Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Rogers vante les mérites de l’entente entre Vidéotron et Freedom

La Presse Canadienne|Publié le 15 novembre 2022

Rogers vante les mérites de l’entente entre Vidéotron et Freedom

La vente proposée de Freedom à Vidéotron fait partie de la stratégie de Rogers pour faire franchir la ligne d’arrivée à son accord avec Shaw. (Photo: 123RF)

Ottawa — Rogers Communications a tenté de mettre en valeur la compétitivité de Freedom Mobile lors de son contre-interrogatoire du directeur de la technologie et de l’information de BCE, alors que se poursuivait mardi l’audience sur son projet de prise de contrôle de Shaw Communications pour 26 milliards de dollars.

Rogers s’est efforcée de montrer que si Vidéotron, propriété de Québecor, achetait Freedom, propriété de Shaw, la nouvelle entité qui en résulterait deviendrait un acteur important dans l’industrie des télécommunications, ce qui exercerait une pression sur des entreprises comme Bell, d’autant plus que Bell n’offre pas d’offre groupée de services d’internet et de mobilité aux consommateurs de la Colombie-Britannique et de l’Alberta.

L’entente proposée entre Vidéotron et Freedom comprendrait des forfaits multiservices dans cette région, selon une déclaration conjointe de Rogers, Shaw et Quebecor publiée plus tôt cette année.

Rogers a fait référence à des documents de Bell comparant des fournisseurs de services, qui mettent en évidence l’importante pénétration de Vidéotron dans le marché québécois.

En outre, Rogers a évoqué un mémoire soumis par Bell au Bureau de la concurrence pour s’opposer à la fusion Rogers-Shaw en décembre 2021, dans laquelle Bell reconnaît en Freedom une menace concurrentielle croissante.

La vente proposée de Freedom à Vidéotron fait partie de la stratégie de Rogers pour faire franchir la ligne d’arrivée à son accord avec Shaw.

«Rogers et Shaw veulent tous deux convaincre le Tribunal de la concurrence que Vidéotron sera un concurrent efficace, mais en fait, il n’a pas encore fait ses preuves», a souligné Ben Klass, observateur de l’industrie des télécommunications.

«Rogers n’offrirait pas volontairement Vidéotron comme prétendant à Freedom s’il craignait une concurrence perturbatrice.»

L’apport de Shaw à la concurrence

Au premier jour des audiences, la semaine dernière, le Bureau de la concurrence a fait valoir que la vente proposée de Freedom à Vidéotron créerait une situation dans laquelle Vidéotron serait probablement plus «alignée» avec Rogers et plus vulnérable aux actions anticoncurrentielles de Rogers. Cette dernière a répondu en disant que le régulateur sous-estimait les «capacités et habiletés» de Vidéotron et minimisait son succès au Québec.

Entre-temps, le professeur Nathan Miller, qui a été appelé comme témoin par le Bureau de la concurrence mardi, a souligné que la concurrence entre Rogers et Shaw était significative parce que cette dernière avait fait des progrès significatifs sur le marché.

Il a estimé que cela était en grande partie dû à des initiatives telles que l’introduction par Freedom, en 2017, d’un forfait de données appelé «Big Gig» et le lancement de Shaw Mobile en 2020, qui ont renforcé la concurrence par les prix.

Dans son analyse, qui s’appuie sur des données sur le portage et sur les changements de prix et des documents provenant de participants de l’industrie, M. Miller a constaté que lorsque ces initiatives ont été introduites, un nombre important d’abonnés ont quitté Rogers.

Il a ajouté que la proposition de vente de Freedom à Vidéotron ne changeait rien à son point de vue selon lequel la fusion élargie réduirait la concurrence, faisant valoir que si Vidéotron réussissait à livrer une concurrence plus dynamique dans l’Ouest canadien que celle souhaitée par Rogers, Bell ou Telus, il pourrait y avoir des représailles anticoncurrentielles dans le marché d’origine de Vidéotron, le Québec, où elle a la plus forte présence et où elle détient ses actifs filaires.

Rogers a contesté le rapport de M. Miller lors du contre-interrogatoire, arguant que l’analyse avait raté la cible et n’en faisait pas assez pour quantifier avec succès le préjudice supposé de la vente de Freedom à Vidéotron.

Lors du contre-interrogatoire du chef de la technologie et de l’information de BCE mardi matin, Rogers a également évoqué les interruptions de service que Bell a connues ces dernières années. Rogers a connu une panne de réseau massive qui a touché des millions de Canadiens en juillet.

L’audience devant le Tribunal de la concurrence devrait durer quatre semaines, avec des plaidoiries prévues pour la mi-décembre, et vise à dénouer l’impasse entre le commissaire de la concurrence et Rogers et Shaw.

Le Bureau de la concurrence est l’un des trois organismes de réglementation qui doivent approuver l’entente avant qu’elle ne puisse être conclue, en plus du CRTC et d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada.

Rogers espère conclure l’accord avec Shaw d’ici la fin de l’année, avec une nouvelle prolongation possible de la validité de son offre jusqu’au 31 janvier 2023.