Microsoft a investi environ 13 G$US dans OpenAI depuis le début de leur partenariat, soulevant des questions des deux côtés de l’Atlantique sur l’ampleur de son influence sur la start-up. (Photo:123RF)
Bruxelles — Microsoft a abandonné son siège d’observateur au conseil d’administration (CA) d’OpenAI, le développeur de ChatGPT, au moment où les régulateurs européen et américain accentuent leur surveillance du marché de l’intelligence artificielle (IA) générative.
«Ces huit derniers mois, nous avons assisté aux progrès importants du nouveau CA et nous avons confiance en la trajectoire de l’entreprise», a déclaré Microsoft dans une lettre envoyée à OpenAI mardi et consultée par l’AFP mercredi.
«Nous ne pensons pas que notre rôle limité d’observateur soit encore nécessaire», a ajouté la société fondée par Bill Gates, précisant que ce retrait prenait effet « immédiatement».
Microsoft a investi environ 13 milliards de dollars américains (G$US) dans OpenAI depuis le début de leur partenariat en 2019, soulevant des questions des deux côtés de l’Atlantique sur l’ampleur de son influence sur la start-up californienne créée en 2015.
Le géant des logiciels avait obtenu un siège d’observateur, sans droit de vote, au CA en novembre 2023, après une passe d’armes sur le maintien ou non de Sam Altman à la tête de l’entreprise. Ce dernier est finalement revenu, soutenu par Microsoft.
«Nous sommes reconnaissants à Microsoft d’avoir exprimé sa confiance dans le CA et dans la direction de l’entreprise, et nous nous réjouissons de poursuivre notre partenariat fructueux», a réagi un porte-parole d’OpenAI, sollicité par l’AFP.
«Sûreté et sécurité»
Il a précisé que la start-up travaillait sur «une nouvelle approche pour informer et impliquer les principaux partenaires stratégiques — tels que Microsoft et Apple — et les investisseurs tels que Thrive Capital et Khosla Ventures».
«À l’avenir, nous organiserons régulièrement des réunions avec les parties prenantes afin de leur faire part des progrès réalisés dans le cadre de notre mission et d’assurer une collaboration plus étroite en termes de sûreté et de sécurité», a-t-il ajouté.
Microsoft et OpenAI développent et commercialisent des services d’IA générative pour les entreprises et les particuliers, et rivalisent avec Google et les autres géants de la tech dans ce domaine.
Depuis le lancement de l’interface ChatGPT, en novembre 2022, une course effrénée s’est en effet engagée pour prendre l’ascendant dans cette nouvelle technologie capable de générer des textes, des images et d’autres contenus sur simple requête en langage courant.
Son développement requiert des investissements colossaux, principalement dans des serveurs et des processeurs avec des composants de pointe pour entraîner les modèles informatiques à l’œuvre dans les services comme ChatGPT.
Seule une poignée de géants technologiques ont la capacité de consacrer les sommes nécessaires pour devenir un acteur légitime de l’IA générative, ce qui suscite une vigilance accrue de la part des régulateurs en Europe et aux États-Unis.
Surveillance accrue
Après enquête, le gendarme européen de la concurrence a conclu en juin que, «en l’état», Microsoft n’avait pas acquis un «contrôle durable» sur OpenAI.
Mais la Commission européenne a réclamé de nouvelles informations au groupe américain sur l’accord entre les deux entreprises «pour comprendre si certaines clauses d’exclusivité pourraient avoir un effet négatif sur la concurrence».
L’autorité britannique de la concurrence, la CMA, évalue de son côté depuis décembre si le partenariat entre le fabricant de Windows et OpenAI s’apparente à une fusion.
L’autorité américaine de la concurrence (FTC) a elle aussi lancé une enquête sur les investissements massifs réalisés par Microsoft, Google et Amazon dans les principales start-up d’IA générative, OpenAI et Anthropic.
«Il paraît évident que la décision de Microsoft a été fortement influencée par l’examen en cours, en matière de concurrence, de son impact (et celui d’autres figures majeures de la tech) sur des acteurs émergents de l’IA comme OpenAI», a commenté Alex Haffner, avocat spécialiste des questions de concurrence et partenaire du cabinet Fladgate.
«Il est clair que les régulateurs sont particulièrement intéressés par la toile complexe de relations que les géants de la tech ont tissées avec les fournisseurs d’intelligence artificielle, d’où le besoin pour Microsoft et les autres d’envisager avec précaution la manière dont ils structurent désormais ces partenariats», a-t-il poursuivi.
Apple, qui devait à son tour obtenir un siège d’observateur au conseil d’administration d’OpenAI, a renoncé à celui-ci dans la foulée du retrait de Microsoft, ont rapporté plusieurs médias.
Contacté par l’AFP, le fabricant de l’iPhone n’a pas souhaité réagir.