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On niaise pas avec la puck chez les mineurs de Bitcoin

François Remy|08 juillet 2024

On niaise pas avec la puck chez les mineurs de Bitcoin

(Photo: 123RF)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.

LES CLÉS DE LA CRYPTO. Si vous aviez raté la saga, la lutte pour la prise de contrôle du fleuron québécois du minage, Bitfarms, par le chef de file du secteur aux États-Unis, Riot Platforms, se poursuit. Avec remaniements de management et coups (bas ?) de com. 

« Il est temps de réparer la gouvernance défaillante de Bitfarms ». On n’y va pas par quatre chemins chez Riot. La plus grande entreprise de minage vient de lancer un site au nom évocateur, pour ne pas dire revendicateur : abetterbitfarms.com. La vitrine web déploie un plaidoyer cinglant avec la direction pour cible. « Le conseil d’administration en place est dirigé par les fondateurs et a perdu sa crédibilité auprès des actionnaires. On ne devrait pas lui faire confiance pour définir et guider les priorités de l’entreprise pour l’avenir », peut-on y lire en préambule. 

Cette campagne de (dénigrement) en ligne n’a rien d’anodin, mais s’articule autour de la demande d’assemblée extraordinaire des actionnaires de Bitfarms, avec l’ambition d’y reconstituer la CA. « De nouvelles perspectives indépendantes sont nécessaires au sein du conseil d’administration pour évaluer la meilleure voie à suivre pour les actionnaires », fait valoir le site de Riot. Le mineur américain veut faire élire trois candidats administrateurs «hautement qualifiés» afin de pallier la situation dénoncée et tendre en priorité à la « maximisation de la valeur pour tous les actionnaires de Bitfarms ». 

Tout cela n’est qu’un nouvel épisode de la saga crypto de l’été pour ces deux sociétés cotées au Nasdaq (BITF 2,66 $US ; RIOT 9,35 $US). Pour mémoire, Riot avait lancé une OPA sur le fleuron québécois du minage fin mai à un prix nettement supérieur à son cours actuel. Mais l’offre avait été rejetée par les dirigeants de Bitfarms.  

L’Américain avait alors augmenté sa participation au capital, ses achats d’actions le portant à 14,9%. Ce à quoi Bitfarms avait répliqué au travers de la stratégie dite de « pilule empoisonnée ». Une formule qui donne à tous les actionnaires de la société cible, à l’exception évidente du soumissionnaire hostile, le droit d’acheter des titres supplémentaires à prix réduit lorsque l’acquéreur potentiel atteint un certain niveau de participation. 

Derrière cette lutte pour le contrôle de l’entreprise se cache le départ de l’ancien PDG de Bitfarms, Geoffrey Morphy, qui avait intenté une action en justice contre l’entreprise pour rupture de contrat, licenciement abusif et dommages et intérêts, réclamant au passage une indemnisation de 27 millions de dollars. 

Chez Bitfarms, le conseil d’administration a nommé ce lundi au poste de PDG avec effet immédiat l’ancien directeur de l’exploitation du minage, Ben Gagnon, a communiqué l’entreprise de Brossard. «Ben est un dirigeant chevronné avec une expérience significative dans le minage de Bitcoin, et nous sommes ravis de nommer quelqu’un de son calibre comme PDG. Au cours des cinq dernières années, Ben a été un membre essentiel de l’équipe de direction de Bitfarms et a joué un rôle déterminant dans le positionnement de la société pour stimuler la croissance organique et capturer une plus grande part de la demande mondiale de Bitcoin», a déclaré le président du conseil d’administration, Nicolas Bonta (que Riot Platforms souhaiterait limoger).  

Quelle influence aura ce remaniement de la capitainerie de Bitfarms sur l’interaction avec Riot Platforms ? Seul l’avenir le dira. Car le PDG ne manque pas de défis, à commencer par étendre et diversifier les activités dans de nouveaux domaines tels que la production d’énergie, le recyclage de la chaleur, le commerce de l’énergie et le calcul haute performance pour l’intelligence artificielle. Tout ceci au profit, bien sûr, de la valeur actionnariale.