Netflix: la hausse de prix pourrait tester la limite des abonnés
La Presse Canadienne|Publié le 19 janvier 2022Netflix a précisé vendredi que le prix de son plan standard, qui comprend la vidéo haute définition et deux visionnements simultanés, augmenterait de 1,50 $, à 16,49 $ par mois, tandis que le plan premium, avec accès Ultra HD et quatre visionnements simultanés, augmenterait de 2 $, à 20,99 $. (Photo: La Presse Canadienne)
Toronto — Une autre année, une autre augmentation de prix pour Netflix.
C’est du moins ce que les Canadiens pourraient se dire depuis que la plateforme mondiale de diffusion en continu a annoncé, la semaine dernière, qu’elle augmentait encore une fois le prix de ses forfaits d’abonnement les plus populaires de 1 $ ou 2 $ par mois.
Netflix a précisé vendredi que le prix de son plan standard, qui comprend la vidéo haute définition et deux visionnements simultanés, augmenterait de 1,50 $, à 16,49 $ par mois, tandis que le plan premium, avec accès Ultra HD et quatre visionnements simultanés, augmenterait de 2 $, à 20,99 $.
Le plan de base avec vidéo en moins bonne définition reste inchangé à 9,99 $.
Bien que Netflix ne soit pas le seul géant de la vidéo sur demande à augmenter ses prix, il l’a fait plus fréquemment, ce qui amène Carmi Levy, analyste établi à London, en Ontario, à se demander si l’entreprise n’est pas en train de tenter de déterminer jusqu’où elle peut faire grimper la facture.
«L’ère du contenu en ligne à bas prix tire à sa fin», annonce-t-il.
M. Levy s’attend à ce que Netflix continue d’augmenter son prix «petit à petit» pour voir «la résistance des consommateurs aux augmentations de prix».
Netflix a augmenté ses prix canadiens pour la dernière fois en octobre 2020, faisant grimper le plan standard de 1 $ et le plan premium de 2 $. Cependant, les abonnés ont également ressenti un pincement supplémentaire l’an dernier, lorsque l’entreprise a commencé, le 1er juillet, à ajouter des frais de TPS ou de TVH à ses factures.
Les hausses de tarifs deviennent courantes chez Netflix qui continue d’investir dans la production de films et de séries, particulièrement sur le marché international où l’entreprise voit des opportunités de croissance. La compagnie investit aussi dans le développement de jeu pour les appareils mobiles dans l’espoir d’accrocher ses utilisateurs avec du divertissement interactif.
D’autres sociétés de visionnement en continu ont également augmenté leurs prix depuis le début de la pandémie.
Disney Plus a ajouté 3 $ par mois aux factures de ses abonnés, l’an dernier, lors de l’introduction d’une sélection de programmes pour adultes par l’entremise d’une section du service baptisée Star.
La plateforme Crave, de Bell Média, a redivisé ses forfaits pour offrir une option à 9,99 $ par mois pour les appareils mobiles uniquement et une option à 19,99 $ pour tous types d’écrans.
M. Levy suggère que, quelle que soit la plateforme qui augmente son prix, la décision elle-même ne manquera pas de faire réfléchir même les abonnés de longue date au sujet de leurs factures.
«Les consommateurs vont examiner leurs budgets de services de vidéo sur demande et se demander pourquoi ils se sont engagés dans plus d’un service de manière continue et ils vont commencer à se retirer», a-t-il affirmé.
«Je pense que nous commençons à en arriver là.»
Depuis des années, les analystes estiment que la majorité des foyers vont assumer les coûts d’un maximum de trois abonnements aux plateformes de contenu. Au début de la pandémie, le contenu en ligne est apparu comme un divertissement idéal en confinement, ce qui a fait bondir les inscriptions.
Toutefois, une récente étude de la Banque du Canada a révélé que les consommateurs sont plus soucieux de l’inflation, ce qui pourrait venir resserrer le budget de dépenses non essentielles.
Pour Richard Lachman, professeur associé à l’Université Ryerson spécialisé dans le contenu numérique, chaque dollar ajouté à la facture mensuelle des abonnés pousse les entreprises plus près du point où elles vont se sortir elles-mêmes des foyers.
«Ces coûts, pour ce qui est aujourd’hui considéré comme un service de base, sont plus élevés que ce que vous aviez l’habitude de payer pour le câble», compare-t-il.
«Vous payez pour une connexion internet assez rapide pour que les enfants puissent suivre l’école en ligne et pour que vous puissiez participer à vos réunions de travail. À cela vous ajoutez votre téléphone cellulaire. Alors, je pense qu’on va atteindre une certaine limite», poursuit M. Lachman.
De l’avis de l’analyste des technologies Kaan Yigit, chez Solutions Research Group, s’il y a un géant du contenu en ligne qui est peut-être à l’abri des annulations, c’est Netflix.
En juillet 2020, sa firme a sondé 900 Canadiens qui avaient utilisé Netflix pour leur demander s’ils recommanderaient la plateforme à d’autres gens. Une imposante majorité de 88% a répondu favorablement et 65% des gens ont même dit qu’il serait «très probable» qu’ils la recommandent.
«Je suis dans l’industrie de la recherche depuis 25 ans et ces chiffres sont les plus hauts que j’ai jamais vus», assure-t-il.