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Les paris en ligne pourraient devenir illégaux aux États-Unis

AFP|Publié le 21 janvier 2019

Les paris en ligne pourraient devenir illégaux aux États-Unis

(Photo: 123rf.com)

Les autorités américaines sont en train de faire marche arrière concernant les paris sur internet après huit ans de tolérance, sous la pression des casinos traditionnels et d’un richissime propriétaire soutien de Donald Trump.

Le ministère de la Justice a publié mi-janvier un avis légal soulignant que toute forme de pari en ligne -plus seulement les paris sportifs- serait à l’avenir considéré comme une infraction à la loi datant des années 1960 destinée à combattre le crime organisé.

Ce qui risque d’entraîner la fermeture de plateformes de poker, de casinos ou autres loteries sur Internet ayant vu le jour dans une poignée d’États lorsque l’administration Obama a décidé il y a huit ans de suspendre les poursuites contre les jeux d’argent en ligne n’étant pas liés au sport. 

«Cela pourrait avoir un impact significatif si le ministère de la Justice applique de manière stricte sa nouvelle interprétation», a déclaré Jennifer Roberts, directrice adjointe du Centre international de réglementation du jeu à l’université du Nevada, à Las Vegas.

Une interprétation stricte du texte pourrait forcer la fermeture des ligues «fantasy» (compétitions virtuelles) de divers sports qui se sont développées ces dernières années et, potentiellement, de tout pari en ligne même s’il est confiné à un État où les paris sont légaux.

«Même quand le pari a lieu dans une juridiction où il est autorisé, si la communication est acheminée vers un autre État, elle est susceptible de tomber sous le coup de la loi sur les communications», a déclaré Mme Roberts à l’AFP. 

La loi dite «Wire Act» est un texte de 1961 qui interdit l’utilisation des télécommunications pour les jeux d’argent dans le cadre de la répression du crime organisé. 

Depuis l’interprétation de 2011, diverses formes de jeux en ligne sont apparues dans le Nevada, le Delaware, le New Jersey et la Pennsylvanie notamment. 

Bien qu’il n’existe pas de données générales sur les revenus du jeu en ligne aux États-Unis, le total des mises a progressé de près de 22% à 298 millions de dollars en 2018 dans le New Jersey, un des États les plus actifs en la matière. 

Lobbying des casinos

Selon le ministre adjoint de la Justice Rod Rosenstein, les poursuites pourraient commencer dans moins de trois mois. 

«Les entreprises qui se sont appuyées sur l’avis de 2011 vont avoir un délai de 90 jours (…) pour se mettre en conformité avec la loi fédérale», a-t-il indiqué le 15 janvier.

L’industrie des casinos américains s’oppose depuis de nombreuses années aux jeux en ligne même si, récemment, certains de ces opérateurs de jeux traditionnels ont rejoint le mouvement des paris sur internet.

Les exploitants de casinos, y compris Caesars Entertainment et Golden Nugget, acceptent désormais les paris en ligne là où la loi le permet, rendant les mises aussi faciles que de taper sur un téléphone intelligent. 

Mais le volte-face du ministère de la Justice fait suite à une longue campagne de lobbying de la «Coalition pour stopper les paris sur internet», un groupe soutenu par un propriétaire de casino à Las Vegas, Sheldon Adelson, également un soutien de taille du président Donald Trump. 

Le groupe a applaudi la nouvelle règlementation, affirmant qu’avec les paris en ligne, les joueurs, et particulièrement les mineurs, pouvaient développer une addiction aux jeux d’argent. 

Dans un communiqué, la Coalition cite l’exemple du Royaume-Uni où «plus de la moitié des jeunes de 16 ans ont des applications de jeu sur leurs téléphones intelligents». 

Le sénateur républicain Lindsey Graham, qui préside la Commission judiciaire, s’est également félicité de cette annonce.

Mais pour Michelle Minton, une experte du Competitive Enterprise Institute, cette marche arrière va inciter les joueurs à opter pour des sites illicites moins scrupuleux.

«La prohibition n’a jamais fonctionné», a-t-elle relevé. Elle craint que la nouvelle règlementation ne crée la confusion, menant à une série de contestations juridiques sur les paris en ligne dans différents États. 

«Ceux-ci peuvent alors choisir de ne pas poursuivre en justice sachant que les procès n’aboutiront pas», a-t-elle expliqué. «Mon pari est qu’il n’y aura pas de poursuites!».