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Les cryptos peinent à atteindre le milliard d’utilisateurs

François Remy|Publié à 11h56

Les cryptos peinent à atteindre le milliard d’utilisateurs

(Photo: 123RF)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.

LES CLÉS DE LA CRYPTO. « Le monde peut être décrit comme traversant l’Âge exponentiel de la technologie. Il n’y a aucun doute, une technologie nouvelle est adoptée et se diffuse à une vitesse plus rapide que jamais auparavant », précise d’emblée Joshua Wong, analyste macro pour la multinationale Binance, dans son récent rapport La route vers 1 milliard d’utilisateurs on-chain.

Cela étant dit, il faut reconnaître que la part d’utilisation des cryptos et réseaux blockchain se
montre plus lente que pour le Web ou ses géants. Accessible au public à partir de 1993, Internet
a enregistré son premier milliard en douze ans (2005). À titre comparatif, la plateforme sociale
TikTok a passé ce cap en cinq ans (2021) et la célèbre application IA ChatGPT en seulement 3
mois (2023).

La croissance de l’écosystème du bitcoin n’en a pas pour autant été négligeable. Selon les
dernières estimations en date de l’entreprise Crypto.com, quelque 600 millions de personnes dans le monde possèdent ce genre d’actifs numériques. « Il s’agit d’un taux de croissance exponentiellement plus rapide que celui des plus grands réseaux de paiement traditionnels au cours des cinq dernières années », soutient l’analyste.

Le nombre actuel, qui dément les projections prématurées du franchissement du 1er milliard
dès 2022 et demeure faiblard par rapport aux attentes pour la fin de
cette année (entre 700 et 900 millions), s’avère en outre trompeur. Il
reflète ces larges proportions de détenteurs crypto qui conservent leurs actifs sur des
plateformes centralisées ou des portefeuilles numériques en gestion personnelle.

Si l’on regarde les données on-chain, c’est-à-dire intégrées aux chaînes de blocs, des
utilisateurs actifs chaque mois sur les principaux réseaux publics tels que Bitcoin, Ethereum,
Solana, le nombre tourne autour des… 75 millions. Et, même si l’on ajoute les adresses actives
des chaînes de seconde couche (Layer 2) qui se greffent sur les précédentes, le total mensuel
s’élève à peine à environ 100 millions.

Serait-ce la preuve chiffrée que les anti-cryptos attendaient pour enfoncer un dernier clou dans
le cercueil de ces technologies, consacrant en quelque sorte leur inutilité ?
« Une explication plausible du ralentissement de la croissance de l’adoption de la blockchain
par rapport à celle des médias sociaux pourrait être le manque relatif de facilité d’utilisation
dont souffrent les applications crypto », observe Joshua Wong, de Binance.
Une expérience utilisateur trop retorse, un manque d’ergonomie, trop de frictions avec les
autres canaux du système financier, freineraient assez logiquement une adoption plus massive
encore des cryptos. Certainement en prise directe sur les blockchains.

« Paramétrer un compte sur Facebook ou sur une plateforme d’échanges crypto, en utilisant une adresse courriel, est tellement plus simple que de paramétrer un wallet en self-custody. Alors que l’industrie crypto poursuit sa progression vers l’adoption globale, elle devra développer une infrastructure et des outils permettant aux personnes et aux institutions d’accéder aux blockchains aussi facilement qu’elles pourraient créer un compte Instagram », ponctue l’analyste macro de Binance.