L'organisateur de l'événement Paddy Cosgrave a depuis présenté des excuses, mais elles ne semblent pas avoir apaisé ses relations avec de nombreux partenaires. (Photo: 123RF)
San Francisco — Meta (META, 299,53$US) a dégagé un bénéfice net de 11,58 milliards de dollars américains (G$US) au troisième trimestre, soit plus du double de celui de l’année dernière (4,4G$US), porté par l’appétit des annonceurs pour ses plateformes et services et une réduction des dépenses.
D’après un communiqué de résultats publié mercredi, le chiffre d’affaires estival du géant des réseaux sociaux a bondi de 23% sur un an, à 34G$US, un chiffre aussi supérieur aux attentes des analystes.
Son titre prenait près de 3% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse.
Ses dépenses sont ressorties à 20G$US, au lieu de 22G$US pour la même période l’an passé.
La société a en effet mené d’importants plans sociaux: elle compte désormais un peu plus de 66 000 employés dans le monde, soit 24% de moins qu’il y a un an.
«Nous avons eu un bon trimestre pour notre communauté et nos affaires», a déclaré le patron Mark Zuckerberg, cité dans le communiqué. «Je suis fier du travail accompli par nos équipes dans l’intelligence artificielle (IA) et la réalité mixte avec le lancement de Quest 3, les lunettes connectées Ray-Ban et notre studio d’IA».
Fin septembre, Meta a dévoilé de nouveaux produits d’IA générative, notamment des chatbots dotés de personnalités et de nouvelles fonctions pour ses appareils de réalité augmentée (AR) et virtuelle (VR), les lunettes Ray-Ban et les casques Quest.
Le groupe californien espère ainsi rattraper son retard dans cette technologie qui suscite de l’engouement dans le monde entier, et relancer le «métavers», c’est-à-dire son ambition de mélanger des univers numériques parallèles à la réalité physique.
«Inlassable»
Reality Labs, la branche chargée de développer le métavers, a de nouveau perdu 3,7G$US au troisième trimestre.
Elle avait déjà subi des pertes nettes de 13,7G$US en 2022 et Meta prévoit une addition encore plus salée en 2024.
Après une année 2022 très difficile, Meta a rebondi au premier semestre 2023, malgré l’inflation et les taux d’intérêt élevés dont pâtissent certains de ses concurrents.
Pour l’année 2023, Insider Intelligence prévoit que Facebook et Instagram verront leurs recettes publicitaires grimper de 6%, à plus de 120G$US, ce qui donne à Meta 20% du marché de la publicité numérique mondiale, derrière Google (28%).
«Meta est engagé dans une poursuite inlassable de la croissance», a commenté Jeremy Goldman, analyste de ce cabinet d’études.
«On le voit avec sa focalisation sur les Reels (format vidéo copié à TikTok, NDLR) et l’introduction de nouvelles façons de tirer des revenus des entreprises sur Instagram, Messenger et WhatsApp, sans parler de l’intégration profonde de l’IA dans l’ensemble de ses services», a-t-il détaillé.
Meta a aussi lancé un nouveau réseau social début juillet, baptisé Threads, sur le modèle de X, anciennement Twitter, qui a perdu beaucoup de terrain depuis son acquisition par Elon Musk il y a un an.
«Écueils»
Mais «des écueils se profilent à l’horizon» selon l’expert, comme celui de la concurrence: «TikTok et Snapchat se disputent une plus grande part du gâteau de l’engagement des utilisateurs. Meta doit donc constamment innover pour garder son public captivé».
Les «Reels», ces clips dynamiques qui accrochent l’attention et que les utilisateurs font facilement défiler, font partie des fonctionnalités considérées comme nocives pour les adolescents par des dizaines d’États américains.
Mardi, quelques 42 procureurs généraux ont lancé des poursuites contre Meta, qu’ils accusent de nuire à la «santé mentale et physique de la jeunesse» avec ses outils «addictifs», conçus pour «manipuler les jeunes utilisateurs».
Déjà dans le collimateur de la justice américaine pour des questions de monopole, Meta est aussi en plein recalibrage dans l’Union européenne (UE), où les plateformes numériques concernées ont jusqu’au 6 mars 2024 pour se conformer à de nouvelles obligations légales sur la récolte de données personnelles à des fins publicitaires, le coeur du modèle économique de Meta.
Le groupe américain envisage même de proposer des abonnements payants aux Européens pour utiliser Instagram et Facebook sans publicité.
«Les vents contraires juridiques et réglementaires se renforcent dans l’UE et aux États-Unis, et pourraient avoir un impact significatif sur nos activités et nos résultats financiers», a souligné fin juillet Susan Li, la directrice financière de Meta.