Puzzle Medical veut révolutionner le secteur des pompes cardiaque
Denis Lalonde|Publié le 02 août 2019Quelques membres du personnel de Puzzle Medical. (De gauche à droite) Première rangée: Amy McKean, Maxime Rochon, Jade Doucet-Martineau (Co-fondatrice). Deuxième rangée: Saman Namvarrechi, François Trudeau (Co-fondateur), Gabriel Georges (Co-fondateur), Stuart Kozlick (PDG).
La start-up montréalaise Puzzle Medical souhaite commercialiser un nouveau type de pompe cardiaque pour venir en aide aux gens souffrant d’insuffisance cardiaque avancée, maladie pour laquelle il n’existe en ce moment aucun traitement.
«Pour les patients en santé, le cœur fournit 5 litres de sang par minute. Pour notre clientèle cible, le coeur pompe deux litres de sang par minute ou moins. Ces patients sont constamment essoufflés et peuvent faire une crise cardiaque simplement en marchant», explique la cofondatrice, présidente et responsable du développement des affaires de Puzzle Medical, Jade Doucet-Martineau.
La dirigeante, aussi étudiante en génie mécanique à l’École de technologie supérieure (ÉTS), ajoute que les solutions actuellement disponibles sur le marché sont pour les patients ayant une meilleure santé cardiaque.
«Les solutions actuelles passent par la prise d’une médication qui donne une espérance de vie d’environ deux ans ou par l’installation d’une grosse pompe cardiaque qui nécessite une chirurgie à cœur ouvert. ‘Nos’ patients sont beaucoup trop fragiles pour pouvoir supporter une chirurgie aussi invasive que ça», dit-elle.
De plus petites pompes cardiaques, dont l’installation permet d’éviter une opération à cœur ouvert, sont aussi disponibles, mais sont destinées à un usage court terme, durant habituellement entre deux et sept jours. «Le problème avec les petites pompes, c’est qu’elles détruisent tous les éléments du sang. C’est pourquoi il s’agit d’une solution temporaire», explique la dirigeante.
Une start-up née à l’ÉTS
L’idée de fonder Puzzle Medical est survenue en avril 2018 quand Mme Doucet-Martineau a rencontré un étudiant en médecine, Gabriel George, et un étudiant en robotique, François Trudeau, dans un cours d’introduction à l’entrepreneuriat à l’École de technologie supérieure (ÉTS). «L’objectif était de créer une start-up en cohérence avec nos intérêts personnels et notre expertise, qui répondrait à un besoin criant», raconte-t-elle.
M. George avait précédemment fait un stage en chirurgie cardiaque. «Voir des patients en insuffisance cardiaque avancée mourir dû au manque d’option de traitement lui a fait réaliser que nous avions le pouvoir de changer cela. La confirmation du besoin par plusieurs cliniciens a lancé notre projet avec Puzzle Medical Devices», ajoute-t-elle.
Un an plus tard, la start-up est passée d’une idée aux tests pré-cliniques, actuellement effectués sur des cochons.
L’objectif de la jeune pousse est de concevoir une pompe qui permettra de réduire les dommages aux éléments du sang tout en offrant le même support que les grosses pompes cardiaques, mais en utilisant une méthode d’implantation qui peut être supportée par toutes les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque avancée.
«Au départ, on va viser de prolonger la vie des patients pour des périodes variant de six mois à un an, mais notre objectif ultime est d’apporter un support pour des périodes beaucoup plus longues. Nous pourrons aussi nous adapter aux besoins de chaque patient. Par exemple, ceux qui voudront la pompe pour six mois pourront demander à la faire retirer après», soutient la présidente.
La start-up tire son nom du concept d’implantation, qui consiste en une insertion de la pompe en morceaux par l’artère fémorale et à son assemblage (comme on assemble un casse-tête) directement dans l’aorte.
À quand la commercialisation?
La start-up intégrée au Centech a joint la 4e cohorte BCF Imagine, le programme d’accompagnement du cabinet d’avocats BCF, pour accélérer sa progression vers la commercialisation de sa pompe cardiaque.
«Le fait qu’on ait intégré la cohorte nous permet d’avoir une agente de brevets, Tuba Yamaç, qui est experte dans les dispositifs médicaux. Dans le secteur médical, la valeur d’une entreprise est majoritairement liée à la solidité de ses brevets, d’où l’importance du partenariat», affirme Jade Doucet-Martineau.
«Nous espérons lancer la commercialisation d’ici trois à cinq ans. Ça serait plus trois ans si on on demande à être un ‘dispositif humanitaire’, sur des patients mourants qui acceptent un traitement qui va possiblement prolonger leur vie, et plus cinq ans si on suit le chemin traditionnel pour une commercialisation à grande échelle», dit-elle.
La direction de Puzzle Medical souhaite cibler en premier le marché américain qui compte, selon la dirigeante, 250 000 nouveaux patients atteints d’insuffisance cardiaque avancée chaque année, de même que le Canada et l’Europe.
Mais avant d’atteindre cette étape, la start-up devra auparavant effectuer des tests sur des humains, ce qui devrait commencer d’ici un an et demi.