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Trump, grand démago ou vrai défenseur de la crypto?

François Remy|Publié à 15h58

Trump, grand démago ou vrai défenseur de la crypto?

Donald Trump a relancé la machine à battage médiatique autour de la crypto. (Photo: Getty Images)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.

LES CLÉS DE LA CRYPTO. L’ancien président américain, candidat à sa réélection, s’est mué en porte-drapeau des technologies popularisées par le bitcoin. Coup de bluff électoraliste ou véritable point de son agenda politique?

Une révélation. Alors 45e président des États-Unis, Donald Trump présentait le marché crypto comme une gigantesque bombe financière à retardement. Disqualifiant à l’époque ces produits «reposant sur le vide», il n’y voyait qu’un lieu de perdition… Revenu à la vie civile, après la défaite contre Biden en novembre 2020, l’homme d’affaires n’a pas rythmé ses journées que de parties de golf sur le gazon floridien de Mar-a-Lago. L’ex-locataire de la Maison-Blanche s’est essayé à de nouvelles choses comme les NFT. Et l’expérience fut manifestement «incroyable».

«Nous avions un an pour écouler mes 45 000 cartes numériques et elles ont toutes été vendues en un seul jour. Et je l’ai refait trois fois. C’était magnifique. Mais ce que j’ai surtout remarqué, c’était que toutes les transactions étaient quasiment réglées en cryptos. Une nouvelle monnaie! Tout ça m’a ouvert les yeux», a confié Donald Trump dans un entretien accordé à Businessweek au début de cet été.

Ce sursaut de technophilie pour les actifs numériques, aidé par une vénalité décomplexée, aurait ensuite pris une dimension plus géopolitique. Le septuagénaire à la chevelure léonine a en effet exposé un raisonnement basique sur une certaine stratégie de compétitivité. De peur de laisser ces nouvelles monnaies entre les mains… des Chinois. « Si nous ne nous approprions pas la crypto, la Chine le fera — ou quelqu’un d’autre, mais le plus probable reste la Chine. Nous devons agir et, une fois de plus, je ne veux que ce qui est bon pour le pays », a ainsi résumé sa pensée le candidat républicain à la présidence.

Donald Trump s’est désormais positionné en contrechamp de l’administration actuelle, dont la répression juridique semble tirer à vue sur tout ce qui bouge dans l’industrie de la blockchain. Le candidat républicain veut ainsi exhiber son investissement personnel pour la cause crypto. Son programme officiel de prises de parole en public serpente jusque dans les conférences dédiées, à l’instar de la grand-messe Bitcoin 2024 à Nashville en fin de semaine.

En conséquence, l’écosystème crypto américain nourrit un certain optimisme à l’idée d’un come-back du magnat fantasque à Washington. La nouvelle administration trumpienne pourrait offrir un cadre juridique plus clair et changeait la direction du gendarme des marchés, la Securities and Exchange Commission (SEC). Pour nombre d’observateurs, la SEC a été le principal obstacle au bon développement de l’industrie et, a fortiori, à la croissance de l’adoption des actifs numériques.

Un homme politique qui courtise une entreprise dont les dirigeants sont prêts à le soutenir par les urnes (et accessoirement à lui signer de gros chèques) n’a évidemment rien de singulier. Mais, à son accoutumée, Trump préfère l’éclat à la pondération. Quitte à ne pas faire les choses à moitié, il s’est choisi pour partenaire un sénateur républicain réputé « bitcoineur » de longue date et accorde une oreille attentive aux conseils d’un certain Elon Musk pour aborder la question crypto.

En tout cas, le candidat Trump a relancé la machine à battage médiatique autour de la crypto. Un détail non négligeable sur un marché fortement influencé par les récits et sentiments sur les réseaux sociaux. À l’image de l’électorat américain.

Reste à découvrir la force d’opposition du candidat démocrate. Ou plus précisément de la candidate (ad interim), Kamala Harris, après que Joe Biden a déclaré forfait. Cette figure politique originaire de la Californie, aux donateurs très connectés Silicon Valley, est considérée comme l’une des démocrates célèbres les plus favorables aux technos. Qu’en sera-t-il pour la crypto?