Même s'il condamne les propos de Joe Rogan, Daniel Ek ne croit pas «que le réduire au silence est la réponse». (Photo: 123RF)
Stockholm — Malgré une vive polémique, le PDG de Spotify a défendu le maintien sur la plateforme de la vedette américaine du podcast Joe Rogan, tout en «condamnant» certains de ses propos «nuisibles», dans un courriel à ses employés dont l’AFP a obtenu copie lundi.
Le fondateur suédois du numéro un mondial du streaming audio, Daniel Ek, y confirme également que plusieurs épisodes de Joe Rogan ont été retirés de la plateforme durant la fin de semaine, notamment pour des propos inappropriés à caractère racial.
«Si je condamne fermement ce que Joe a dit et que j’approuve sa décision de retirer des épisodes de notre plateforme, je réalise que certains veulent davantage. Et je veux dire une chose très clairement: je ne crois pas que réduire Joe au silence est la réponse», affirme le fondateur du numéro un mondial du streaming audio, Daniel Ek.
«Nous devrions avoir des lignes claires sur notre contenu et agir quand elles sont franchies, mais effacer des voix est une pente glissante», plaide le milliardaire suédois dans sa missive envoyée dimanche et transmise à l’AFP par un porte-parole du groupe.
À la suite de «discussions» avec Spotify et de «sa propre réflexion», Joe Rogan — lié à la plateforme suédoise par un contrat d’exclusivité estimé à 100 millions de dollars américains — «a choisi de retirer un certain nombre d’épisodes de Spotify», a confirmé M. Ek.
Selon plusieurs médias, il s’agit au total de 70 émissions, où Joe Rogan utilise le mot en «n».
Samedi, le créateur du podcast «The Joe Rogan experience» s’était excusé pour des propos racistes, présentant ses «excuses humbles et sincères» pour «la chose pour laquelle j’ai le plus de honte et de regrets à parler en public.»
«Je n’ai jamais employé (ce mot) pour être raciste, car je ne suis pas raciste», a-t-il affirmé.
Un épisode controversé sur la COVID-19, qui avait valu à Spotify d’être accusé par la vedette du folk-rock Neil Young de ne pas réagir à la désinformation, est lui resté en ligne.
Dans le sillage de Neil Young, plusieurs artistes célèbres se sont retirés de Spotify ou ont menacé de le faire ces derniers jours, tandis qu’un mouvement de boycottage #DeleteSpotify a émergé en ligne.
Pour tenter d’éteindre l’incendie, la plateforme suédoise avait annoncé dimanche dernier qu’elle allait prendre des mesures pour combattre la désinformation, en ajoutant notamment des liens vers des informations vérifiées aux podcasts consacrés à la COVID-19.
Joe Rogan est notamment accusé d’avoir découragé la vaccination chez les jeunes et d’avoir poussé à l’utilisation d’un traitement non autorisé, l’ivermectine, contre le coronavirus.