La commission judiciaire a convoqué Mark Zuckerberg (Meta), Linda Yaccarino (X), Shou Zi Chew (TikTok), Evan Spiegel (Snap) et Jason Citron (Discord) pour une audition intitulée «Les géants de la tech et la crise des abus sexuels contre les mineurs en ligne». (Photo: 123RF)
Les dirigeants de Meta (Facebook, Instagram), X (ex-Twitter), TikTok, Discord et Snap sont attendus au Sénat américain mercredi pour une audition sur les dangers que présentent les réseaux sociaux pour les enfants et adolescents.
Ce sujet met généralement d’accord les élus politiques des deux bords et de nombreuses associations qui accusent les plateformes numériques de ne pas suffisamment protéger les plus jeunes, notamment contre les risques d’exploitation sexuelle.
«L’échec odieux de ces entreprises à éradiquer les abus sexuels sur les enfants est un exemple d’un échec plus large et systémique à donner la priorité à la sécurité des enfants qui utilisent leurs produits», a commenté mardi Imran Ahmed, fondateur de l’ONG Center for Countering Digital Hate.
La commission judiciaire a convoqué Mark Zuckerberg (Meta), Linda Yaccarino (X), Shou Zi Chew (TikTok), Evan Spiegel (Snap) et Jason Citron (Discord) pour une audition intitulée «Les géants de la tech et la crise des abus sexuels contre les mineurs en ligne».
«Je suis fier du travail accompli par nos équipes pour améliorer la sécurité des enfants en ligne, non seulement sur nos services, mais aussi sur l’ensemble d’Internet», compte déclarer Mark Zuckerberg aux sénateurs en guise d’introduction mercredi, d’après le texte de son discours consulté par l’AFP.
«Nous avons environ 40 000 personnes au total qui travaillent sur la sécurité et la sûreté, et nous avons investi plus de 20 milliards de dollars depuis 2016», va-t-il préciser.
Réseaux de pédocriminels
Selon lui, le National Center for Missing and Exploited Children a récemment déclaré que Meta va «au-delà des exigences légales pour s’assurer qu’il n’y a pas de portions de son réseau où ce type d’activité se produit».
Les réseaux sociaux annoncent régulièrement des mesures pour mieux encadrer la navigation en ligne des mineurs, sans parvenir à convaincre les observateurs et autorités.
Début décembre, l’État américain du Nouveau-Mexique a porté plainte contre Meta, accusant ses plateformes de favoriser la pédocriminalité, des contenus pédopornographiques aux algorithmes de recommandation et aux sollicitations criminelles.
En juin, un rapport de l’université Stanford et du Wall Street Journal a déterminé qu’Instagram est la principale plateforme utilisée par des réseaux de pédocriminels pour promouvoir et vendre des contenus montrant des agressions sexuelles sur des mineurs.
«De larges réseaux de comptes, qui donnent l’apparence d’être opérés par des mineurs, promeuvent ouvertement la vente de contenus» pédopornographiques, ont indiqué des chercheurs de l’université de la Silicon Valley.
«Autrefois, les parents s’inquiétaient de savoir où se trouvaient leurs enfants à 22 heures. Aujourd’hui, ils sont peut-être physiquement présents, mais nous ne savons pas avec qui ils passent du temps en ligne, ni à quoi ils sont exposés chaque jour», s’est indigné Imran Ahmed mardi dans un communiqué de presse.
«Demi-mesures»
X va de son côté créer une nouvelle antenne dédiée à la modération de la plateforme, qui va recruter une centaine de personnes pour lutter avant tout contre ce fléau, d’après un communiqué publié vendredi.
«X n’a pas d’activité axée sur les enfants», a souligné Joe Benarroch, directeur des opérations de X, « mais il est important que nous fassions ces investissements pour empêcher les délinquants d’utiliser notre plateforme pour TOUT type de distribution ou d’engagement avec des contenus relevant d’abus sexuels sur mineurs ».
« Certains réseaux ont annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures de sécurité pour les enfants qui auraient dû être mises en place depuis longtemps… », a noté mardi Dick Durbin, président démocrate de la commission judiciaire. Mais «comme ces changements ne sont au mieux que des demi-mesures, je me réjouis de l’occasion qui m’est donnée de les interroger sur ce qu’il reste à faire».
Les échanges porteront aussi certainement sur les autres dangers liés aux réseaux sociaux pour les adolescents.
Fin octobre, plus de quarante États américains ont porté plainte contre Meta, estimant que ses plateformes nuisent à la «santé mentale et physique de la jeunesse», évoquant les risques de dépendance, de cyberharcèlement ou de troubles de l’alimentation.
Mark Zuckerberg prévoit de soutenir une nouvelle loi «sur la vérification de l’âge (par les magasins d’applications) et le contrôle parental sur les applications utilisées par leurs enfants», que les parents réclament de leurs vœux, selon lui.