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Retrait Huawei: «décision politique regrettable», selon le groupe

AFP|Publié le 20 mai 2022

Retrait Huawei: «décision politique regrettable», selon le groupe

Huawei est régulièrement accusé par Washington de représenter un danger pour la sécurité nationale en raison de liens potentiels avec les services de renseignement chinois. (Photo: 123RF)

Pékin — Une décision «sans fondement» prise sous «prétexte» de sécurité nationale: la Chine a fustigé vendredi l’exclusion du réseau 5G au Canada de ses géants des télécoms ZTE et Huawei, ce dernier groupe dénonçant une «décision politique».

Les relations Pékin-Ottawa se sont notoirement dégradées depuis 2018 avec l’arrestation au Canada, à la demande des États-Unis, de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei, depuis retournée en Chine.

Dans un contexte de rivalité sino-américaine, Washington a de son côté fortement accru ces dernières années la pression à l’encontre des joyaux chinois de la tech. 

Huawei est accusé par les États-Unis de représenter un danger pour la sécurité nationale en raison de liens potentiels et non prouvés avec les services de renseignement chinois, ce que l’entreprise dément.

Washington presse ses alliés de renoncer à ZTE et surtout Huawei pour équiper leurs réseaux 5G, arguant que Pékin pourrait utiliser ces firmes pour surveiller les communications et trafics de données d’un pays.

Après des années de tergiversation, le Canada a décidé jeudi de bannir formellement les deux groupes de son réseau 5 G.

«Nous annonçons notre intention d’interdire les produits et services Huawei et ZTE dans les systèmes de télécommunication du Canada», a déclaré le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne.

«Cela fait suite à un examen complet par nos agences de sécurité et en consultation avec nos alliés les plus proches», a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.

 

«Déçu»

Pékin a fait part vendredi de son mécontentement.

«Malgré l’absence de toute preuve concluante, le Canada a exclu ces entreprises chinoises du marché canadien en utilisant comme prétexte de prétendus risques en matière de sécurité, qui sont sans fondement», a déclaré Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise.

«La Chine s’oppose fermement» à cette décision, a-t-il ajouté devant la presse, assurant que son pays prendrait «toutes les mesures nécessaires» pour défendre les entreprises chinoises. 

Huawei Canada s’est de son côté dit «déçu» par cette «décision politique regrettable», selon un communiqué transmis à l’AFP.

En 13 années d’activité du groupe dans le pays, l’équipement de l’entreprise a été «étroitement examiné» par les services canadiens et «il n’y a eu aucun incident de sécurité», souligne l’entreprise. 

«Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les droits et intérêts légitimes de nos clients, de nos partenaires et de nous-mêmes.»

Le Canada interdisait déjà à Huawei de participer aux appels d’offres du gouvernement pour des équipements réseaux de base, comme les routeurs.

Les États-Unis sont le chef de file de la campagne contre Huawei, avec le spectaculaire bannissement du groupe chinois par le président américain Donald Trump en mai 2019.

Washington, qui n’a plus d’équipementier télécoms d’ampleur dans les réseaux mobiles, encourage depuis ouvertement ses partenaires européens à faire de même.

 

Diplomatie des otages

D’autres alliés du Canada ont emboîté le pas aux États-Unis, notamment le Royaume-Uni, le Japon, l’Australie et la Suède.

La France a pour sa part choisi de restreindre les autorisations d’exploitation des opérateurs qui utilisent des technologies Huawei.

La technologie 5G, dont le déploiement s’accélère à travers le monde, offre un accès très haut débit à internet et est amenée à jouer un rôle clé pour les objets connectés.

La 5G «représente une opportunité majeure pour la concurrence et la croissance», mais «comporte également des risques», a estimé jeudi le ministre canadien de la Sécurité publique Marco Mendicino.

«Il existe de nombreux acteurs hostiles qui sont prêts à exploiter les vulnérabilités» dans les réseaux de télécommunications, a-t-il déclaré devant la presse.

La relation diplomatique entre la Chine et le Canada s’est envenimée fin 2018 avec l’arrestation, à Vancouver, de Meng Wanzhou, cadre de Huawei et fille du fondateur du groupe télécom chinois.

Cela avait marqué le début d’une crise majeure entre les deux pays appelée «diplomatie des otages», avec la détention en parallèle en Chine de deux Canadiens, l’ancien diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor.

Après près de trois ans de procédure, Meng Wanzhou a finalement retrouvé la liberté fin septembre 2021 et regagné la Chine. Les deux Canadiens avaient été libérés dans la foulée.