«Les consommateurs auront le choix et les plus petites entreprises ne seront pas exclues», a dit Alok Sharma, ministre auprès des Entreprises. (Photo: Glen Carstens-Peters pour Unsplash)
Le gouvernement britannique a annoncé vendredi une série de mesures afin de limiter le pouvoir des géants du numérique comme Facebook et Google, que ce soit dans l’utilisation des données personnelles ou la publicité en ligne.
Un nouveau code de conduite, sous l’égide d’une nouvelle « unité des marchés numériques » (Digital Markets Units) sera mis en place afin d’améliorer la concurrence et mieux protéger les consommateurs, selon un communiqué du ministère des Entreprises et de celui du Numérique.
Le gouvernement a décidé de suivre les propositions faites en juillet par le gendarme britannique de la concurrence, qui abritera cette nouvelle unité, et qui s’était inquiété de la domination des géants américains.
« Notre nouveau régime pro-concurrence pour les marchés numériques va faire en sorte que les consommateurs aient le choix et que les plus petites entreprises ne soient pas exclues », assure Alok Sharma, ministre auprès des Entreprises.
Londres reconnaît les bienfaits de ces plateformes, mais pointe « la concentration de pouvoir entre un petit nombre d’entreprises numériques », ce qui ralentit la croissance du secteur, réduit l’innovation et peut avoir des effets négatifs sur la société.
Le nouveau code pourra contraindre les plateformes à être plus transparentes dans les services fournis et dans la manière dont elles utilisent les données personnelles.
Les consommateurs pourront avoir le choix de recevoir ou non des publicités personnalisées en ligne.
L’unité des marchés numériques sera lancée en avril et pourra forcer les géants du numérique à changer leur pratique s’il le faut, et aura la possibilité d’infliger des amendes en cas de non-respect des règles.
Enfin, ce code sera un moyen pour garantir des contrats commerciaux plus équitables entre les géants du numérique et la presse.
Le gouvernement veut empêcher que les plateformes utilisent leur position dominante pour imposer des termes financiers peu avantageux pour les titres de presse, notamment les nouveaux venus, ce qui limite leur capacité à monétiser leurs revenus.
Selon l’autorité de la concurrence (CMA), les dépenses dans les publicités en ligne ont atteint environ 14 milliards de livres en 2019 au Royaume-Uni, dont 80 % sont captées par Facebook et Google.
Et les journaux dépendent de Google et Facebook pour près de 40 % des visites sur leurs sites.
La CMA avait choisi de faire des recommandations, plutôt que d’ouvrir une enquête sur le marché de la publicité en ligne comme elle en a le pouvoir.
En réaction aux annonces du gouvernement, Google a dit avoir hâte de travailler « de manière constructive » avec la nouvelle unité.
Facebook, qui s’apprête à lancer au Royaume-Uni Facebook News, son fil d’actualités alimenté par des journalistes, a promis d’aider les titres de presse présents sur ses plateformes.
Les géants du numérique sont également dans le viseur des autorités aux États-Unis et ailleurs en Europe.
Le gouvernement américain et de plusieurs États américains ont déposé une plainte en octobre contre Google pour poursuite illégale de monopole sur la recherche et la publicité en ligne.
Apple, Facebook et Amazon, déjà sous le coup de multiples procédures judiciaires, pourraient aussi être visés.
Google a quant à lui fini par signer des accords avec des journaux français afin de rémunérer l’utilisation de leurs contenus.
La Commission européenne va quant à elle présenter un projet de législation en décembre pour mieux encadrer le monde numérique, que ce soit sur la concurrence ou la haine en ligne par exemple.