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Marcel Choquette: précurseur des industries culturelles au Québec

Le courrier des lecteurs|Publié le 03 janvier 2024

Marcel Choquette: précurseur des industries culturelles au Québec

Au cours des dernières années, Marcel Choquette s’était mis à l’étude du violoncelle, qui le passionnait. (Photo: Facebook)

Un texte de Marc Boutet, président de De Marque

Auteur (et gardien de but)
Montréal.

COURRIER DES LECTEURS. Marcel Choquette a débuté sa carrière en 1983 aux services-conseils chez CGI. Il y demeurera 6 ans. 

Il fait ensuite le saut dans les industries culturelles, chez Telefilm Canada, où il se spécialise déjà en 1989 en multimédia et technologies. 

Sa carrière prend un tournant en 1996 où il devient le tout premier PDG du Fonds d’investissement de la culture et des communications (FICC). Ce Fonds est formé d’une société en commandite de l’Union des artistes (UDA), du FSTQ et de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), une union inédite qui unit la culture, l’investissement, les syndicats et les artistes. 

Il s’agissait là d’une mission presque impossible que Marcel a accompli avec brio! Le FICC à l’époque était toute une innovation. Il n’existait pratiquement pas de capital de risque culturel et Marcel a été la figure de proue de cette première mouture. Plusieurs entreprises ont pu croître grâce à cette réalisation. 

En 2005, il quitte le FICC et crée sa propre société, MC Conseil, dans laquelle il mentore des entrepreneurs culturels, tout en réalisant des transactions d’achat-vente d’entreprises et s’investit à titre de bénévole dans des organismes sans but lucratif pour aider et transmettre sa façon particulière de percevoir la vie et les transactions. 

Il s’investit auprès d’innombrables entreprises, telles que:

• De Marque, coaching de Marc Boutet, durant plusieurs années, et réalisation de plusieurs transactions;

• Absolunet, coaching de Charles Desjardins et de l’équipe de direction;

• Pimiento, coaching d’Orlando Arriegagda et transactions;

• Présidence du conseil de Multicolore (promoteur du Igloofest) et de son fondateur);

• Présidence du conseil des Ateliers créatifs de Montréal (rôle bénévole);

• Et j’en passe. Plusieurs transactions ont été réalisées dans l’ombre par Marcel, mais sans doute que plusieurs acteurs du milieu pourraient en témoigner.

 

Il fut au cœur de nombreux projets et transactions culturels majeurs de Montréal et du Québec tout entier. 

 

Qualités 

Plusieurs qualités communes viennent à ceux qui l’ont connu: un homme éminemment intelligent, touchant, tendre, vibrant, créatif, franc, authentique, gentil, et de très bon conseil. Sans compter qu’il était également épicurien, curieux et artistique.

 

Son décès 

Marcel est décédé le 13 décembre. Au cours des dernières années, il s’était mis à l’étude du violoncelle, qui le passionnait. 

 

 

Lettre à mon ami 

Mon grand ami Marcel Choquette nous a quittés, trop tôt.

Marcel était aussi «le petit oiseau sur mon épaule en affaires», comme il se plaisait lui-même à le dire. 

Je vais souvent encore te poser des questions, en secret, lorsque je serai bloqué. Et, à mon tour, j’essaierai de «penser hors de la boîte» et «créer des communautés d’intérêts» comme tu savais si bien le faire, pour moi, d’abord, mais pour d’autres aussi, ce qui était devenu ta mission. Redonner au suivant. Si on veut la faire la transaction, on va la faire. Penser que tout est toujours possible. Mon esprit transactionnel (s’il en est un), je lui dois en grande partie. 

«Marc, il faut faire plus d’argent.» 

Je me souviendrai de ces innombrables voyages et ce moment où, en 1999, on est en pleine récession au Québec, on est à Paris, devant une bouteille de Rosé (ou deux?) et un plateau de fruits de mer au Pied de Cochon près de l’église Saint-Eustache, et tu me regardes avec le plus grand sérieux du monde et me dis: «Tu sais qu’on est en récession?» 

Ou bien ce matin-là à New York où on s’est couchés à 4h et tu cognais des clous à cet événement ennuyant de réseautage. Ce soir-là même où tu me disais d’arrêter de «drummer» de la patte parce que je te tombais sur les nerfs. 

Je me souviendrai de ce voyage improbable où, en tant que ti-culs, on essayait de faire de l’export en amateurs auprès de grands importateurs de la famille libanaise Chedraui au Mexique. On s’était retrouvés dans une chambre rose avec deux petits lits simples, et tu me regardes avec le plus grand sérieux du monde et me dis: «Tu sais que t’es mignon?» 

Tu auras investi avec le FICC dans De Marque en 2000 lorsqu’on n’avait que Tap’Touche, tu m’auras ensuite dit que ma compagnie n’allait nulle part, ce qui était resté un «running gag» entre nous. 

T’auras levé une couple de millions de dollars avec moi en 2010, tu auras pondu ce que tu appelais «un petit bijou de convention», on aura ensuite racheté mes actionnaires ensemble (dont toi), on aura fait Feedbooks ensemble, on aura fait Cyberlibris, on aura fait GeoComix tout récemment. Et c’est sans compter toutes celles qu’on n’a pas faites parce que, comme disais-tu, «la meilleure transaction qu’on peut faire, c’est celle qu’on fait pas». 

On aura fumé des cigares, t’auras bu dans mes Martinis et mangé toutes mes olives parce que tu ne voulais pas boire la semaine. On aura fait du Jun i à Montréal notre tradition de Sushi après que notre place sur Atataken eût fermée. 

Tu m’auras vu rire, tu m’auras vu saoul, tu m’auras vu pleurer, tu m’auras vu l’être le plus heureux. Tu auras été très critique à mon égard, non complaisant, autant qu’admiratif. 

On aura bu quelques bouteilles de Chassagne Montrachet. On aura skié ensemble au Mont-Blanc et tu avais la capacité de faire de grandes bulles dans le jacuzzi.

Ce ne sont que quelques souvenirs parmi des milliers. 

On se sera parlé souvent tous les jours, au moins toutes les semaines. J’étais ton VIP disais-tu, à toutes heures du jour. Tu crées un grand vide. Tu ne devais pas partir si vite. Mais c’est ainsi. Repose-toi maintenant, tu le mérites. Tu as tant apporté à tant de gens. Je suis apaisé de t’avoir vu et d’avoir pu passer du temps avec tes proches. 

Repose en paix, mon ami. 

Sympathies chaleureuses à sa famille, en particulier à ses filles, Amélie Badier et Stéphanie Badier, son fils, Etienne Choquette, ses frères et sœurs. Puis évidemment à ma Lili. Je suis là en pensées avec vous.