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Québec crée une instance sur l’IA dans le milieu de l’enseignement supérieur

La Presse Canadienne|Mis à jour le 13 août 2024

Québec crée une instance sur l’IA dans le milieu de l’enseignement supérieur

Selon la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, puisque les nouvelles technologies liées à l'intelligence artificielle «sont là pour rester», le gouvernement doit s'assurer de rester au fait des dernières tendances. (Photo: Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)

Le gouvernement du Québec mettra en place une «instance de concertation nationale» pour traiter des questions liées à l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans le milieu de l’enseignement supérieur, dans un contexte où de nouveaux outils suscitent des inquiétudes.

Cette nouvelle instance sera composée de représentants des établissements d’enseignement, d’associations étudiantes, de syndicats et d’experts en IA.

Trois objectifs viendront guider ses travaux, dont celui de «développer une vision commune et définir des principes directeurs de base à l’égard de l’utilisation responsable, éthique, durable et sécuritaire de l’IA en enseignement supérieur».

Selon la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, puisque les nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle et générative «sont là pour rester» et «évoluent très rapidement», le gouvernement doit s’assurer de rester au fait des dernières tendances.

«C’est pourquoi la création d’une instance de concertation nationale sur l’intelligence artificielle nous semble essentielle aujourd’hui, notamment pour mieux cerner les enjeux pédagogiques et éthiques liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle et nous guider dans le choix des orientations à prendre face à cette nouvelle réalité», a-t-elle expliqué par voie de communiqué.

Si l’IA n’est pas une nouvelle technologie, de nouveaux outils apparus relativement récemment sont venus susciter des inquiétudes dans le milieu de l’éducation.

Comme le soulevaient le Conseil supérieur de l’éducation et la Commission de l’éthique en science et en technologie dans un rapport publié ce printemps, de nouveaux outils d’IA générative, comme ChatGPT d’OpenAI ou Gemini de Google, peuvent être utilisés dans un contexte académique.

Ils peuvent, entre autres, «produire de courts essais, faire des examens, élaborer des plans de cours, corriger des copies, répondre à des questions, générer du code informatique, résumer des textes, créer de nouvelles images ou synthétiser de la musique».

Ces capacités entraînent des craintes chez les experts, qui font notamment état de dangers de mésinformation, de biais discriminatoires, d’opacité des données, de risques pour l’accessibilité aux services psychosociaux et d’inquiétudes concernant la protection de la vie privée.

La création d’une instance pouvant entre autres «formuler des balises concernant l’utilisation de l’IA générative» était d’ailleurs une recommandation contenue dans le rapport.

La nouvelle instance créée par le gouvernement du Québec devra aussi «contribuer à établir des priorités stratégiques ainsi que des orientations IA», «faciliter les échanges entre le ministère et son réseau», et «contribuer, par son expertise, au développement et à la mise en œuvre de certaines initiatives liées à l’IA et ciblées par le ministère».


La FECQ satisfaite

En réaction à l’annonce du gouvernement, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) s’est dite satisfaite de voir que la ministre Déry donne suite au rapport, qui a été le fruit de vastes consultations.
La fédération croit qu’il est temps que le réseau de l’enseignement supérieur se dote d’une vision commune concernant les enjeux liés à l’IA, puisque la perception de ces outils diffère d’un établissement à l’autre actuellement.

«C’est incohérent qu’à un cégep, on nous enseigne l’utilisation éthique de ChatGPT, tandis que dans un autre, on fait référence à cet outil comme »celui dont on ne doit pas prononcer le nom »», a soulevé le président de la FECQ, Antoine Dervieux.

La fédération a déjà présenté les revendications qu’elle compte faire valoir devant cette nouvelle instance, notamment celle que les établissements n’interdisent pas systématiquement l’utilisation de modules d’IA par les étudiants.

Elle souhaite aussi que les inégalités entre les politiques des différents établissements soient réduites, que les étudiants soient formés pour garantir une utilisation éthique et intègre de l’IA et que l’on s’assure que les outils d’IA ne deviennent pas un vecteur de désinformation.

Mathieu Paquette