(Photo: Courtoisie)
LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.
La référence locale du minage de cryptomonnaies, Bitfarms, entame un vaste chantier d’expansion technologique. L’entreprise dont le siège opérationnel est à Brossard a conclu un accord avec son principal fournisseur chinois pour élargir son parc de 48 000 nouveaux appareils.
À l’heure où le bitcoin est négocié à près de 65 000 dollars canadiens, l’annonce apparaît aussi logique que stratégique. Bitfarms, qui exploite de Magog à Saint-Hyacinthe les plus importantes mines de cryptomonnaies, entreprend un large plan de croissance.
Cette expansion passe naturellement par l’outillage informatique. L’entreprise vient de conclure un accord commercial, dont le montant n’a pas été dévoilé, avec le fabricant chinois MicroBT pour la fourniture de 48 000 nouveaux mineurs.
«Il est devenu notre équipementier de choix. Au cours des huit derniers mois, nous avons acquis auprès de lui plus de 12 000 appareils de minage. Ils sont les plus fiables, efficaces et cohérents», précise la direction de Bitfarms.
Les mineurs, ces machines qui résolvent les équations de mathématiques utiles aux chaînes de blocs, devraient arriver par lots chaque mois, dès le mois de janvier 2022. Les appareils seront installés au fur et à mesure dans les installations existantes et à venir, puisque Bitfarms prévoit d’agrandir ses sites de minage, principalement à Sherbrooke.
Puissance de calcul démultipliée
La capacité de production du mineur québécois va ainsi graduellement monter en force. La puissance totale de calcul tourne actuellement autour de 1 EH/s (cette unité représente la résolution de 1 milliard de milliards de conversions numériques — ou hachages — par seconde). D’ici la fin de l’année, Bitfarms prévoit ainsi d’atteindre 3 EH/s et, au terme de l’agrandissement fin 2022, elle vise même les 8 EH/s.
L’augmentation de son taux de hachage par un facteur huit augmentera les parts de marché de Bitfarms et gonflera normalement le nombre de bitcoins perçus chaque jour. Ce qu’appelle de ses vœux le PDG, Emiliano Grodzki. «Avec cet accord d’achat d’équipement, Bitfarms est positionné pour rester parmi les chefs de file mondiaux du minage de cryptomonnaies.»
Tout n’est pas pour autant rose bonbon dans l’agenda prévisionnel de Bitfarms. Même si l’entreprise, acteur historique depuis 2017, a pris soin de faire reposer ses opérations sur une structure intégrée verticalement (avec ses propres réparateurs techniques, ses propres ingénieurs) et exploite au Québec cinq installations d’échelle industrielle, la conjoncture ne l’aidera pas forcément. Ne serait-ce qu’au niveau des composants de fabrication des appareils de minage ou des pénuries frappant le marché des semi-conducteurs.
Cela étant dit, les affaires ont rarement été si fructueuses pour cette niche sectorielle. Selon les données produites par CoinMetrics, l’industrie mondiale du minage de bitcoins a généré plus de 1,36 milliard $US en février dernier. Ce qui efface le précédent record de décembre 2017 lorsque, au plus fort du marché haussier, les mineurs avaient accumulé 1,25 milliard de revenus. Rien que les frais de réseau, sorte de redevance perçue par les mineurs pour maintenir la sécurité de Bitcoin, se sont élevés à 186 millions $US, soit plus de 13% des revenus totaux.