Netflix a été la première à offrir de la vidéo en streaming. Ce faisant, elle a bouleversé l’industrie de la télévision et du cinéma. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Vous le savez comme moi, lorsqu’on parle de la révolution numérique, Netflix fait partie des entreprises qu’on cite en exemple, aux côtés des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), d’Uber et de Airbnb.
Non seulement leurs performances et la domination qu’elles exercent sur l’économie inspirent les entrepreneurs, mais leur style de gestion et leur culture sont étudiés dans toutes les écoles de gestion. J’ai moi-même lu avec intérêt et je recommande fortement le livre No rules rule, sur l’approche de Red Hasting, le fondateur de Netflix, et les pratiques de l’organisation.
Toutefois, une brèche est apparue dans les dernières semaines. Non seulement Netflix a-t-elle perdu 200 000 abonnés au cours du dernier trimestre, mais sa capitalisation boursière a diminué de 71%.
Une diminution de 0,2% des abonnés qui entraîne une chute vertigineuse du titre en bourse. Est-ce qu’il y a quelque chose qui m’échappe? N’est-ce pas un peu sévère comme correction pour une entreprise qui a augmenté sa base de clients sans interruption pendant les 10 dernières années? Peut-être que oui, peut-être que non. Je ne suis pas un expert en bourse.
Je vous propose toutefois l’hypothèse suivante: est-il possible que la réalité du modèle d’affaires et de la proposition de valeur vienne de rattraper Netflix? Se pourrait-il que les analystes financiers aient des doutes sur le positionnement et la compétitivité de l’entreprise à court, moyen et long terme?
Commencent-ils à avoir un doute sur la capacité de cette entreprise emblématique à continuer sa domination du marché? Je ne sais pas pour eux, mais moi oui.
On accorde souvent une grande importance à être les premiers sur un marché, à l’innovation et à la capacité d’une organisation à perturber une industrie. C’est d’autant plus vrai quand on parle des géants de l’économie numérique.
Netflix a été la première à offrir de la vidéo en streaming. Ce faisant, elle a bouleversé l’industrie de la télévision et du cinéma. Nous ne consommons plus les séries télé et les films de la même manière, et nous ne reviendrons jamais en arrière.
Par contre, je me demande si Netflix n’a pas été aveuglée par sa position dominante, et ce faisant, a négligé certains éléments fondamentaux d’un bon modèle d’affaires, en l’occurrence une proposition de valeur claire et un produit de qualité adapté au besoin de son marché.
Car pendant que Netflix donnait du fil à retordre aux câblodistributeurs, les géants du divertissement ont créé des alliances et une «chaîne d’approvisionnement» qui leur permettait d’offrir un contenu exclusif et supérieur à Netflix, coupant l’entreprise de sa matière première: du contenu de qualité. Or le contenu, c’est le produit. Ça paraît idiot comme affirmation, mais la proposition de valeur de Netflix n’est pas que de rendre disponible des émissions et des films que les consommateurs peuvent consommer quand bon leur semble. C’est AUSSI et surtout de proposer un contenu de qualité. Or, il semble de plus en plus difficile pour Netflix de le faire.
Est-ce que Netflix subira le même sort que Blockbuster au tournant des années 2000? Ce serait d’une incroyable ironie. Je ne suis pas devin, mais je ne le crois pas. Par contre, nous avons là une belle leçon d’entrepreneuriat et de stratégie. L’économie numérique répond aux mêmes règles que toutes les autres industries. Si une innovation peut donner une belle longueur d’avance à une organisation, cela ne la place pas à l’abri de ses concurrents, surtout lorsqu’ils ont des moyens considérables.