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Un robot cuisinier chez YPC technologies

Pascal Forget|Publié le 12 juillet 2019

Un robot cuisinier chez YPC technologies

Un robot pour assister les cuisiniers (Photo: courtoisie)

Le repas est servi: crème de poireaux, risotto au champignon, crème glacée banane et chocolat. C’est délicieux, et tout a été préparé avec des aliments frais.

Pas besoin de remercier le chef: le repas a été préparé par un robot de la compagnie YPC Technologies, au centre de cotravail Fabrik8 de Montréal.

Voir le robot-chef à l’œuvre est captivant. Avec une agilité surprenante, sa pince saisit un contenant d’épices, de riz et de crème sur une étagère, l’ouvre, puis en verse une quantité précise dans des cuiseurs multifonctions (similaires à des Thermomix). Dans sa configuration actuelle, il peut préparer jusqu’à 4 portions de 7 plats différents en même temps, le tout en 20 à 40 minutes. On peut aussi faire 14 litres de sorbet en 3 minutes!

L’ajout d’une nouvelle recette ne demande pas de programmation compliquée: il suffit d’ajouter dans le système les étapes de la préparation: on indique le poids d’un ingrédient, la température et la durée de la cuisson, s’il faut brasser ou non, et à quel moment ajouter l’ingrédient suivant. Des milliers de recettes peuvent ainsi être proposées.

Verser, c’est compliqué

Pour en arriver là, plusieurs défis technologiques ont dû être relevés. Comme le souligne M. Camilo Perez, cofondateur de l’entreprise «Verser, c’est compliqué! Il faut pouvoir verser des gelées, des poudres, des solides, des liquides… et le robot doit faire ça d’une seule main.» Et il faut trouver la bonne façon de secouer légèrement chaque contenant.

La précision obtenue est un des grands avantages du système: les ingrédients étant mesurés au gramme près, les recettes seront très constantes. Et ça permet aussi une grande possibilité de personnalisation pour les utilisateurs – un peu moins de sucre pour un, plus épicé pour l’autre…

L’utilisation d’un appareil de cuisson multifonction, qui peut hacher les aliments, évite d’avoir à utiliser le robot pour les couper, ce qui est très complexe. La philosophie de M. Perez est «de ne pas réinventer la roue. La société qui fabrique nos cuiseurs a d’ailleurs investi dans notre entreprise.»

Le robot ne remplace pas un cuisinier: il ne peut que préparer les plats. Quand c’est prêt, la mise en assiette doit être faite par un humain. On peut en profiter pour ajouter une touche personnalisée – quelques asperges coupées sur le potage, par exemple.

À (très) long terme, M. Perez imagine déjà que le service et la livraison des plats pourraient aussi être automatisés. Il imagine aussi qu’«avec l’intelligence artificielle, on pourra vérifier la fraicheur des ingrédients». 

L’entreprise vise d’abord le marché des établissements où sont préparés entre 100 et 500 repas chaque jour. On pense à des résidences pour personnes âgées, des cafétérias d’entreprises et des écoles, qui pourront ainsi offrir des plats santé à base d’aliments frais.

Sur le site de la start-up, on cite diverses études: il serait possible d’automatiser 73% des tâches en restauration, et d’en diminuer les couts de 15%. La société estime qu’un cuisinier-robot augmenterait la productivité d’un cuisinier (humain) de 170%. Il pourrait être rentabilisé en 1,3 an. La durée de vie estimée d’un robot serait de 12 ans. 

Il existe déjà des «cuisiniers robots», mais qui sont spécialisés; ils n’offrent qu’une sélection très limitée d’options.

Qu’est-ce qui occupe YPC Technologies en ce moment? «On travaille sur l’optimisation du robot, pour qu’il soit en service le plus possible, et sur la satisfaction du client – que les plats soient servis dans le bon ordre et au bon moment», selon M. Perez. Un employé pourrait recevoir son plat fraichement préparé au moment exact de sa pause-repas!

La prochaine version du robot est déjà modélisée, avec deux bras-robots, 12 cuiseurs, et une section pour les aliments réfrigérés. Bientôt, un robot dans une cuisine près de chez vous?

YPC technologies a complété l’accélérateur FounderFuel l’an dernier, en plus d’obtenir du financement de préamorçage de Real Ventures.