TikTok expose les jeunes à la désinformation sur les vaccins
Nicolas St-Germain|Publié le 08 octobre 2021L’expérimentation montre que tous les participants sauf un ont été sujets à de la fausse information à l’intérieur des 35 premières minutes de navigation sur la plateforme. (Photo: 123RF)
Les jeunes utilisateurs de la plateforme TikTok sont exposés à des vidéos sur la désinformation concernant la COVID-19 rapidement après leur introduction sur le réseau social, selon une étude publiée en septembre par NewsGuard où les sessions enregistrées de neuf enfants âgés de 9 et 17 ans ont été étudiées.
L’expérimentation, faite avec l’accord des parents, montre que tous les participants sauf un ont été exposés à de la fausse information à l’intérieur des 35 premières minutes de navigation sur la plateforme. Les jeunes avaient le mandat d’y demeurer 45 minutes.
«Le contenu, la quantité et la sévérité des fausses informations sur la COVID-19 auxquelles les participants ont été confrontés sont variés, mais le danger lié à la présentation de ce type d’information à des jeunes est, lui, toujours le même», peut-on lire dans l’étude.
«Les vaccins contre la COVID-19 tuent ou sont “faux”, les “dégâts” des vaccins contre la COVID-19 sont “cachés”, l’hydroxychloroquine est un traitement efficace et la COVID-19 est “le nom d’un plan international visant au contrôle et à la réduction des populations”», font partie des nombreuses allégations répertoriées sur la plateforme par les chercheurs.
Une exposition même avec un faible engagement
Pour les besoins de l’étude, les jeunes avaient entre leur main un nouveau compte sans information personnelle, à l’exception d’une «adresse courriel générique créée spécifiquement pour l’exercice». Ce sont donc les vraies 45 premières minutes suivant l’enregistrement à la plateforme qui ont été analysées.
Les enfants étaient aussi séparés en deux groupes «fort engagement» et «faible engagement». Le premier avait le mandat d’interagir avec la plateforme, de façon normale, en écoutant les vidéos en lien avec la santé, aimant celles partageant de fausses informations et cliquant sur des mots-clics (hashtags). L’enfant pouvait aussi faire des recherches. Le second groupe ne devait pas chercher des sujets ni cliquer des mots-clics.
Les chercheurs ont constaté que le groupe «fort engagement» comportant cinq utilisateurs a été exposé à 22 vidéos contenant de la désinformation alors que l’autre groupe formé des quatre restants n’en a vu que 10. Le non-engagement ne semble pas réduire les risques d’exposition à la désinformation selon les données.
Questionné sur les découvertes des chercheurs, un porte-parole de TikTok a répondu dans un courriel que: «la sécurité et le bien-être de notre communauté est notre priorité, et nous travaillons sans relâche pour prendre les mesures nécessaires sur les contenus et les comptes qui diffusent de fausses informations, tout en faisant la promotion de contenus faisant autorité sur la COVID-19».
NewsGuard a également remarqué qu’il était facile pour quelqu’un de moins de 13 ans, l’âge minimal pour s’inscrire, de se créer un compte sur le réseau social alors qu’un enfant de 9 ans recruté dans le cadre de la recherche a réussi sans problème. Il n’a fait que mentir sur sa date de naissance.
Une popularité en hausse
TikTok est de plus en plus inscrit dans le quotidien des jeunes et moins jeunes alors que la pandémie a grossi son nombre d’utilisateurs actifs en comptant désormais un milliard selon des chiffres rendus publics à la fin septembre.
Le premier ministre est sur TikTok!
Abonne-toi! https://t.co/lFdbSbIpoP
— François Legault (@francoislegault) October 8, 2021
Plus localement, le réseau social s’invite aussi dans l’arène politique alors que le Nouveau Parti démocratique en a fait un outil de marketing lors de la campagne électorale 2021. Même le premier ministre du Québec, François Legault, s’y trouve depuis le 8 octobre.