(Illustration: Camille Charbonneau)
LES CLÉS DE LA CRYPTO. Pris entre les feux d’une guérilla réglementaire aux États-Unis et d’un repli conséquent des cours sur les places d’échanges, l’écosystème du bitcoin et des actifs numériques ne révulsent pourtant pas les investisseurs institutionnels. Bien au contraire.
Quasi unanimes. Gestionnaires de patrimoines, fonds de pension et autres investisseurs institutionnels se montrent pleinement positifs à l’égard des crypto-actifs. 96% d’entre eux les considèreraient comme une opportunité de diversification des placements, 91% estiment que ces actifs numériques contribuent à produire en toute saison des revenus pour faire face au risque d’inflation, mais aussi de dépréciation des monnaies fiduciaires, tandis que 82% affirment encore demeurer optimistes sur les cryptos en général et bitcoin ou ethereum en particulier au cours des douze prochains mois.
Ces résultats staliniens proviennent de l’enquête récemment menée dans une vingtaine de pays auprès de 303 institutionnels par Laser Digital, la filiale dédiée à la crypto de l’imposante holding financière japonaise Nomura. Autrement dit, ces chiffres indiquent que la majorité des grands de la finance attribuent un rôle clair aux cryptomonnaies et tokens dans le paysage de la gestion des investissements, car ils perçoivent d’éventuels avantages tels qu’une plus importante diversification des portefeuilles.
Fait notable, malgré le bruit ambiant qui laisse penser que les cryptos ne riment qu’avec procès, faillites et escrocs, seuls 3% des répondants ont partagé un avis négatif quant aux perspectives du secteur du bitcoin, tandis que 15% ont préféré garder leurs réserves en toute neutralité.
En complément de la «TradFi»
L’intérêt toujours marqué pour les monnaies digitales s’accompagne d’une condition particulière qui déplaira aux fondamentalistes de la finance décentralisée (DeFi): selon le sondage de Laser Digital, les investisseurs professionnels souhaitent s’appuyer sur la finance traditionnelle (TradFi), c’est-à-dire les banques classiques, commerciales ou privées, etc.
D’ailleurs, aux yeux des sondés, les actifs numériques n’incarnent pas une rupture des possibilités offertes par la planète finance, mais une méthode de diversification, en complément aux côtés des classes d’actifs traditionnelles à l’instar des actions et des matières premières.
Environ 90% des personnes interrogées ont déclaré qu’il était essentiel qu’un fonds d’actifs numériques ou un véhicule d’investissement bénéficie du soutien d’une grande institution financière traditionnelle avant que leurs clients ou eux-mêmes n’envisagent d’y investir de l’argent. Une coïncidence heureuse avec l’annonce de BlackRock, le premier gestionnaire d’actifs au monde planchant sur un FNB Bitcoin.
Un optimisme déroutant
L’enquête d’opinions de Laser Digital épingle naturellement les défis à la mise en œuvre, la réglementation apparaissant comme l’un des principaux. Mais, répétons-le, les investisseurs institutionnels expriment un optimisme rare sur le secteur crypto. Leurs positions jusqu’ici tranchées en défaveur du bitcoin et de son écosystème technologie semblent progressivement se nuancer.
On assiste à une montée en puissance du processus de «tokenisation» avec l’intégration de blockchains et la représentation sur ces dernières des actifs du monde réel. Cette tendance nourrit l’intérêt des institutionnels étant donné qu’ils brassent quantité d’actifs qui ne demandent pas mieux que d’être tokenisés.
«Il s’agissait d’une étude globale», souligne pertinemment CoinDesk. Le sondage comprend en effet des institutions d’une grande diversité en termes de structure, de propriété et de situation géographique. «Cela apporte une perspective beaucoup plus large sur cette industrie que d’entendre les banques et les gestionnaires de fonds américains qui sont plus étroitement liés au langage et à l’état d’esprit de Wall Street».