Adopter des outils «no-code», c’est délaisser son indépendance au profit de la rapidité, de la productivité et d’une division du travail qui amène des bénéfices économiques importants. (Photo: Lagos Techie pour Unsplash)
LA TECHNO PORTE CONSEIL est une rubrique qui vous fait découvrir des plateformes, de nouveaux outils ou de nouvelles fonctionnalités pouvant être implantés facilement et rapidement dans votre quotidien au travail, en plus de démystifier les tendances technos du moment.
NDLR. Cet article fait suite à celui qui présentait la tendance du «no-code». Si vous ne l’avez pas lu, vous pouvez le faire ici.
LA TECHNO PORTE CONSEIL. Si les solutions «no-code» offrent des avantages à ceux qui les adoptent, elles jouissent aussi d’une image de marque très forte qui peut teinter les réels bénéfices pour votre entreprise.
«Il y a un gros « buzzword » derrière la tendance, convient Philippe Fekete, fondateur de Toumoro, une agence spécialisée en développement web pour les entreprises. Il est important de penser à sa stratégie avant de penser à un outil.»
Selon lui, le marketing de ces solutions laisse croire que c’est facile, mais il faut avant toute chose que la solution soit adaptée. «Avec les services en ligne, ma vision a toujours été de définir les besoins des clients et ensuite de trouver une solution», précise Philippe Fekete.
Des outils limités
De l’avis des intervenants interrogés pour cet article, les solutions «no-code» sont généralement des applications spécifiques et limitées qui fonctionnent bien dans leur cadre de conception.
«Il faut s’en tenir à ce que les services offrent de base», mentionne Philippe Fekete. Il ajoute qu’il est fort probable que le concepteur n’ait pas prévu tous les cas d’utilisation.
J’ai moi-même constaté certaines limites pour Zapier, lors de mes tests avec l’outil. En effet, en créant un «zap» pour récolter automatiquement des informations dont l’URL des articles publiés sur la page Facebook Les Affaires, j’ai tenté d’isoler un élément précis de l’URL: sans succès. J’ai fini par abandonner et me rabattre sur la solution proposée.
Perte d’indépendance, mais…
Adopter des outils «no-code», c’est délaisser son indépendance au profit de la rapidité, de la productivité et d’une division du travail qui amène des bénéfices économiques importants.
Toutefois, cette dépendance comporte des risques d’affaires qui doivent être pris en compte par les entreprises, selon le professeur du département Science et Technologie de la TÉLUQ, Daniel Lemire.
«Ce n’est pas nécessairement lié au « no-code », mais il y a une menace que le service ferme», explique le professeur, mentionnant au passage que les entreprises sont généralement habituées à faire face à ce risque qui n’a rien d’extraordinaire.
Il est aussi difficile de migrer son application conçue sur un outil «no-code» ailleurs, comme le souligne Chloé Freslon dans un article dans Québec Science.
Il y existe aussi des risques de sécurité et de confidentialité qui peuvent être importants lorsque vous utilisez les services d’une solution externe. L’entreprise est en quelque sorte à la merci des politiques de l’hébergeur.
Néanmoins, l’aspect capitaliste de la chose oblige les entreprises qui développent des solutions «no-code» à prendre au sérieux ces risques. «S’il y a un « bug » et que tous les clients tombent, pour les entreprises « no-code », c’est un risque existentiel, nuance Daniel Lemire. Ces entreprises ont intérêt à régler les problèmes sinon ils n’auront plus de job.»
Ce dernier ajoute qu’une entreprise qui développe ses besoins à l’interne peut aussi avoir des problèmes si la personne engagée n’est pas compétente ou qu’elle quitte..
Le professeur précise également que les univers informatiques sont aussi déjà très dépendants les uns des autres. Il donne l’exemple de la faille dans la bibliothèque JavaScript Log4j, fortement utilisée, qui a forcé la fermeture de plusieurs sites dans le monde, dont ceux du gouvernement du Québec, en décembre dernier.
À (re)lire: Bâtir son entreprise grâce au «no-code»
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