Selon cette société basée en Suisse, l’observatoire va documenter les pics d’inscription à ses VPN (réseau privé virtuel), illustrant les tentatives de contournement des hausses soudaines de censure en ligne. (Photo: 123RF)
Genève — L’entreprise Proton, active dans la protection des données personnelles sur internet, a annoncé mercredi le lancement d’un observatoire des souscriptions VPN pour détecter les attaques contre la liberté d’expression dans le monde avant même qu’elles ne fassent la une des journaux.
Selon cette société basée en Suisse, l’observatoire va documenter les pics d’inscription à ses VPN (réseau privé virtuel), illustrant les tentatives de contournement des hausses soudaines de censure en ligne.
Proton affirme par exemple avoir constaté une augmentation massive — +9 000% — des souscriptions à ses VPN dans les jours ayant suivi le blocage par la Russie de sites d’information indépendants après son invasion de l’Ukraine en 2022.
La société a également enregistré une hausse spectaculaire — +6 000% — en Iran en octobre dernier, lorsque les autorités ont réduit davantage l’accès à internet après les manifestations provoquées par la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour n’avoir pas respecté les interdits vestimentaires.
Dans un autre contexte, le nombre de souscriptions a augmenté de 15 000% en Turquie lorsque l’accès à Twitter avait été temporairement restreint à la suite du séisme dévastateur ayant ravagé le sud du pays en février.
Dans un communiqué, Proton, connu pour son service de courrier électronique crypté, explique avoir «remarqué ces événements avant qu’ils ne fassent la une des journaux».
Selon le directeur de Proton, Andy Yen, «la censure sur internet augmente à un rythme alarmant» dans le monde entier.
Dans un courriel envoyé à l’AFP, il a expliqué que l’observatoire — un site en ligne accessible au public — visait à «mettre en lumière les tendances en matière d’utilisation des VPN dans le monde pour mieux comprendre les attaques autoritaires contre la liberté d’expression et la liberté d’information».
En 2022, les autorités de 35 pays ont coupé l’accès à internet — le nombre le plus élevé jamais enregistré en une seule année, d’après Proton.
Selon la société, cette réduction de l’accès à internet est déclenchée par des événements tels que des manifestations publiques, des conflits, des élections ou encore des situations d’instabilité politique, dans le but de «maintenir les gens dans l’ignorance» afin de les contrôler.
«La liberté en ligne est attaquée et n’a jamais semblé aussi fragile», affirme M. Yen, qui déplore que «même les démocraties enfreignent leurs propres règles».
Il souligne ainsi que les États-Unis et le Royaume-Uni figurent parmi les pays qui attaquent les libertés en ligne et pointe également du doigt le président français Emmanuel Macron qu’il accuse d’avoir «suggéré que la censure en ligne pourrait être utilisée comme un outil légitime de maintien de l’ordre.»
«C’est une voie très dangereuse», met en garde M. Yen.