a reconnu qu’elle accélérait le développement d’un «huard numérique»en réponse à la diminution causée par la pandémie de l’utilisation de l’argent en espèces. Désormais, 85 % des banques centrales dans le monde s’efforcent de comprendre les effets des monnaies numériques et les efforts nécessaires pour en introduire.

«La Banque populaire de Chine (PBOC) semble bien en avance», souligne Stephanie Price, analyste à Marchés mondiaux CIBC. «La Chine a pris de nouvelles mesures en vue de la mondialisation de son yuan numérique, à l’instar du partenariat avec le facilitateur de paiements transfrontaliers SWIFT.» Il ne reste plus qu’à voir qui, du bitcoin ou des autres cryptoactifs, s’imposera dans nos us et coutumes.

 

François Remy, journaliste économique, couvre les nouveaux développements du secteur de la cryptomonnaie.