Négociations à TVA: un lock-out n’est pas à exclure, dit PKP
Dominique Talbot|Publié le 22 février 2024Le président et chef de la direction de Groupe TVA, Pierre Karl Péladeau (Photo: La Presse Canadienne)
Le président et chef de la direction de Groupe TVA, Pierre Karl Péladeau, a affirmé en entrevue avec Les Affaires qu’un lock-out était une «alternative» possible. Il a toutefois précisé qu’il souhaitait en arriver à une entente avec le Syndicat des employés de TVA.
«[Les négociations], ça avance. Parfois on souhaiterait que ça avance plus rapidement. Pour l’instant, nous sommes assis à la table.»
Questionné à savoir si l’imposition d’un lock-out était une possibilité, Pierre Karl Péladeau a répondu que l’entreprise «devait se préparer». «Je suis certain également que le syndicat l’est. On verra comment ça va se dérouler», a-t-il ajouté.
Invité à préciser sa pensée, le président et chef de la direction de Groupe TVA a ajouté qu’«on ne peut pas retirer quelque alternative que ce soit. C’est notre responsabilité de s’organiser pour que TVA puisse continuer à travailler et continuer d’assurer une présence auprès des citoyens québécois.»
«C’est notre responsabilité de mettre en place ce qui est nécessaire pour éviter un conflit. Mais s’il devait y en avoir un, on va être prêt pour y faire face», a-t-il poursuivi.
Le syndicat «concentré sur les négociations»
Les pourparlers se déroulent actuellement en présence d’un médiateur. À la fin du mois de janvier, le Syndicat avait quitté la table des négociations, mais y est retourné une semaine plus tard. Des rumeurs circulaient aussi à ce moment par rapport à la possibilité qu’un lock-out soit déclenché le 4 mars.
Joint par Les Affaires, un représentant du Syndicat a dit ne pas souhaiter faire de commentaires, préférant «rester concentré sur les négociations».
Ces négociations, qui ont pour objectif le renouvellement de la convention collective, se déroulent dans un contexte difficile. Mercredi, le Groupe TVA a présenté des résultats affichant une perte de 48 millions de dollars pour son exercice 2023, soit 1,11 dollar par action.
Rappelons qu’au cours de cette année, l’entreprise a supprimé des centaines d’emplois en réponse au contexte défavorable de la télévision traditionnelle. En février, Québecor supprimait 240 emplois, dont 140 au Groupe TVA. Puis le 2 novembre, le Groupe annonçait cette fois la suppression de 547 emplois.
Plateformes étrangères et TVA Sports
En novembre dernier, Pierre Karl Péladeau affirmait que «la situation déficitaire dans laquelle se trouve le Groupe TVA [n’était] plus viable», et que «le modèle d’affaires de la télévision traditionnelle [était] indéniablement bouleversé pour toujours.»
Il avait également réitéré que les grandes plateformes internationales de diffusion comme Netflix, Amazon et Apple TV grugeaient sans cesse de nouvelles parts de marché, tout en n’étant pas soumises aux mêmes règles que son entreprise.
«Encore tout récemment, la taxe de vente ne s’appliquait pas pour ces plateformes. […] Nous avons toutes les obligations de paiement à l’égard de la réglementation, alors que les plateformes de diffusion internationales n’en ont aucune et ne paient rien», disait-il, discours qu’il a répété en substance jeudi.
Mais pour le moment, pas question de mettre la clé sous la porte de TVA Sports, la chaîne sportive du groupe qui est largement déficitaire depuis ses débuts.
«Si nous faisons quoi que ce soit, nous l’annoncerons en temps et lieu. Mais il n’est pas question qu’on ferme TVA Sports», a répondu Pierre Karl Péladeau, jeudi.
Rappelons que la chaîne a payé près de 700 millions de dollars en 2014 pour la diffusion jusqu’en 2026 des droits nationaux francophones de la Ligue nationale de hockey.
Par année, pour le Canadien de Montréal seulement, cela représente un peu plus de 22 matchs, principalement ceux du samedi, ainsi que ceux des séries éliminatoires quand l’équipe y participe.