En principe, le cours d'une cryptomonnaie dite stable est lié à celui d'une devise traditionnelle, ce qui garantit aux investisseurs une certaine pérennité dans l'univers très volatil des cryptomonnaies. (Photo: 123RF)
Paris — Le terra, une cryptomonnaie dite stable, censée être arrimée au cours du dollar américain, a perdu plus de la moitié de sa valeur en 24 heures, semant un vent de panique dans un marché des cryptoactifs déjà fébrile.
Selon le site spécialisé CoinGecko, le terra (UST), normalement proche de 1 dollar, est tombé mercredi à environ 30 cents. Il s’échangeait à 41 cents, vers 8h30, heure du Québec, en baisse de 55,3% par rapport à son cours de la veille.
En principe, le cours d’une cryptomonnaie dite stable est lié à celui d’une devise traditionnelle, ce qui garantit aux investisseurs une certaine pérennité dans l’univers très volatil des cryptomonnaies.
Mais la stabilité de certaines de ces cryptomonnaies n’est pas assurée par des réserves en devises, mais par un algorithme qui réalise des arbitrages en fonction de l’offre et de la demande d’une autre cryptomonnaie.
C’est le cas du terra, qui est adossé au cryptoactif développé par la Luna Foundation Guard, une organisation qui dit vouloir «promouvoir une économie décentralisée».
Or ce jeton numérique a lui-même dégringolé depuis le début de la semaine sous l’impact d’une vague de liquidations. Il sombrait mercredi de près de 95%, à 1,69 dollar, selon CoinGecko.
Luna Foundation Guard a annoncé lundi avoir déployé l’équivalent de 1,5 milliard de dollars américains en bitcoins et en terras pour garantir la parité du stablecoin avec le dollar sans que cela n’ait d’effet immédiat.
Le créateur du terra, Do Kwon, a assuré mardi sur Twitter être sur le point de présenter un plan de relance de la cryptomonnaie, mais le cours de la devise ne s’est pas pour autant redressé.
Pour la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, qui s’exprimait mardi devant la commission bancaire du Sénat, cet épisode «illustre simplement le fait que c’est un produit à la croissance rapide, qu’il présente des risques pour la stabilité financière et que nous avons besoin d’un cadre adéquat».
Une régulation plus stricte des «stablecoins» (cryptomonnaies stables) serait une bonne chose sur le long terme, estime Anto Paroian, directeur de l’exploitation du «hedge fund» (fonds spéculatif) ARK36, spécialisé dans les cryptomonnaies.
«Mais si les émetteurs de “stablecoins” sont régulés de manière stricte que les banques, cela pourrait asphyxier l’un des secteurs les plus innovants, les plus prospères et les plus importants du marché des cryptomonnaies», s’inquiète-t-il.
Les cryptomonnaies dans leur ensemble souffrent depuis plusieurs semaines de l’aversion des investisseurs pour les actifs à risque avec l’incertitude que créent la guerre en Ukraine et la poursuite de l’inflation.
Le bitcoin est passé brièvement mardi sous la barre des 30 000 dollars, à son plus bas depuis juillet.