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Normex: une techno pour gérer la salubrité des aliments

Dominique Talbot|Publié le 25 octobre 2023

Normex: une techno pour gérer la salubrité des aliments

Tanguy Etoga, président et fondateur de Normex, a créé une solution informatique qui automatise les tâches et les opérations en salubrité alimentaire. (Photo: courtoisie)

Pour tout l’automne, Les Affaires vous présente SOLUTION START-UP, une rubrique dédiée aux jeunes entreprises innovantes du Québec. Vous découvrirez des entreprises qui ont franchi l’étape de l’«accélération». C’est un rendez-vous chaque semaine, tous les mercredis à 12h.

SOLUTION START-UP. On l’oublie parfois, mais la première responsabilité d’une entreprise qui produit ou transforme de la nourriture n’est pas de séduire vos papilles gustatives. C’est d’éviter de vous rendre malade. Ce qui apparaît comme une évidence est cependant plus complexe que l’on pourrait le croire, surtout avec les nombreuses normes de salubrité auxquelles il est obligatoire de se conformer.

Mais ça l’est moins pour Tanguy Etoga, président et fondateur de Normex, qui a créé une solution informatique qui automatise les tâches et les opérations en salubrité alimentaire.

«À la base, nous étions des consultants en salubrité alimentaire. Ici au Québec, au Canada et aux États-Unis. Chaque fois les clients nous disaient qu’une fois qu’ils obtenaient les certifications, il y avait encore trop de tâches, quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles, etc… Ça fait beaucoup de paperasse à gérer, ça coûte cher et il n’y a pas beaucoup de main-d’œuvre pour ça. C’est de là qu’est née l’idée de Normex. Elle est venue d’une occasion, d’un besoin du marché», explique-t-il.

Et de rappeler qu’il y a 220 rappels d’aliments par année. De l’Agence canadienne d’inspection des aliments, du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

«[Ces agences] mettent beaucoup de pression sur le marché. Elles en mettent sur les grandes chaînes de supermarchés, qui elles, en mettent aussi beaucoup sur l’industrie: les transformateurs, les producteurs, les importateurs. Et tout le monde veut vendre dans ces grandes chaînes. Alors ces dernières disent: « Si vous voulez vendre chez nous, vous devrez avoir des certifications qui prouvent que vous avez la salubrité alimentaire et toutes les procédures en place ». C’est un peu ça le déclencheur», poursuit Tanguy Etoga.

Car pour beaucoup d’entre nous, salubrité alimentaire rime souvent avec cuisines de restaurants. Mais évidemment, la réalité est bien différente. Les producteurs et les transformateurs représentent 91% de toute l’industrie agroalimentaire. La demande pour trouver les meilleures pratiques pour se conformer à toutes les normes est donc en évolution constante. Et Normex le constate année après année dans son chiffre d’affaires.

Même entre 2018 et 2020, lorsqu’elle peaufinait sa technologie, elle enregistrait des revenus. Pourquoi? «Parce que les entreprises nous attendaient. Elles étaient prêtes à mettre de l’argent pour nous aider», affirme Tanguy Etoga.

En 2020, l’entreprise a donc enregistré des revenus de 21 000$. Une fois lancée, en 2021, ceux-ci ont grimpé à 78 000$. Ils ont pratiquement doublé en 2022 pour s’arrêter à environ 150 000$. Un scénario identique se dessine en 2023, alors que le chiffre d’affaires estimé est de 300 000$.

 

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Aujourd’hui bien lancée, Normex s’appuie sur un modèle d’affaires par abonnement, mensuel ou annuel, qui se décline en trois services selon les besoins, puisque ceux d’une entreprise qui transforme la viande ne sont pas les mêmes que ceux d’un restaurant de quartier. Et Tanguy Etoga voit loin.

«Les visées sont globales, sont mondiales. Il y a de la demande partout. Même si aux États-Unis il y a une offre plus importante qu’ici [pour notre service], c’est quand même relativement récent. Surtout dans notre niche: des entreprises entre 1 et 100 employés. Le besoin est là. Parce que les grosses boîtes ont souvent beaucoup de budget pour créer des solutions maison. Mais entre 1 et 100, c’est comme une sorte de no man’s land. La pénurie de main-d’œuvre les frappe plus et elles cherchent des solutions comme la nôtre», analyse celui qui est titulaire d’un baccalauréat en sciences et technologies des aliments de l’Université Laval et d’une maîtrise en gestion des opérations de l’Université McGill.

Et les avantages de la plateforme Normex sont nombreux dit Tanguy Etoga.

«Habituellement, pour l’implantation d’un système de salubrité, ça prend 12 mois. Avec nous, ça peut se faire en quatre mois. […] Chaque opérateur de qualité qui arrive le matin voit sa liste de tâche.» Une économie de temps, et donc d’argent.

Surtout que ces «systèmes de salubrité» sont obligatoires pour obtenir une certification provinciale ou fédérale, attribuée à la suite d’un audit. Dans le cas des producteurs de viandes, les inspections sont quasi quotidiennes. Autrement dit, plus il y a de risques pour la santé des consommateurs, plus les suivis de salubrité sont fréquents.

Pour les dirigeants, Normex permet de voir en temps réel qui exécute et remplit telle ou telle information. En plus d’un outil de traçabilité des aliments, essentiel pour contenir tout risque éventuel à la santé publique, la start-up vient également d’introduire dans sa gamme de services des capteurs qui «renforcent la crédibilité des prises de température. […] On est vraiment en temps réel. C’est pour tous les secteurs. Dès que la température ou l’humidité, ce sont les deux variables que l’on regarde, sont en dehors des limites autorisées, il y a une alerte qui est envoyée au directeur qualité», explique Tanguy Etoga.

Pour l’entrepreneur, ce type d’instrument fait partie d’un éventail de nouvelles technologies vers lesquelles toute l’industrie agroalimentaire doit s’en aller.

«Beaucoup de producteurs et de transformateurs vont vers des solutions informatiques pour être beaucoup plus compétitifs, dit-il. Ceux qui prennent du temps à le faire seront moins compétitifs par rapport à leur environnement d’affaires.»

 

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