Les cryptos sont «un élément clé des stratégies patrimoniales»

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.

LES CLÉS DE LA CRYPTO. Comment les investisseurs particuliers sont-ils en train d’intégrer les actifs numériques dans leur vie? Voilà ce que brosse l’enquête menée par EY Parthenon, la branche mondiale du cabinet de conseil en stratégie. Et la demande des particuliers pour les cryptos serait à ce point en hausse qu’elle offrirait une initiative pour les institutions financières, fintechs et aux entreprises prêtes à capitaliser sur la tendance.

Avec un bitcoin dont le cours décrit un plongeon à 50 000$, le jour pouvait sembler mal choisi pour dépeindre tout l’intérêt que portent au marché crypto les investisseurs. Prenons du recul par rapport à ce mouvement de vente panique, parallèle à la chute des places boursières, sur fond de tensions au Moyen-Orient et des craintes de récession mondiale.

Pour se figurer les perspectives offertes par ce pan émergent de la finance, EY Parthenon a mené sa troisième enquête annuelle sur la vision des actifs numériques par les particuliers, en sondant leurs opinions et récoltant des données sur leurs allocations, juste après l’approbation d’une série de produits négociés en Bourse (les fameux FNB BTC).

Près de deux tiers (64%) des personnes sondées investissent déjà dans les cryptos ou des produits connexes, tandis que 69% prévoient d’encore accroître leurs placements sur ce segment des marchés au cours des deux à trois prochaines années.

D’ailleurs, la croyance dans la pérennité de ces actifs continue de croître. En moyenne, 72% des investisseurs particuliers qui y ont déjà injecté de l’argent les considèrent comme «un élément clé de leur stratégie de création de richesse», notent les rapporteurs d’EY. Un pourcentage qui ressort encore plus élevé (83%) chez les investisseurs accrédités et renforce donc ce sentiment de confiance.

«Alors que les investisseurs se sont montrés à l’aise avec les investissements directs dans les actifs numériques par le biais des échanges de cryptomonnaies et des fintechs, environ 40% prévoient de rechercher des fonds communs de placement, des produits négociés en Bourse» et autres fonds investis en cryptos.

Globalement, les particuliers souhaitent obtenir une plus grande exposition à l’écosystème du bitcoin par le biais des institutions financières traditionnelles. Les trois quarts des investisseurs prévoient demander des conseils financiers professionnels et il existe une préférence plus large pour s’engager avec des sociétés de finance traditionnelle (TradFi) pour inclure les actifs numériques dans le cadre d’une stratégie globale de planification de portefeuille.

Outre cet appétit purement financier, les cryptomonnaies occuperaient «une part de plus en plus importante dans une nouvelle réalité financière», soutient l’enquête annuelle. Les particuliers commencent à s’engager dans un éventail plus large de cas d’utilisation, tout en concédant que la frontière demeure floue entre investissement et instrument monétaire.

On remarque un intérêt accru pour l’utilisation des actifs numériques en tant que moyen de paiement (comme Donald Trump en a vécu la révélation récemment), mais les particuliers déclarent recourir davantage aux cryptos (+16%) dans le cadre de staking, c’est-à-dire immobiliser ses jetons numériques sur des plateformes dédiées afin de produire un revenu, comme on le ferait avec un compte épargne). Tout comme la participation aux plateformes de finance décentralisée (DeFi) enregistre une augmentation généralisée (+11%).

Le fait que les particuliers élargissent non seulement la gamme de ce dans quoi ils investissent, mais également la manière d’utiliser ou de tirer parti des cryptomonnaies ouvre de nouvelles pistes d’innovation dans les services et dans les sources de revenus pour les entreprises natives de la crypto tout comme de la TradFi.