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Tesla, profitant d’un intérêt grandissant pour les véhicules électriques, a pour la première fois dégagé un bénéfice net sur une année entière en 2020, de 721 millions de dollars, et compte bien continuer à monter en puissance.
Fondé en 2003, le groupe dirigé par Elon Musk s’est pendant longtemps concentré sur l’essor de sa production, en investissant des milliards de dollars dans des nouveaux sites et modèles, plutôt que sur sa rentabilité.
Son usine de Fremont en Californie est désormais bien rodée, tandis que l’usine de Shanghai a commencé à livrer ses premiers véhicules fin 2019.
Cela a permis à l’entreprise de livrer 499 550 voitures en 2020 et de presque atteindre la prévision d’un demi-million qu’elle s’était fixée en début d’année, malgré la pandémie.
La propagation de la COVID-19 a conduit au printemps à la suspension temporaire de la production dans son usine californienne et les autres grands constructeurs ont, eux, vu leurs ventes baisser.
Soutien des autorités
La société a aussi profité en 2020 d’une augmentation importante des revenus tirés des crédits accordés par les autorités aux fabricants de véhicules n’émettant pas d’émissions.
Son chiffre d’affaires a progressé de 46% au quatrième trimestre, à 10,7 milliards de dollars, et de 28% sur l’ensemble de l’année, à 31,5 milliards de dollars.
Les profits au quatrième trimestre ont un peu déçu les observateurs. D’octobre à décembre, le bénéfice net s’est élevé à 270 millions de dollars. Ajusté par action et hors éléments exceptionnels, il revient à 80 cents là où les analystes anticipaient 1,01 dollar. La marge brute du groupe, à 19,2%, était aussi inférieure aux attentes.
Si les livraisons du groupe ont progressé, le prix moyen des véhicules vendus a reculé de 11% dans la mesure où les clients ont acheté plus de Model 3 et de Model Y, moins chers que la berline Model S et le SUV Model X.
Tesla a aussi dû verser 267 millions de dollars au quatrième trimestre à Elon Musk, le dirigeant ayant atteint certains objectifs financiers.
Le titre de Tesla a lâché plus de 5% dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse après avoir déjà perdu 2,1% dans la journée.
C’est toutefois un revers mineur pour le groupe: son action s’est envolée de près de 750% en 2020, et d’environ 17% depuis le début de l’année.
À 820 milliards de dollars, Tesla vaut désormais plus que Facebook sur la place new-yorkaise.
Concurrence croissante
Tesla compte bien poursuivre sur sa lancée: le groupe prévoit de faire croître ses livraisons de 50% en moyenne par an pendant plusieurs années, ce qui reviendrait à environ 750 000 véhicules pour 2021. Ce serait encore bien loin des constructeurs traditionnels, Volkswagen ayant par exemple vendu 9,3 millions d’unités en 2020.
«Il est possible que nous allions plus vite certaines années, comme cela sera probablement le cas en 2021», est-il ajouté dans un communiqué sans plus de précision.
Tesla compte sur le démarrage dans l’année des chaînes dans ses usines en cours de construction à Berlin et au Texas ainsi que sur l’accélération de la production à Shanghai.
Le groupe, qui produit aussi des panneaux solaires, espère par ailleurs commencer à livrer un semi-remorque d’ici la fin de l’année et de nouvelles versions des Model S et Model X en février.
La transition sur ces nouvelles versions va peut-être freiner un peu la production en début d’année, a prévenu le directeur financier, Zach Kirkhorn, lors d’une conférence téléphonique.
Le groupe «travaille extrêmement dur pour gérer la pénurie mondiale de semi-conducteurs», a-t-il aussi averti.
Elon Musk a également mis en avant les progrès sur le logiciel de conduite autonome développé par la société et s’est dit prêt à le proposer sous licence à d’autres constructeurs.
L’entreprise bénéficiera d’un environnement favorable aux véhicules électriques, le nouveau président américain Joe Biden ayant notamment fait de la lutte contre le changement climatique une de ses priorités. Le gouvernement chinois propose aussi des aides à l’achat de voitures non polluantes et la demande s’envole dans le pays.
Mais Tesla devra aussi faire face à une concurrence grandissante, Volkswagen ou General Motors ayant par exemple promis l’arrivée prochaine sur le marché de plusieurs modèles électriques. En Chine, les groupes Nio et Xpeng prennent aussi de l’ampleur.
«Bien qu’il n’y ait pas encore de véritable concurrent à Tesla dans l’arène des véhicules électriques, un plus grand nombre de modèles éligibles aux crédits d’impôt pourrait détourner certains acheteurs de Tesla», remarque Jessica Caldwell, spécialiste du secteur chez Edmunds.