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Les scientifiques appelés à battre Facebook à son propre jeu

AFP|Publié le 30 septembre 2021

Les scientifiques appelés à battre Facebook à son propre jeu

Facebook compte près de 3 milliards d’utilisateurs mensuels. (Photo: 123RF)

Washington — Faire émerger des chercheurs-vedettes, mettre à profit les algorithmes de façon aussi efficace que les anti-sciences. Pour combattre la désinformation sur Facebook, la communauté scientifique doit se mettre en ordre de bataille, a appelé jeudi la prestigieuse revue américaine Science dans un éditorial. 

La pandémie de COVID-19 «a mis en lumière l’incompétence choquante de la communauté scientifique établie pour faire passer des messages sur les masques ou la vaccination», a écrit Holden Thorp, le rédacteur en chef de cette publication, où ce genre de prise de position est plutôt rare.

«Quelle est la bonne stratégie pour la communication scientifique concernant les réseaux sociaux? Retirer Facebook de sa liste d’amis, ou le battre à son propre jeu?», demande-t-il, avant d’argumenter clairement en faveur de la deuxième option.

«Refuser de jouer dans la cour de Facebook n’aide pas la science ou la société», juge-t-il dans l’éditorial.

La science est «toujours un ouvrage en cours d’élaboration», avec des nuances, des conditions et des réponses « pas toujours définitives ». Ce qui est loin d’être la recette du succès sur les réseaux sociaux.

La solution proposée? Faire émerger des figures fortes: des chercheurs ou bien des spécialistes dans la communication scientifique, pour contrer ceux faisant circuler de fausses nouvelles.

Point crucial: savoir mettre la nuance de côté, et «exploiter stratégiquement les algorithmes qui peuvent pousser la visibilité d’une publication».

La pandémie a encouragé ce mouvement sur Twitter, certains scientifiques s’étant construit une véritable communauté d’abonnés. Mais c’est beaucoup moins le cas sur Facebook.

«Depuis la Seconde Guerre mondiale, les scientifiques se sont accrochés à l’idée que s’ils restent objectifs et font état de la science, le reste du monde suivra», écrit M. Thorp dans l’éditorial. «Il est temps de reconnaître que cette vieille notion est naïve.»

Le débat sur la désinformation liée à la pandémie a pris de telles proportions qu’en juillet, le président américain Joe Biden avait estimé que le groupe californien et d’autres plateformes «tuaient» des gens en laissant circuler de fausses informations sur la vaccination contre le COVID-19.

Facebook compte près de 3 milliards d’utilisateurs mensuels.