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TikTok: les États-Unis veulent que ByteDance se sépare de Pékin

AFP|Publié le 16 mars 2023

TikTok: les États-Unis veulent que ByteDance se sépare de Pékin

TikTok a su attirer de nombreux influenceurs, grâce notamment à ses possibilités avancées d’édition de vidéos, aux filtres créatifs et à la puissance de l’algorithme. (Photo: 123RF)

Paris — Summum du divertissement sur mobile, outil d’espionnage et de propagande au service de Pékin ou les deux? Le phénomène TikTok a ringardisé en quelques années le monde des réseaux sociaux, mais l’application est aujourd’hui dans le viseur de plusieurs États qui veulent limiter son influence.

Les États-Unis tentent désormais de forcer sa maison-mère chinoise ByteDance à se séparer de son plus précieux actif.

 

Sous pression

TikTok a d’abord été interdit en Inde en 2020, après des affrontements meurtriers à la frontière du pays avec la Chine.

La même année, l’application était également menacée d’interdiction aux États-Unis par Donald Trump, qui l’accusait d’espionnage au profit de la Chine.

Le réseau social a dû admettre, après un article du site BuzzFeed, que des employés basés en Chine avaient eu accès à des données relatives à des utilisateurs américains, mais s’est toujours défendu de les avoir transmises au Parti communiste chinois.

Pour tenter de rassurer sur la sécurité des données, l’entreprise promet aux utilisateurs américains et européens de les stocker sur leur territoire, en passant par des partenaires sur place.

Mais le gouvernement fédéral des États-Unis et la Commission européenne ont interdit en 2023 le téléchargement et l’utilisation de TikTok sur les appareils professionnels de leurs employés.

Washington pousse désormais pour une interdiction plus large, faisant écho à la menace formulée par Donald Trump trois ans plus tôt.

 

Un milliard d’utilisateurs

Aucune de ces mesures n’a pour l’instant freiné l’ascension fulgurante de TikTok.

La plateforme compte plus d’un milliard d’utilisateurs actifs dans le monde, dont 125 millions dans l’Union européenne.

Elle pointe à la sixième place des plateformes sociales les plus populaires, selon le dernier rapport de We Are Social sur l’évolution du numérique, publié en janvier.

Elle affiche également la plus forte progression, notamment chez les plus jeunes.

Surtout, TikTok surpasse tous ses concurrents par sa capacité à capter l’attention. En 2023, les utilisateurs d’Android l’utilisaient en moyenne pendant 23 heures et 28 minutes chaque mois.

Youtube ou Meta (Facebook, Instagram) ont tenté d’imiter son format de vidéos ultra-courtes qui défilent en continu, sans grand succès pour le moment.

 

Un algorithme opaque

TikTok a su attirer de nombreux influenceurs, grâce notamment à ses possibilités avancées d’édition de vidéos, aux filtres créatifs et à la puissance de l’algorithme, capable de faire émerger rapidement de nouvelles stars.

Ces tiktokeurs (dont les plus connus sont Khaby Lame, Charli d’Amelio ou Bella Poarch) ont attiré dans leur sillage de nombreuses marques, incitées à proposer des «challenges» aux utilisateurs.

Mais l’algorithme de TikTok reste totalement opaque.

En janvier, le magazine Forbes révélait aussi que les employés de TikTok et Bytedance usaient régulièrement d’un bouton pour augmenter le nombre de vues sur certains contenus.

Selon TikTok, qui a récemment annoncé une fonctionnalité pour savoir pourquoi une vidéo est proposée plutôt qu’une autre, la promotion manuelle ne concerne qu’une infime partie des recommandations.

 

Désinformation

L’application, comme d’autres réseaux sociaux, fait face au défi de la modération des contenus. Elle est régulièrement accusée d’héberger de nombreuses vidéos de désinformation, des défis dangereux et des images à connotation sexuelle, alors qu’elle est censée interdire la nudité.

En octobre 2022, comme l’avait repéré Numerama, une «tendance» consistait à publier des photographies de pénis. 

Selon des médias, plusieurs enfants sont également décédés après avoir tenté de répliquer le «Blackout Challenge», énième avatar du jeu du foulard.

Enfin, d’après NewsGuard en septembre 2022, 20% des vidéos circulant via TikTok sur des sujets d’actualité (invasion russe en Ukraine, fusillades dans des écoles aux États-Unis, vaccins contre le Covid) étaient fausses ou trompeuses.

L’AFP, parmi plus d’une dizaine d’organisations de fact-checking, est rémunérée par TikTok dans plusieurs pays d’Asie et d’Océanie, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Amérique latine hispanophone pour vérifier des vidéos qui contiennent potentiellement de fausses informations. Elles sont supprimées par Tiktok si les équipes de l’AFP démontrent que l’information véhiculée est fausse.