«On fait face à plein d’enjeux de santé mentale pour lesquels les entreprises ne sont pas équipées», dit le fondateur et président de Nurau, Justin Lessard-Wajcer. (Photo : courtoisie)
La startup montréalaise Nurau s’est distinguée en remportant coup sur coup le premier prix du concours TechPreneur de PME MTL la semaine dernière ainsi qu’en étant aujourd’hui désignée comme une des 20 Révélations 2022 de Startup Montréal.
L’entreprise fondée et présidée par Justin Lessard-Wajcer recevra ainsi 30 000 $ et 20 000 $ respectivement pour ces deux récompenses.
Créé en 2020, Nurau a lancé une application en février qui permet aux employés et aux gestionnaires de suivre des microformations de 15 minutes en santé mentale avec un expert en direct avec qui ils peuvent interagir.
«C’est une belle reconnaissance sur le fait que la société a besoin de nouvelles solutions pour régler les problèmes de stress, d’anxiété et d’épuisement, dit le jeune dirigeant en entrevue téléphonique au sujet des prix. On fait face à beaucoup d’enjeux de santé mentale pour lesquels les entreprises ne sont pas équipées.»
Beaucoup d’ambition
Cette jeune pousse compte déjà sur des clients comme Ardene, BAM Strategy et Axxel-Bromelin, tandis que Desjardins et la FTQ sont parmi des clients potentiels. Elle espère atteindre 250 000 personnes d’ici 2024.
«On veut que ce soit mondial, dit le chercheur en neuroscience qui fait un doctorat à McGill. On souhaite être la prochaine licorne montréalaise avec une capitalisation d’un milliard de dollars. On a des pourparlers avec des assureurs aux États-Unis pour s’établir dans ce pays en 2024.»
En attendant, celui qui désire changer la perception de la santé mentale dans le monde tente de récolter 1 million $ d’ici la fin juillet pour financer son expansion. La PME trime pour offrir ses services en Ontario et en Colombie-Britannique.
Aider les entreprises
Le cœur de l’offre de Nurau consiste à permettre aux employés de choisir les microformations données sur internet par un expert qui les intéresse. Elles sont généralement incluses dans une série de six formations sur le même thème.
«L’employé peut les choisir selon l’heure qui lui convient et ses intérêts, note Justin Lessard-Wajcer. Par exemple, un parent pourrait sélectionner celles sur la conciliation travail-famille tandis qu’un gestionnaire pourrait suivre celles qui abordent les façons de réagir face à un employé épuisé ou dépressif.»
Ses algorithmes en intelligence artificielle peuvent suggérer des apprentissages selon les émotions, les horaires et les intérêts de participants. Les données agrégées récoltées lors de questionnaires servent aussi aux entreprises à mieux cerner l’état général de leur personnel.
Le patron fait valoir que sa startup est un peu comme Uber: elle met en relation des experts en santé mentale qui offrent des formations avec des salariés et des cadres qui veulent en savoir davantage. Son approche se base avant tout dans une logique de prévention.
«On veut combiner la formation des employés en santé mentale, avec une interaction sociale et le bien-être, dit-il. En 15 minutes, on maximise l’apprentissage. C’est très accessible, c’est comme prendre un café. Notre taux d’utilisation est de 30-35%, tandis que celui des services de soutien des employés n’est que de 1-3%. Le retour sur investissement est immense avec notre application.»
Justin Lessard-Wajcer estime que l’offre de sa PME contribue à démystifier les problèmes de santé mentale, à mieux les gérer et à ouvrir des portes vers d’autres services spécialisés, comme en psychologie, avant qu’il ne soit trop tard.
«Environ 80% des réclamations de santé sont en lien avec la santé mentale, mentionne-t-il. On veut travailler en amont pour réduire ça. On espère éviter d’être en réaction à un problème, afin de l’aborder avant que l’épuisement professionnel ne se manifeste.»
Il fait valoir que son approche permet aux entreprises d’épargner énormément en frais médicaux tout en gagnant en productivité. En l’adoptant, elles démontrent aussi à leurs employés qu’elles se soucient de leur bien-être, un aspect non négligeable pour la satisfaction du personnel. Selon le chef de Nurau, cela contribue aussi à implanter une sensibilité à ces problématiques dans les organisations.
Mais au-delà du milieu du travail, il souhaite outiller les participants face à ces enjeux, afin qu’ils puissent non seulement mieux prendre soin d’eux-mêmes, mais aussi de leur entourage.