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L’intelligence artificielle comme propulseur des facteurs ESG

Louise Champoux-Paillé|Publié le 07 novembre 2023

L’intelligence artificielle comme propulseur des facteurs ESG

Une meilleure efficacité en matière de prise de décision et de reddition de compte au niveau des conseils d’administration et de la direction. (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. On me demande souvent si, à mon avis, l’intelligence artificielle («IA») contribuera à propulser l’intégration des facteurs ESG (environnement, société, gouvernance) au sein des organisations et si elle aura un impact sur l’importance relative de chacun des éléments dans le trio ESG.

Ma vigie constante sur les facteurs ESG au cours des dernières années m’a permis d’identifier certains apports positifs que pourrait avoir l’intelligence artificielle dans l’intégration des facteurs ESG au sein des organisations.

Aspect environnemental

Avec ses programmes informatiques intelligents, l’IA peut aider les organisations à analyser, suivre et réduire ses impacts sur l’environnement. Les données produites par ses différents programmes intelligents permettent, par exemple, de prévoir avec plus de précision les changements climatiques et l’évolution de la déforestation. D’une meilleure gestion de la consommation d’énergie dans les édifices et les usines pourra s’ensuivre une réduction des gaz à effet de serre.

Sur le plan sociétal

L’IA peut contribuer à développer des programmes plus efficaces d’inclusion, de diversité et d’équité. Elle permettra notamment de développer des programmes de recrutement et de promotion qui minimisent les biais et la discrimination à l’endroit des femmes et des minorités visibles, améliorent les stratégies de perfectionnement des aptitudes, bonifient le travail de plusieurs employés en réduisant les tâches administratives, de soutien et de production à moins grande valeur ajoutée.

 

Au chapitre de la gouvernance

Une meilleure efficacité en matière de prise de décision et de reddition de compte au niveau des conseils d’administration et de la direction, de l’élaboration des stratégies, de protection de renseignements personnels, d’identification des comportements opaques, de cybersécurité et de gestion des risques pourrait résulter de l’avènement de l’IA.

 

La nécessité d’une vigilance active

Ceci étant dit, il faut évidemment rappeler que l’intelligence artificielle comporte des enjeux pouvant avoir un impact négatif sur l’atteinte des objectifs promus par l’approche ESG.

Ainsi, l’un des objectifs d’une meilleure équité sociale pourrait soulever de grands défis. Selon le Forum économique mondial, 23% des emplois existants subiront une transformation significative d’ici 2027 et le marché du travail sera fortement perturbé avec 83 millions emplois supprimés, contre 69 millions emplois créés.

Les bases de données qui alimentent l’IA peuvent comporter des biais et susciter des discriminations. L’IA peut favoriser l’utilisation illicite de données personnelles, relayer des informations fausses ou biaisées. Des experts ont même exprimé leurs vives préoccupations en regard de son développement en signant une lettre demandant de suspendre temporairement la recherche-développement de certains de ses systèmes avancés. Pour ces signataires, «la mitigation des risques d’extinction liés à l’IA devrait être une priorité mondiale au même titre que d’autres risques à l’échelle de la société, tels que les pandémies et les guerres nucléaires».

L’IA artificielle présente donc des dangers, mais également une opportunité pour propulser les facteurs ESG en accordant une importance plus grande aux enjeux sociaux et de gouvernance que doivent poursuivre nos organisations pour aider à bâtir un monde plus juste.

Pour ce faire, il faut maintenir le cap sur les objectifs des facteurs ESG en se rappelant, comme l’écrivait Richard Straub, président fondateur du Global Peter Drucker Forum, que «ce qui menace l’humanité, ce n’est pas l’IA en soi, mais la tentation que nous avons de vouloir lui confier la responsabilité d’agir et de décider dans des domaines qui devraient rester de notre prérogative»