Le lancement de ChatGPT, puis la publication d'autres modèles outre-Atlantique avaient déclenché une course contre la montre côté européen. (Photo: 123RF)
Le français Mistral AI, l’un des deux champions de l’IA en Europe, a frappé un grand coup en dévoilant lundi, moins d’un an après sa création, un partenariat avec Microsoft et son IA conversationnelle.
En même temps que son nouveau modèle de langage Mistral Large, le troisième dévoilé par l’entreprise, Mistral a annoncé l’existence du «Chat», clin d’œil au précurseur ChatGPT de l’américain Open AI.
Le groupe français valorisé à quelque 2 milliards de dollars américains, selon des sources financières, vante des performances comparables à celle de GPT-4. A la différence près qu’il propose pour l’instant une IA conversationnelle dédiée aux entreprises, et non au grand public.
Le modèle Mistral Large est quant à lui disponible dès lundi pour les clients d’Azure AI, la plateforme de Microsoft, avec qui Mistral annonce un partenariat, sans en dévoiler les modalités.
«Il s’agit d’une étape importante pour nous, les performances inégalées de ce modèle multilingue continuant à repousser les limites de ce qui est possible avec l’intelligence artificielle de pointe», a déclaré le cofondateur de Mistral AI, Arthur Mensch, dans un communiqué.
Microsoft s’est de son côté félicité de ce partenariat avec la start-up qualifiée de «pionnière et novatrice». Celui-ci «repose sur un engagement commun de proposer des systèmes et des produits issus de l’IA sûrs et fiables», a indiqué le géant américain.
Selon le Financial Times, Microsoft a réalisé un investissement à petite échelle dans Mistral.
Vocation mondiale
Créée en avril 2023, Mistral AI, dont les trois fondateurs français sont issus des rangs de Meta (maison mère de Facebook) et de Google, a toujours assumé sa volonté de proposer une alternative aux modèles des grandes entreprises américaines de la tech.
«Nous suivons une ambition claire: créer un champion européen à vocation mondiale dans l’intelligence artificielle», avait déclaré en décembre l’un de ses co-fondateurs, Arthur Mensch, dans un communiqué.
Le lancement de ChatGPT, puis la publication d’autres modèles outre-Atlantique avaient déclenché une course contre la montre côté européen.
«Il y a un sujet de dépendance culturelle assez forte» vis-à-vis des États-Unis en matière d’IA, soulignait Arthur Mensch en octobre. Contrairement à ses homologues américains, Mistral AI mise par exemple sur le développement de modèles en open source (en sources ouvertes), utilisables par tous.
Le nouveau modèle dévoilé lundi est également paramétré en cinq langues (français, anglais, allemand, espagnol et italien).
Une France «championne»
Une volonté d’indépendance encouragée par la sphère politique: alors que Mistral AI réussissait une première levée de fonds à hauteur de 105 millions d’euros en juin 2023, Emmanuel Macron avait clamé son souhait de voir la France devenir «championne »dans le domaine.
Mi-janvier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait quant à elle incité l’UE à «redoubler d’efforts» pour ne pas se laisser distancer.
La France s’est particulièrement positionnée dans la course à l’IA en Europe: outre les encouragements adressés au lancement de Mistral AI par le président de la République, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a récemment insisté sur sa volonté de voir émerger «un modèle sur l’IA qui soit propre à la France» et créateur d’emplois.
Mi-février, un hub de recherche dédié à l’IA a été inauguré par Google à Paris, et le pays accueillera la prochaine édition en présentiel d’un sommet sur la sécurité de l’IA.
Mais peu d’entreprises européennes peuvent prétendre au titre de concurrents sérieux à ChatGPT et autres Gemini (Google) et Copilot (Microsoft): outre Mistral AI, seul l’allemand Aleph Alpha fait valoir de telles ambitions.
Et la volonté de souveraineté européenne est menacée par les sommes très importantes investies aux États-Unis. En novembre, et malgré une levée de fonds de 500 millions d’euros, le PDG d’Aleph Alpha s’inquiétait de voir son entreprise «en danger existentiel» après avoir appris que 13 milliards de dollars américains supplémentaires avaient été injectés dans OpenAI.